LES BEAUX ARES
“Le paysage était comme un archet qui jouait sur mon âme.”
Stendhal
Je tiens de mes parents une parcelle de terre située en orée de la forêt de Buzet. D’une superficie de 3 000 m² (30 ares), j’ai attaché à ce lopin une valeur affective plus que marchande.
Etant donné que j’ai plus d’imagination dans ma tête que d’argent dans ma poche, j’ai décidé de valoriser cet espace avec mon propre capital, pétri de mots et de formules...
Si je ne puis construire un château, je suis en mesure de bâtir un édifice autrement plus attractif...
J’ai baptisé ce lieu “Les beaux ares”, ou bien encore “Le champ du signe”, ou enfin “Le pré avec intérêt”. Les fondations sont ainsi posées : des mots et des mottes.
Ici sont mes racines.
La maison qu’on voit depuis “Les beaux ares” fut la maison où j’ai grandi. Plus loin, dans la forêt, se trouvent les restes dérisoires mais uniques d’un ancien zoo, où une ancienne gloire du cirque s’était retirée et avait fini ses jours dans la misère. A ses côtes, j’y ai traîné mes grolles et ma vie plate durant un quart de siècle...
Observateur privilégié de ces temps et de ces lieux, le sapin, trouvé dans Pif-Gadget en 1975 et planté avec mon père, lance sa flèche vers le ciel et semble lui dire de veiller sur ce petit monde.
Aujourd’hui, j’aime me glisser dans mes bottes de sept lieues pour mieux arpenter cette terre, où mes ancêtres ont sué, où mes parents reposent, que je rejoindrai un jour.
Vous êtes les bienvenus dans cet endroit dans l’aire du temps, fréquenté par les fées, terre d’envol de tapis volants, laboratoire de tentatives de solutions pataphysiques, Cercle des Instants et des Espaces Ludiques, en un seul mot, bienvenue au CIEL !
Savez-vous qui’ici, la nuit, entre les carrés d’herbes aux ours bipolaires et les touffes de flouve odorante, il se passe des choses magiques ?
Au cours de l’été 2015, et grâce à mon désormais voisin de planète, nouveau propriétaire de la maison de mon enfance, a été installée ce que nous pourrions appeler une cabane de chantier ou une roulotte de cirque selon l’humeur...
Elle a belle allure, et sa symbolique convient à l’esprit des lieux.
Elle est le fruit d’un troc avec le vieux poulailler, que j’avais provisoirement conservé, pour y stocker divers objets de famille.
Dès que les clefs de la “cabane-roulotte” m’ont été remises, ma première préoccupation a été d’y déposer les vieux outils de jardin de mon père...
Joël Fauré
" Il n’a pas trouvé mieux
Que son lopin de terre
Que son vieil arbre tordu au milieu
Trouvé mieux que la douce lumière
Du soir, près du feu
Qui réchauffait son père
Et la troupe entière de ses aïeux...”
Francis Cabrel