"Je te cherche. Où es-tu à une heure pareille ? Je suis sûre que tu t'es échappé au poulailler pour
y chercher encore quelques poules. Quand donc cesseras-tu, enfant sauvage des campagnes ?
Il n'en existe plus des comme ça. Il est fini ce temps des décharges magiques, des zoos mythiques
et des champs de colchiques ! Allons bon, te voici qui vocifères et me réponds que rien ne finit
jamais, qu'il suffit d'y penser pour revivre les belles heures du temps passé... le temps passé.
As-tu rapporté les boîtes, le pot aux oiseaux ? De quelles trouvailles t'es-tu encombré ? Regarde
ton pantalon, c'est hier que je te l'ai fait changer ! Regarde tes cheveux, ils sont tout défaits, et
sors le raphia de ta poche. Mouche ton nez, sèche tes yeux ; tout cela n'est pas si grave.
L'essentiel, c'est que tu ne perdes pas la mémoire en chemin. Au contraire, tu as raison, plus rien
ne se perdra là où tu l'as mis. On ne peut plus rien ajouter, on ne peut plus rien enlever. C'est la
boîte à secrets que tu t'es empressé de verrouiller. Tu as bien fait de me confier une moitié de sa
clef."
Camille