7 juin 2007
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18:02
Ce texte est dédié à Camille.
Brel l'aurait aimée.
C'est quoi un artiste ?
Mon père disait à propos des artistes : "Ces gens-là, ils ne se font pas vieux. Ils font trop la bringue." Brel, mort jeune, lui a donné raison. "Ce qui compte dans une vie, c'est son intensité pas sa durée." "Tout est extrêmement dangereux pour la santé puisqu'il y a un phénomène d'usure." Alors, comment faut-il vivre ? Qui a les règles du jeu ? Mieux vaut-il mourir à 81 ans, en ayant toujours gueulé ou fait la gueule, ou à 49, en souriant, et en continuant à fumer 4 paquets de cigarettes par nuit, malgré un cancer du poumon ?
Moi, je crois qu'un artiste, c'est important.
L'homme qui vit et l'homme qui écrit.
Un écrivain est quelqu'un qui peut écrire des choses épouvantables auxquelles il n'adhère pas. Du genre : "J'ai placé ma mère dans une maison de retraite mais je ne sais plus laquelle." Ce qui en fait un être redoutable.
Vierzon.
J'ai vraiment voulu voir Vierzon. Ce que j'ai vu de Vierzon est moche. Il vaut mieux écouter la chanson.
Seul.
La chanson "Seul" est un petit chef-d'oeuvre de lucidité. Elle est réussie, tant sur la forme que sur le fond. Elle est bien charpentée. Elle illustre à merveille le cescendo/décrescendo cher à Brel. Elle est à rapprocher des mots d'Albert Cohen : "Chaque homme est seul, et tous se fichent de tous, et nos douleurs sont une île déserte."
A propos de bottes.
Les bottes vont bien à Jacques Brel. Dans le film "Mon oncle Benjamin", il les porte haut, à la mousquetaire.
Dans "Montdragon", ses bottes d'écuyer fascinent son entourage. A l'église, du bout de sa cravache, il soulève les jupes d'une femme...
Les bottes sont esthétiques, fonctionnelles et sensuelles...
Moi, je me suis fait fabriquer sur mesure une paire de cuissardes, en cuir souple de veau, chez un bottier toulousain. Et j'ai aussi acheté un fouet, à la brocante, allées Jules-Guesde. Avait-il déjà servi ? Et pour qui, par qui, où et quand et pourquoi ? Je me suis auto-proclamé Père Noël, Père Fouettard, flibustier, égoutier, dompteur, oncle Benjamin, fétichiste, sado-maso...
Les tarses calés dans des bottes carénées comme des paquebots de croisière, je vous jure qu'on peut arpenter la Terre et devenir citoyen du Monde.
Seuil critique.
J'imagine déjà la critique du livre que vous avez entre les yeux : Joël Fauré mélange des élements de sa propre biographie avec ceux de celle de Brel... Sans en avoir l'air, avec des textes brefs comme des chansons, il réussit à nous saisir... mais vraiment, sans que nous en prenions garde... Je repense à certaines critiques sur Brel au début de sa carrière : "Ce type ne fera jamais rien de bon : il ne fait que transpirer." "Quand à Monsieur Brel, je lui indique qu'il existe de très bons trains pour rentrer en Belgique."
(A suivre)
Joël Fauré
Brel l'aurait aimée.
C'est quoi un artiste ?
Mon père disait à propos des artistes : "Ces gens-là, ils ne se font pas vieux. Ils font trop la bringue." Brel, mort jeune, lui a donné raison. "Ce qui compte dans une vie, c'est son intensité pas sa durée." "Tout est extrêmement dangereux pour la santé puisqu'il y a un phénomène d'usure." Alors, comment faut-il vivre ? Qui a les règles du jeu ? Mieux vaut-il mourir à 81 ans, en ayant toujours gueulé ou fait la gueule, ou à 49, en souriant, et en continuant à fumer 4 paquets de cigarettes par nuit, malgré un cancer du poumon ?
Moi, je crois qu'un artiste, c'est important.
L'homme qui vit et l'homme qui écrit.
Un écrivain est quelqu'un qui peut écrire des choses épouvantables auxquelles il n'adhère pas. Du genre : "J'ai placé ma mère dans une maison de retraite mais je ne sais plus laquelle." Ce qui en fait un être redoutable.
Vierzon.
J'ai vraiment voulu voir Vierzon. Ce que j'ai vu de Vierzon est moche. Il vaut mieux écouter la chanson.
Seul.
La chanson "Seul" est un petit chef-d'oeuvre de lucidité. Elle est réussie, tant sur la forme que sur le fond. Elle est bien charpentée. Elle illustre à merveille le cescendo/décrescendo cher à Brel. Elle est à rapprocher des mots d'Albert Cohen : "Chaque homme est seul, et tous se fichent de tous, et nos douleurs sont une île déserte."
A propos de bottes.
Les bottes vont bien à Jacques Brel. Dans le film "Mon oncle Benjamin", il les porte haut, à la mousquetaire.
Dans "Montdragon", ses bottes d'écuyer fascinent son entourage. A l'église, du bout de sa cravache, il soulève les jupes d'une femme...
Les bottes sont esthétiques, fonctionnelles et sensuelles...
Moi, je me suis fait fabriquer sur mesure une paire de cuissardes, en cuir souple de veau, chez un bottier toulousain. Et j'ai aussi acheté un fouet, à la brocante, allées Jules-Guesde. Avait-il déjà servi ? Et pour qui, par qui, où et quand et pourquoi ? Je me suis auto-proclamé Père Noël, Père Fouettard, flibustier, égoutier, dompteur, oncle Benjamin, fétichiste, sado-maso...
Les tarses calés dans des bottes carénées comme des paquebots de croisière, je vous jure qu'on peut arpenter la Terre et devenir citoyen du Monde.
Seuil critique.
J'imagine déjà la critique du livre que vous avez entre les yeux : Joël Fauré mélange des élements de sa propre biographie avec ceux de celle de Brel... Sans en avoir l'air, avec des textes brefs comme des chansons, il réussit à nous saisir... mais vraiment, sans que nous en prenions garde... Je repense à certaines critiques sur Brel au début de sa carrière : "Ce type ne fera jamais rien de bon : il ne fait que transpirer." "Quand à Monsieur Brel, je lui indique qu'il existe de très bons trains pour rentrer en Belgique."
(A suivre)
Joël Fauré