25 mai 2007
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17:08
"Le mime, c'est l'art de la concentration silencieuse. C'est l'art de jouer sans dire un mot."
La phrase, attribuée à Charlie Chaplin, sied à merveille à cette jeune comédienne douée, dont la prestation, sous les frondaisons du parc de Ramonville (à la réputation maintenant bien assise d'une ville vouée au théâtre de rue.) tient de la performance.
Seulement quelques mots dans le journal, agrémentés d'une photo, m'avaient permis de flairer un spectacle insolite. Les mots choisis de l'argument : "La cage est un conte féerique, une fantaisie à l'air libre, une fable à géométrie variable.
Silence et immobilité : un personnage mi femme - mi félin dans une cage au centre des spectateurs.
Surprise et instants magiques : regards échangés sans retenue, sans arrière-pensée, droit au but.
Un spectateur entre dans la cage : liens crées au coeur de la respiration, de la sensation, de l'émotion qui chavirent.
Voyage au centre de l'être humain."
auguraient du meilleur.
Et puis, j'étais en "plein dans les cages" avec la rédaction du livre sur la dompteuse Jeannette Mac-Donald.
Et puis, si sur ce blog, on ne sait pas encore "l'horrible perversion" sadomasochiste qui m'habite, c'est qu'on n'a pas les fesses en face du fouet.
Et puis si, ici encore, on n'a pas compris la réalité de la pathologie de l'auteur de ces lignes (les troubles obsessionnels compulsifs), je rends mon tablier.
Je ne veux absolument pas faire une récupération malsaine à des fins de prosélytisme. Or, il se trouve que le travail de Delphine Mélèse m'a bouleversé.
Son jeu subtil et périlleux la place sur le droit chemin de l'improvisation, sans le gênant défaut de la langue en pareil cas, qui peut se faire verbiage, et déboucher sur le meilleur comme sur le pire.
Ici, tout est dans la gamme d'émotions fortes mais muettes. Voici vraiment, à mon avis, l'un des rares spectacles vivants où le cinéma pourrait avoir sa place, tant les gros plans ne seraient pas superflus.
Mais les seules caméras qui tournent, ce sont les regards des spectateurs agglutinés autour de cette fameuse cage d'un zoo improbable.
Certains pensent à "La planète des singes".
D'autres se souviennent que le journaliste Georges de Caunes avait fait l'expérience de se laisser enfermer dans une cage.
On se dit que c'est peut-être du nouveau cirque, et qu'un dompteur va débouler, le fouet à la main.
On pense aussi à Kafka, à "La métamorphose".
J'ai même entendu quelqu'un dire : "Là-bas, y'a un mec dans une cage..." (sic)
Interrogé, le public se fait libre voyeur de cette femme qui, pour l'instant est assoupie dans sa cage ; une vraie femme de la race des humains devenue bête de foire. Mais pourquoi ?
Certains pensent aux exhibitions foraines du début du siècle dernier. La femme à barbe, la lilliputienne...
Mais dans le cas qui nous intéresse, rien de tout cela. La femme est jolie, sans autre curiosité que d'être enfermée. Alors ?
J'ai soufflé dans l'oreille de ma compagne que ce spectacle allait forcément être bon, puisqu'il permettait toutes les déclinaisons du questionnement sur la condition humaine.
Et je ne me suis pas trompé.
Ce sont les enfants, plus spontanés, qui ont manifesté d'abord de la curiosité face à cette "bête humaine" suscitant pitié, peur, mystère comme dans les meilleurs contes de fées.
Le but premier de la manoeuvre étant de redonner la liberté à ce spécimen.
S'instaure alors, avec la femme sortie de sa léthargie, un contact ténu avec le hasard.
Les regards se croisent, se soutiennent, se fuient ; les gestes se dérobent puis s'affirment ; le visage s'apeure, s'émeut, sourit... la pensée travaille... le corps entier reste à domestiquer, à apprivoiser.
Tout est possible. Le meilleur étant de sortir de la cage, de l'enfermement, et, grâce à de la solidarité, de la compréhension, de l'empathie, de l'amour, de partager 50 minutes durant une expérience de vie unique.
Pari réussi pour la comédienne Delphine Mélèse.
Joël Fauré
PS : Si le fétichiste que je suis peut se permettre une suggestion, je verrais bien Delphine Mélèse porter, sous son manteau de vison, des bottes-cuissardes. Il me semble que cela ajouterait au jeu (déjà excellent) une autre dimension.
Organisateurs de spectacles, n'hésitez pas en "encager" Delphine Mélèse, de la Compagnie "Les p'tites marguerites".
Contact :
lesptitesmarguerites@free.fr
0033 (0) 871 10 79 55
0033 (0) 607 14 55 93
La phrase, attribuée à Charlie Chaplin, sied à merveille à cette jeune comédienne douée, dont la prestation, sous les frondaisons du parc de Ramonville (à la réputation maintenant bien assise d'une ville vouée au théâtre de rue.) tient de la performance.
Seulement quelques mots dans le journal, agrémentés d'une photo, m'avaient permis de flairer un spectacle insolite. Les mots choisis de l'argument : "La cage est un conte féerique, une fantaisie à l'air libre, une fable à géométrie variable.
Silence et immobilité : un personnage mi femme - mi félin dans une cage au centre des spectateurs.
Surprise et instants magiques : regards échangés sans retenue, sans arrière-pensée, droit au but.
Un spectateur entre dans la cage : liens crées au coeur de la respiration, de la sensation, de l'émotion qui chavirent.
Voyage au centre de l'être humain."
auguraient du meilleur.
Et puis, j'étais en "plein dans les cages" avec la rédaction du livre sur la dompteuse Jeannette Mac-Donald.
Et puis, si sur ce blog, on ne sait pas encore "l'horrible perversion" sadomasochiste qui m'habite, c'est qu'on n'a pas les fesses en face du fouet.
Et puis si, ici encore, on n'a pas compris la réalité de la pathologie de l'auteur de ces lignes (les troubles obsessionnels compulsifs), je rends mon tablier.
Je ne veux absolument pas faire une récupération malsaine à des fins de prosélytisme. Or, il se trouve que le travail de Delphine Mélèse m'a bouleversé.
Son jeu subtil et périlleux la place sur le droit chemin de l'improvisation, sans le gênant défaut de la langue en pareil cas, qui peut se faire verbiage, et déboucher sur le meilleur comme sur le pire.
Ici, tout est dans la gamme d'émotions fortes mais muettes. Voici vraiment, à mon avis, l'un des rares spectacles vivants où le cinéma pourrait avoir sa place, tant les gros plans ne seraient pas superflus.
Mais les seules caméras qui tournent, ce sont les regards des spectateurs agglutinés autour de cette fameuse cage d'un zoo improbable.
Certains pensent à "La planète des singes".
D'autres se souviennent que le journaliste Georges de Caunes avait fait l'expérience de se laisser enfermer dans une cage.
On se dit que c'est peut-être du nouveau cirque, et qu'un dompteur va débouler, le fouet à la main.
On pense aussi à Kafka, à "La métamorphose".
J'ai même entendu quelqu'un dire : "Là-bas, y'a un mec dans une cage..." (sic)
Interrogé, le public se fait libre voyeur de cette femme qui, pour l'instant est assoupie dans sa cage ; une vraie femme de la race des humains devenue bête de foire. Mais pourquoi ?
Certains pensent aux exhibitions foraines du début du siècle dernier. La femme à barbe, la lilliputienne...
Mais dans le cas qui nous intéresse, rien de tout cela. La femme est jolie, sans autre curiosité que d'être enfermée. Alors ?
J'ai soufflé dans l'oreille de ma compagne que ce spectacle allait forcément être bon, puisqu'il permettait toutes les déclinaisons du questionnement sur la condition humaine.
Et je ne me suis pas trompé.
Ce sont les enfants, plus spontanés, qui ont manifesté d'abord de la curiosité face à cette "bête humaine" suscitant pitié, peur, mystère comme dans les meilleurs contes de fées.
Le but premier de la manoeuvre étant de redonner la liberté à ce spécimen.
S'instaure alors, avec la femme sortie de sa léthargie, un contact ténu avec le hasard.
Les regards se croisent, se soutiennent, se fuient ; les gestes se dérobent puis s'affirment ; le visage s'apeure, s'émeut, sourit... la pensée travaille... le corps entier reste à domestiquer, à apprivoiser.
Tout est possible. Le meilleur étant de sortir de la cage, de l'enfermement, et, grâce à de la solidarité, de la compréhension, de l'empathie, de l'amour, de partager 50 minutes durant une expérience de vie unique.
Pari réussi pour la comédienne Delphine Mélèse.
Joël Fauré
PS : Si le fétichiste que je suis peut se permettre une suggestion, je verrais bien Delphine Mélèse porter, sous son manteau de vison, des bottes-cuissardes. Il me semble que cela ajouterait au jeu (déjà excellent) une autre dimension.
Organisateurs de spectacles, n'hésitez pas en "encager" Delphine Mélèse, de la Compagnie "Les p'tites marguerites".
Contact :
lesptitesmarguerites@free.fr
0033 (0) 871 10 79 55
0033 (0) 607 14 55 93