22 mai 2007
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"Il n'en est pas question. Tu n'achèteras pas un ordinateur. Tu as vu combien ça coûte ? Tu veux qu'on nous prenne la maison
?"
Nous sommes à la fin des années quatre ving-dix, et madame ma mère vitupère. Non au computer.
Alors que s'installe sa prolétarisation, dans la maison grise, je ravale mon ambition et rumine mes humeurs sombres. Toc, toc !
Les ordinateurs, dans les vitrines !
J'ai appris à bien lècher.
Et puis maman est morte. Je l'ai veillée. Je l'ai haïe et aimée, aimée et haïe, la femme de ma vie.
Elle avait avec l'argent un gros rapport de force. Peur, terreur, frayeur de manquer.
Elle a placé très haut les vertus du travail, de l'honneur, du courage.
Elle avait les défauts de ses qualités.
Excessive.
J'en suis fier. J'en suis fils.
Ma bonne maman, "Vé", Marthou, des amis m'ont vu esseulé, désemparé.
Ils m'ont offert un ordinateur, déjà obsolète pour eux, et tout neuf pour moi.
Et le temps a filé.
Les ordinateurs sont devenus comme les calculatrices hier, les machines à laver avant hier, le savon jadis. Finies la bougie et la marine à voile. L'électricité est inventée, maman !
Aujourd'hui, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, je suis allé m'acheter un ordinateur. Mon premier !
J'étais à la fois excité et coupable.
Je t'ai entendu dire : "Mais tu es fou, pauvre petit ! Mille deux cent vingt-six euros ! Huit mille francs ! Presque un million ! Ne le jette pas par la fenêtre, l'argent !" Mais y'a plus de fenêtre, maman. La maison a été vendue.
Alors, je t'ai vu te raviser, et admettre que je n'achetais là qu'une indispensable fenêtre ouverte sur le Monde. C'est un achat utile.
Je me suis dit : "Finalement, je ne fais rien d'autre que d'acheter une grosse machine à écrire et à savoir."
J'irai te consulter, Marthou. Avec ta sueur, maman, tes sentiments et les miens, que nous n'avons jamais pu exprimer.
Et pourtant, nous nous sommes tellement haï, et tellement aimé, maman.
Cet ordinateur, je lui donne ton nom.
Il est baptisé. Marthou. Vé.
A toujours.
Joël Fauré
Cet ordinateur qui vous permet, amis, de me suivre dans mes déambulations -tu vois maman, j'ai poussé le vice jusqu'à créer un "blog" érotique et littéraire- a été baptisé "Ordinateur Marthe Fauré" et inauguré le vendredi 2 mars 2007, en présence de B.T., rencontre providentielle.
______
PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN :
LA MISE EN SCENE "DOMINATION / soumission" DE BASE IDEALE SELON MAITRE JANUS.
Nous sommes à la fin des années quatre ving-dix, et madame ma mère vitupère. Non au computer.
Alors que s'installe sa prolétarisation, dans la maison grise, je ravale mon ambition et rumine mes humeurs sombres. Toc, toc !
Les ordinateurs, dans les vitrines !
J'ai appris à bien lècher.
Et puis maman est morte. Je l'ai veillée. Je l'ai haïe et aimée, aimée et haïe, la femme de ma vie.
Elle avait avec l'argent un gros rapport de force. Peur, terreur, frayeur de manquer.
Elle a placé très haut les vertus du travail, de l'honneur, du courage.
Elle avait les défauts de ses qualités.
Excessive.
J'en suis fier. J'en suis fils.
Ma bonne maman, "Vé", Marthou, des amis m'ont vu esseulé, désemparé.
Ils m'ont offert un ordinateur, déjà obsolète pour eux, et tout neuf pour moi.
Et le temps a filé.
Les ordinateurs sont devenus comme les calculatrices hier, les machines à laver avant hier, le savon jadis. Finies la bougie et la marine à voile. L'électricité est inventée, maman !
Aujourd'hui, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, je suis allé m'acheter un ordinateur. Mon premier !
J'étais à la fois excité et coupable.
Je t'ai entendu dire : "Mais tu es fou, pauvre petit ! Mille deux cent vingt-six euros ! Huit mille francs ! Presque un million ! Ne le jette pas par la fenêtre, l'argent !" Mais y'a plus de fenêtre, maman. La maison a été vendue.
Alors, je t'ai vu te raviser, et admettre que je n'achetais là qu'une indispensable fenêtre ouverte sur le Monde. C'est un achat utile.
Je me suis dit : "Finalement, je ne fais rien d'autre que d'acheter une grosse machine à écrire et à savoir."
J'irai te consulter, Marthou. Avec ta sueur, maman, tes sentiments et les miens, que nous n'avons jamais pu exprimer.
Et pourtant, nous nous sommes tellement haï, et tellement aimé, maman.
Cet ordinateur, je lui donne ton nom.
Il est baptisé. Marthou. Vé.
A toujours.
Joël Fauré
Cet ordinateur qui vous permet, amis, de me suivre dans mes déambulations -tu vois maman, j'ai poussé le vice jusqu'à créer un "blog" érotique et littéraire- a été baptisé "Ordinateur Marthe Fauré" et inauguré le vendredi 2 mars 2007, en présence de B.T., rencontre providentielle.
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PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN :
LA MISE EN SCENE "DOMINATION / soumission" DE BASE IDEALE SELON MAITRE JANUS.