"Laissez-moi passer !
Je veux retourner dans
le ventre de ma mère..."
Petit regard dans le rétroviseur pour dire que l’histoire se renouvelle. Que la petite histoire rejoint la grande. Une compulsion à grande échelle ?
Mai 1995. Le Gaulliste Jacques Chirac est élu Président de la République. Il est très imprégné, très inspiré par le Général. Aux élections législatives suivantes, l'hémicycle de la Chambre des Députés change de couleur de papier peint. Lionel Jospin, parlementaire socialiste "parachuté" à Cintegabelle, est nommé Premier Ministre. Ça crée une seconde. Une seconde cohabitation. Fidèle, moi je cohabite avec les tocs. Là, la gauche doit désormais cohabiter avec la droite. Droite-gauche. Gauche-droite. Au milieu de n’importe quoi...
J’ai expliqué où j’en suis de mes carrefours politiques, à cause de la valse des étiquettes. Oui, j’ai voté Chirac. Enfin, je crois. Dans le secret des isoloirs, une compulsion est si vite arrivée lors des "glissades" dans l’enveloppe.
Début janvier 1996, François Mitterrand s’éteint après avoir "régné" durant deux septennats ; après quelques mensonges et quelques enfants bien naturels.
Laissez-moi passer ! Je veux retourner dans le ventre de ma mère ! C’est bien simple, le soir, après avoir consacré ma journée à l’essentiel - gagner ma vie - je ne peux plus rien toucher. Tous les gestes sont trop chargés. Vous me croyez ou vous ne me croyez pas ?
Mon amie bretonne, empathique, décrit ainsi cet état : "la tête, pleine de douleurs et de chagrins, n’est plus disponible". Toujours à propos des tocs, elle m’a écrit un jour : "On m’a conseillé de "conscientiser" toutes mes actions..."
Epuisé de fatigue, après les divers cérémoniaux, je me réfugie dans les draps. Je me couche en position foetale.
La prise des médicaments "anti-toc" est elle-même devenue une compulsion. Tout comme les formules expiatoires et conjuratoires du style "ABCDE TOC... Je veux dire que..." assimilés aux "123 soleil !".
J’ai bien essayé de me dire : Bon, à partir de maintenant, j’ai plus de TOCS." Tu parles, Charles ! Un jour, j’ai fait une expérience. Arrêt brutal sur une image. La première venue. C’était un bateau. Le bateau - le thème de l’eau (noyade) - était ainsi devenu un véhicule d’angoisse et avait grossi les rangs d’oignons anxiogènes. Allez-donc chercher à comprendre. Cette idée, cette représentation que j’avais voulu chasser s’était musclée, avivée.