17 juin 2007
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19:00
A Michel Chalvet,
qui a mis sous mes yeux une citation de Saint-Exupéry
qui a secoué ma vie...
qui a mis sous mes yeux une citation de Saint-Exupéry
qui a secoué ma vie...
Un avion nommé Jojo.
Ainsi donc, Jojo n'est pas la raison sociale d'une compagnie aérienne, mais bel et bien un vibrant hommage à un ami. C'est un "Twin Bonanza". Ainsi donc, Brel n'a pas trouvé en qualité de jouets un avion et un bateau dans un paquet de lessive Bonux. Ainsi donc, il a joint l'utile à l'agréable sur les eaux et dans les airs. Il a appris à tenir le manche et la barre, lui qui se disait déjà vieux ; lui, "vieille tige" et vieux boucanier qui signait ses lettres "A tout à l'heure."
Voler est un vieux rêve.
J'ai retrouvé dans mes papiers une coupure de presse intéressante. Il y est question d'un film, semble-t-il avorté. Ca me paraît bien dommage.
"France Soir" du 26 mars 1969 annonce :
"Jacques Brel sera Jean Mermoz et Saint-Exupéry au cinéma. A la lance et au bouclier de Don Quichotte, au théâtre, Jacques Brel préfère, au cinéma, la combinaison des aviateurs de l'époque héroïque. Entre deux représentations de "L'Homme de la Mancha", le chanteur-comédien va tourner un film retraçant les débuts de l'aviation commerciale : il y sera successivement Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet et Daurat, quatre pionniers de l'Aéropostale..."
Jamais, moi qui connais très bien Jacques Brel, je n'ai lu, vu, entendu une suite à cette alléchante proposition. J'aurais très bien vu Brel dire ce que Guillaumet perdu dans les Andes a di : "Ce que j'ai fait, je le jure, aucune bête ne l'aurait fait." Ou bien encore ces mots si beaux de Saint-Exupéry : "Si je suis descendu, je ne regretterai rien. La termitière future m'épouvante et je hais leurs vertus de robot. Moi, j'étais fait pour être jardinier."
Dans le même ordre d'idées, mais là, pas de coupure de presse pour me mettre l'eau de mer à la bouche, j'aurais très bien imaginé Brel incarner Vasco de Gama.
En vertu des pouvoirs qui ne me sont pas conférés...
Je, soussigné, livre la liste des artifices tenus secrets qui aident à vivre :
- Alcool
- Amour
- Drogue (dont tabac)
- Ecriture
- Fétichisme
- Jardinage
- Lecture
- Sadomasochisme
- Tendresse
- Travail
Brel a utilisé au moins deux de ces artifices.
J'utilise les autres.
Je ne sais pas pourquoi ces gens
Pour mieux célébrer ma défaite
Pour mieux suivre l'enterrement
Ont le nez collé aux fenêtres.
Et la guerre arriva...
"Je regrette que la guerre ait duré aussi longtemps..." disait Brel. Quand les troupes allemandes entrent en Belgique, sur les ordres d'un aquarelliste contrarié, Jacques a une petite dizaine d'années. Mon père est envoyé au STO. J'ai retrouvé un carnet à petits carreaux jaunis. La couverture est manquante. Mon père y a recopié diverses chansons. Il avait "ses" Brel. Il y a aussi écrit :
"souvenir du bonbardement de cologne de la nuit du samedi 3 a dimanche 4 juillet 1943
lalerte a commencé a 12 heure 30 après avoir attendu plusieur minute d'angoisse a 1 heure les avion arrive et commence a bombarde san répi le camp ou nous logion est bruler les usine degringole et brûle une bombe tombe a un metre de l'abri
tout le monde saute un sur lautre des femmes pleures un coin de l'abri tombe plusieur son blésé le bombardemen continue il dure 1 heure 1/4 l'usine qui était sur l'abri est completemen détruite tiens le gens safale. une fois 1 alerte fini tous les homme on l ordre de sortir pour deblaiyer. sous un pont de chemin de fer on decouvre plusieur mor dont 2 de mes copin dans un abri on en decouvre 300 s'est la plus forte alerte que l'on a subi la moitie de cologne est detruit sest la ruine le jour arrive tout le monde sorte de l abri a lentour tou brule on se dirai un vrai four on continue a deblayer on decouvre des mort on les compte par centaine le nombre est monte a 6 mille
a 10 heure nouveaus alerte la desea commence a tire sans répi mais les avion ne lance rien
un depot de minission saute
nous avions la frousse car on ne savait pas si on reverait la France
a 11 heure on se deside a partir quitte la ville pour la campagne on part avec les valise charge comme des anes on fait 6 kilometre dans la ville puis on fait 10 K dans la campagne partou on trouve des gens qui se sauve sest la debagcle on ne voit que des ruine pui on trouve un petit vilage la on prend le train direction la Belgique on sarrete a wesseling la ou nous sommes car on nous avait dit qu'il i avait un camp la on est bien reçu on nous fait souper car on navai rien manger de la journée le soir venue on se couche a 1 heure
de nouveaux alerte mais se nest rien. Le jours venu on va deblayer pour chercher les mort car la ville etait bombarde. Le segond jour on fait des trous pour enterres les mort le soir venue de nouveaux alerte mais cette fois se n'est rien"
En 1977, Brel écrit et enregistre l'une de ses dernières grandes chansons : "Mai 40".
