18 juin 2007
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17:29
A Marden,
que je ne connais pas très bien.
Mais quelqu'un qui partage la vie de celle qui m'a donné envie de créer un blog
et qui a rencontré Jean-Charles Aschéro ne doit pas être entièrement mauvais.
Une lettre qui a du cachet...
J'ai très bien connu Jacques Brel. Je lui ai même écrit une lettre, là bas, dans son île, en 1996. Comment ? Qu'est-ce que vous dites ? Qu'il était déjà mort ? Je voulais simplement m'en assurer. On vous dit n'importe quoi, à la télé, surtout place Esquirol à Toulouse. Je lui écrit : "Cher Jacques, voyons un peu si la Poste, même si tu n'es plus parmi nous, prend soin de toi. Je te serre cordialement la main." Je poste la lettre à Toulouse le 8 septembre 1996 et je l'adresse à "Monsieur Jacques Brel. Atuona. Iles Marquises. Polynésie Française." Je crois bon de rajouter en diagonale : "Faire suivre en cas de départ." Je n'oublie pas au dos la contre-adresse. Je colle un timbre de collection. