4 juin 2007
1
04
/06
/juin
/2007
20:30
L 'équipe d' "A propos de bottes" (Laure O'Jef, Raoul Jefe, Joël Fauré et Maître Janus) est heureuse d'ouvrir son espace à
Annie GRUYER*
Au pays de l'Ovalie, je ne me permettrai pas de botter en touche ni même de tourner les
talons.
Bien dans mes baskets, je l'avoue humblement : les bottes ne représentent nullement pour moi un objet d'affection, encore moins une tenue de soirée ou de levée de soleil...
Mais c'est droite dans mes bottes imaginaires que je prends volontiers la plume pour évoquer le non-port de bottes, obligatoire.
Je rassure le lecteur, je porte bien, par contre, le casque pour me protéger des aléas de l'existence.
Vous me dites "cuir", je réponds celui des gants que je serre fermement au plus fort de la tempête, quand les jambes dures, j'entame la dernière ascension du col... Et oui, celui de la Madeleine, sans Proust , du Galibier, fort raide, du Lautaret, fort tendre, du Ventoux, fort sec, de l'Izoard, fort bosselé et aride, du Soulor, fort mou, de l'Aubisque, fort long, de l'Hautacam, fort endurant...
Ma foi, ils m'ont tous résistés mais je les ai eus à l'endurance et atteint leurs bouts sans coup férir, patiemment, délicatement, amoureusement, ne doutant pas de la récompense suprême en atteignant leur sommet. Mes cuissards s'en souviennent encore, parfois bien usés ; en témoigne la peau de chamois (artificiel, promis, pour les amis de l'ancienne icône platinée des années 1960 qui préfère désormais les chiens aux hommes.)
On n'imagine pas toute la sueur versée, tombant juste au milieu du sillon des muscles du mollet redondant et saillant en plein effort. Pas plus le lancinant cliquetis du roulement à billes bien huilé de la chaîne, la seule à laquelle j'admets être attachée. Et que dire du mouvement répétitif et assené des pédales... sacrées pédales
Quand aux deux belles roues, on dit souvent qu'elles sont souvent prises, sucées avant d'être lâchées, toujours dans le final. Je confirme. Mais la pompe est là pour les cajoler, les regonfler en cas de relâchement.
Ah J'oubliais la selle. Ah ! Celle-là, elle met du piment à l'affaire mais offre toujours au guerrier le repos avant qu'il ne reparte en danseuse faire son malin dans les lacets.
Mais voilà l'arrivée qui pointe : un dernier coup de rein, la cuisse au bord de l'explosion et je touche enfin mon sommet, classé 1ère catégorie, parfois même "hors catégorie", distinction suprême.
J'embrasse ma foule imaginaire à la manière d'un Bobet, d'un Coppi, d'un Indurain ou d'un Virenque, passés bien plus glorieusement que moi par ces cimes majestueuses.
Enfin, je peux descendre de ma machine que je caresse, le gant ôté, en la remerciant de m'avoir accompagnée dans ces moments si intenses. Loin de Paris et du modernisme, je m'offre encore avec ma bicyclette ces épopées épiques qui manquent à nos quotidiens trop confortables.
* Co-auteur du "Livre Noir de la Psychanalyse" (Editions des Arènes) -maintenant disponible en livre de poche- Annie Gruyer nous offre ici, avec un lyrisme sensuel et érotique, la belle démonstration d'une chevauchée fantastique et complice avec "La Petite Reine".
-----
PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN :
"J'AI TRES BIEN CONNU JACQUES BREL"
(Confessions inédites et vérifiables de Joël Fauré.)
Bien dans mes baskets, je l'avoue humblement : les bottes ne représentent nullement pour moi un objet d'affection, encore moins une tenue de soirée ou de levée de soleil...
Mais c'est droite dans mes bottes imaginaires que je prends volontiers la plume pour évoquer le non-port de bottes, obligatoire.
Je rassure le lecteur, je porte bien, par contre, le casque pour me protéger des aléas de l'existence.
Vous me dites "cuir", je réponds celui des gants que je serre fermement au plus fort de la tempête, quand les jambes dures, j'entame la dernière ascension du col... Et oui, celui de la Madeleine, sans Proust , du Galibier, fort raide, du Lautaret, fort tendre, du Ventoux, fort sec, de l'Izoard, fort bosselé et aride, du Soulor, fort mou, de l'Aubisque, fort long, de l'Hautacam, fort endurant...
Ma foi, ils m'ont tous résistés mais je les ai eus à l'endurance et atteint leurs bouts sans coup férir, patiemment, délicatement, amoureusement, ne doutant pas de la récompense suprême en atteignant leur sommet. Mes cuissards s'en souviennent encore, parfois bien usés ; en témoigne la peau de chamois (artificiel, promis, pour les amis de l'ancienne icône platinée des années 1960 qui préfère désormais les chiens aux hommes.)
On n'imagine pas toute la sueur versée, tombant juste au milieu du sillon des muscles du mollet redondant et saillant en plein effort. Pas plus le lancinant cliquetis du roulement à billes bien huilé de la chaîne, la seule à laquelle j'admets être attachée. Et que dire du mouvement répétitif et assené des pédales... sacrées pédales
Quand aux deux belles roues, on dit souvent qu'elles sont souvent prises, sucées avant d'être lâchées, toujours dans le final. Je confirme. Mais la pompe est là pour les cajoler, les regonfler en cas de relâchement.
Ah J'oubliais la selle. Ah ! Celle-là, elle met du piment à l'affaire mais offre toujours au guerrier le repos avant qu'il ne reparte en danseuse faire son malin dans les lacets.
Mais voilà l'arrivée qui pointe : un dernier coup de rein, la cuisse au bord de l'explosion et je touche enfin mon sommet, classé 1ère catégorie, parfois même "hors catégorie", distinction suprême.
J'embrasse ma foule imaginaire à la manière d'un Bobet, d'un Coppi, d'un Indurain ou d'un Virenque, passés bien plus glorieusement que moi par ces cimes majestueuses.
Enfin, je peux descendre de ma machine que je caresse, le gant ôté, en la remerciant de m'avoir accompagnée dans ces moments si intenses. Loin de Paris et du modernisme, je m'offre encore avec ma bicyclette ces épopées épiques qui manquent à nos quotidiens trop confortables.
* Co-auteur du "Livre Noir de la Psychanalyse" (Editions des Arènes) -maintenant disponible en livre de poche- Annie Gruyer nous offre ici, avec un lyrisme sensuel et érotique, la belle démonstration d'une chevauchée fantastique et complice avec "La Petite Reine".
-----
PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN :
"J'AI TRES BIEN CONNU JACQUES BREL"
(Confessions inédites et vérifiables de Joël Fauré.)