26 avril 2007
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DES MATIERES BIEN TRAITEES
Il y aura un avant et un après JS.
Jean Streff, auteur du référentiel "Masochisme au cinéma" (Veyrier, 1978), livre ici un essai passionnant sur les fétichismes.
Nos marottes -les bottes- y sont dignement représentées et "A Propos de Bottes" y cité dans les sources multiples auxquelles l'auteur assoiffé a puisé.
J'ai vu des libraires très embêtés : ils ne savaient pas où poser le livre. Au rayon "Erotisme" ou au rayon "Faits de société" ? N'est-ce pas là le vrai pouvoir d'un livre : interroger, surprendre et étonner ?
J'ai observé une jeune Chinoise lire avidement quelques pages, debout, l'ouvrage en équilibre sur une tablette.
Je l'ai vu voisin de table de "Panique" de Lydia Flem, du "Crachat" de Martin Monestier et contemporain de "La mauvaise vie" de Frédéric Mitterrand.
Je l'ai remis à vue quand il était caché ; je l'ai remis de face quand il était sur la tranche.
J'ai vu une vendeuse s'absorber à sa lecture, après que je lui eût demandé de le consulter moi-même.
J'ai glissé entre les pages 356 et 357 un petit mot écrit à la main sur un ticket de caisse de bar (1 café : 1 € 40) :
"Au théâtre carpe Diem -à moins que ce ne soit dans un rêve-, je vous ai vue, glissée dans de hautes bottes de cuir noir. Je dois être fétichiste. Je suis devenu aussi fou que Maupassant. Il fat absolument que je vous retrouve. Sinon, j'en mourrai peut-être... Si vous vous reconnaissez (et même si vous ne vous reconnaissez pas) : suivait mon numéro de téléphone. Puis ma signature : Raoul Jefe.
J'ai remis le livre en rayon. Il avait rendez-vous avec le hasard...
A ce jour, je n'ai toujours pas eu de retour...
Le plus frustrant dans cet ouvrage, avouons-le d'emblée, est sans doute le manque d'illustrations, mais les fétichistes n'étant pas dépourvus d'imagination, ils sauront se créer leur propre musée iconopithèque.
Par le texte, Jean Streff se veut exhaustif, et il y parvient souvent. (On imagine aisément son bureau truffé de dossiers et de notes !)
Son savant découpage des contenus et des contenants -imaginez un cochon rose, avec tous ses morceaux découpés en pointillés dans un dictionnaire (dans un cochon, tout est bon.)- nous donne en sus des échantillons d'étoffes et de matières avec action immédiate sur nos sens désarimés.
Ce traité de l'a(ROME) à l'usage des jeunes générations fourmille d'informations, de la petite à la grande histoire. Y sont convoquées Jeanne d'Arc et Madonna, c'est dire l'oecuménisme du rendez-vous.
Les jeunes générations, fétichistes de la toile, de la souris et du portable, appelés dans le titre, sauront-ils, demain, découvrir que le cuir n'est pas seulement une faute de liaison "mal-t-à-propos", mais un subtil entremetteur entre le désir et le plaisir ?
Réponse dans deux mille ans après JS, s'il reste assez d'eau fraîche et d'amour pour vivre, deux fétiches parmi tant d'autres...
Joël Fauré
"Traité du fétichisme à l'usage des jeunes générations", Jean Streff (Editions Denoël), 544 p.
----
Je me hasarderai bien à illustrer ces propos d'une image, mais au vu des premiers essais désastreux, je préfère m'abstenir.
J'ai convoqué un ami, né avec un ordinateur dans la tête, qui m'a parlé pixels, résolution d'images, etc...
Je préfère reporter à plus tard la publication d'images (pour éviter aussi tout risque de droits réservés, droits d'auteur, proriété intellectuelle, etc...)
Je donne priorité au texte.
Un grand merci aux trois premières grandes lectrices de ce blog : A. , O. et Caroline Lamarche...
et aux premiers lecteurs : Ph., et P.B.