(A suivre.)
Joël Fauré.
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Ainsi donc, Jojo n'est pas la raison sociale d'une compagnie aérienne, mais bel et bien un vibrant hommage à un ami. C'est un "Twin Bonanza". Ainsi donc, Brel n'a pas trouvé en qualité de jouets un avion et un bateau dans un paquet de lessive Bonux. Ainsi donc, il a joint l'utile à l'agréable sur les eaux et dans les airs. Il a appris à tenir le manche et la barre, lui qui se disait déjà vieux ; lui, "vieille tige" et vieux boucanier qui signait ses lettres "A tout à l'heure."
Voler est un vieux rêve.
J'ai retrouvé dans mes papiers une coupure de presse intéressante. Il y est question d'un film, semble-t-il avorté. Ca me paraît bien dommage.
"France Soir" du 26 mars 1969 annonce :
"Jacques Brel sera Jean Mermoz et Saint-Exupéry au cinéma. A la lance et au bouclier de Don Quichotte, au théâtre, Jacques Brel préfère, au cinéma, la combinaison des aviateurs de l'époque héroïque. Entre deux représentations de "L'Homme de la Mancha", le chanteur-comédien va tourner un film retraçant les débuts de l'aviation commerciale : il y sera successivement Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet et Daurat, quatre pionniers de l'Aéropostale..."
Jamais, moi qui connais très bien Jacques Brel, je n'ai lu, vu, entendu une suite à cette alléchante proposition. J'aurais très bien vu Brel dire ce que Guillaumet perdu dans les Andes a di : "Ce que j'ai fait, je le jure, aucune bête ne l'aurait fait." Ou bien encore ces mots si beaux de Saint-Exupéry : "Si je suis descendu, je ne regretterai rien. La termitière future m'épouvante et je hais leurs vertus de robot. Moi, j'étais fait pour être jardinier."
Dans le même ordre d'idées, mais là, pas de coupure de presse pour me mettre l'eau de mer à la bouche, j'aurais très bien imaginé Brel incarner Vasco de Gama.
En vertu des pouvoirs qui ne me sont pas conférés...
Je, soussigné, livre la liste des artifices tenus secrets qui aident à vivre :
- Alcool
- Amour
- Drogue (dont tabac)
- Ecriture
- Fétichisme
- Jardinage
- Lecture
- Sadomasochisme
- Tendresse
- Travail
Brel a utilisé au moins deux de ces artifices.
J'utilise les autres.
Je ne sais pas pourquoi ces gens
Pour mieux célébrer ma défaite
Pour mieux suivre l'enterrement
Ont le nez collé aux fenêtres.
Et la guerre arriva...