Il y aura un avant et un après JS.
Jean Streff, auteur du référentiel "Masochisme au cinéma" (Veyrier, 1978), livre ici un essai passionnant sur les fétichismes.
Nos marottes -les bottes- y sont dignement représentées et "A Propos de Bottes" y cité dans les sources multiples auxquelles l'auteur assoiffé a puisé.
J'ai vu des libraires très embêtés : ils ne savaient pas où poser le livre. Au rayon "Erotisme" ou au rayon "Faits de société" ? N'est-ce pas là le vrai pouvoir d'un livre : interroger, surprendre et étonner ?
J'ai observé une jeune Chinoise lire avidement quelques pages, debout, l'ouvrage en équilibre sur une tablette.
Je l'ai vu voisin de table de "Panique" de Lydia Flem, du "Crachat" de Martin Monestier et contemporain de "La mauvaise vie" de Frédéric Mitterrand.
Je l'ai remis à vue quand il était caché ; je l'ai remis de face quand il était sur la tranche.
J'ai vu une vendeuse s'absorber à sa lecture, après que je lui eût demandé de le consulter moi-même.
J'ai glissé entre les pages 356 et 357 un petit mot écrit à la main sur un ticket de caisse de bar (1 café : 1 € 40) :
"Au théâtre carpe Diem -à moins que ce ne soit dans un rêve-, je vous ai vue, glissée dans de hautes bottes de cuir noir. Je dois être fétichiste. Je suis devenu aussi fou que Maupassant. Il fat absolument que je vous retrouve. Sinon, j'en mourrai peut-être... Si vous vous reconnaissez (et même si vous ne vous reconnaissez pas) : suivait mon numéro de téléphone. Puis ma signature : Raoul Jefe.
J'ai remis le livre en rayon. Il avait rendez-vous avec le hasard...
A ce jour, je n'ai toujours pas eu de retour...
Le plus frustrant dans cet ouvrage, avouons-le d'emblée, est sans doute le manque d'illustrations, mais les fétichistes n'étant pas dépourvus d'imagination, ils sauront se créer leur propre musée iconopithèque.
Par le texte, Jean Streff se veut exhaustif, et il y parvient souvent. (On imagine aisément son bureau truffé de dossiers et de notes !)
Son savant découpage des contenus et des contenants -imaginez un cochon rose, avec tous ses morceaux découpés en pointillés dans un dictionnaire (dans un cochon, tout est bon.)- nous donne en sus des échantillons d'étoffes et de matières avec action immédiate sur nos sens désarimés.
Ce traité de l'a(ROME) à l'usage des jeunes générations fourmille d'informations, de la petite à la grande histoire. Y sont convoquées Jeanne d'Arc et Madonna, c'est dire l'oecuménisme du rendez-vous.
Les jeunes générations, fétichistes de la toile, de la souris et du portable, appelés dans le titre, sauront-ils, demain, découvrir que le cuir n'est pas seulement une faute de liaison "mal-t-à-propos", mais un subtil entremetteur entre le désir et le plaisir ?
Réponse dans deux mille ans après JS, s'il reste assez d'eau fraîche et d'amour pour vivre, deux fétiches parmi tant d'autres...
Joël Fauré
"Traité du fétichisme à l'usage des jeunes générations", Jean Streff (Editions Denoël), 544 p.
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Je me hasarderai bien à illustrer ces propos d'une image, mais au vu des premiers essais désastreux, je préfère m'abstenir.
J'ai convoqué un ami, né avec un ordinateur dans la tête, qui m'a parlé pixels, résolution d'images, etc...
Je préfère reporter à plus tard la publication d'images (pour éviter aussi tout risque de droits réservés, droits d'auteur, proriété intellectuelle, etc...)
Je donne priorité au texte.
Un grand merci aux trois premières grandes lectrices de ce blog : A. , O. et Caroline Lamarche...
et aux premiers lecteurs : Ph., et P.B.