"Je regrette que la guerre ait duré aussi longtemps..." disait Brel. Quand les troupes allemandes entrent en Belgique, sur les ordres d'un aquarelliste contrarié, Jacques a une petite dizaine d'années. Mon père est envoyé au STO. J'ai retrouvé un carnet à petits carreaux jaunis. La couverture est manquante. Mon père y a recopié diverses chansons. Il avait "ses" Brel. Il y a aussi écrit :
"souvenir du bonbardement de cologne de la nuit du samedi 3 a dimanche 4 juillet 1943
lalerte a commencé a 12 heure 30 après avoir attendu plusieur minute d'angoisse a 1 heure les avion arrive et commence a bombarde san répi le camp ou nous logion est bruler les usine degringole et brûle une bombe tombe a un metre de l'abri
tout le monde saute un sur lautre des femmes pleures un coin de l'abri tombe plusieur son blésé le bombardemen continue il dure 1 heure 1/4 l'usine qui était sur l'abri est completemen détruite tiens le gens safale. une fois 1 alerte fini tous les homme on l ordre de sortir pour deblaiyer. sous un pont de chemin de fer on decouvre plusieur mor dont 2 de mes copin dans un abri on en decouvre 300 s'est la plus forte alerte que l'on a subi la moitie de cologne est detruit sest la ruine le jour arrive tout le monde sorte de l abri a lentour tou brule on se dirai un vrai four on continue a deblayer on decouvre des mort on les compte par centaine le nombre est monte a 6 mille
a 10 heure nouveaus alerte la desea commence a tire sans répi mais les avion ne lance rien
un depot de minission saute
nous avions la frousse car on ne savait pas si on reverait la France
a 11 heure on se deside a partir quitte la ville pour la campagne on part avec les valise charge comme des anes on fait 6 kilometre dans la ville puis on fait 10 K dans la campagne partou on trouve des gens qui se sauve sest la debagcle on ne voit que des ruine pui on trouve un petit vilage la on prend le train direction la Belgique on sarrete a wesseling la ou nous sommes car on nous avait dit qu'il i avait un camp la on est bien reçu on nous fait souper car on navai rien manger de la journée le soir venue on se couche a 1 heure
de nouveaux alerte mais se nest rien. Le jours venu on va deblayer pour chercher les mort car la ville etait bombarde. Le segond jour on fait des trous pour enterres les mort le soir venue de nouveaux alerte mais cette fois se n'est rien"
En 1977, Brel écrit et enregistre l'une de ses dernières grandes chansons : "Mai 40".
(A suivre.)
Joël Fauré.
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Brèves :
Le Marathon des mots
Toulouse, la ville "prose"
Le Marathon des mots s'est clôturé ce soir au Cloître des Jacobins, avec le spectacle-hommage donné par une petite à une grande.
Après Juliette et son "Nougaro", Higelin et son "Ferré", c'est la juvénile Jeanne Cherhal qui a voulu dire (et chanter) Monique Serf, dite Barbara.
Jeanne Cherhal a été vraiment bien trop petite, et Barbara vraiment trop grande.
Dites, l'année prochaine, je verrai bien Maurane lire Brel. (Je dis ça comme ça en passant...)
---
C'est dommage qu'on ne puisse pas photographier et publier les gens sans leur accord. J'ai eu devant moi ce soir un plan fabuleux. Un vieux monsieur à cheveux blancs faisait face à une vieille dame.
Champ / contre-champ.
Le vieux monsieur était tout de bleu vêtu, et la dame tout de rose.
JF
Le Marathon des mots
Toulouse, la ville "prose"
Le Marathon des mots s'est clôturé ce soir au Cloître des Jacobins, avec le spectacle-hommage donné par une petite à une grande.
Après Juliette et son "Nougaro", Higelin et son "Ferré", c'est la juvénile Jeanne Cherhal qui a voulu dire (et chanter) Monique Serf, dite Barbara.
Jeanne Cherhal a été vraiment bien trop petite, et Barbara vraiment trop grande.
Dites, l'année prochaine, je verrai bien Maurane lire Brel. (Je dis ça comme ça en passant...)
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C'est dommage qu'on ne puisse pas photographier et publier les gens sans leur accord. J'ai eu devant moi ce soir un plan fabuleux. Un vieux monsieur à cheveux blancs faisait face à une vieille dame.
Champ / contre-champ.
Le vieux monsieur était tout de bleu vêtu, et la dame tout de rose.
JF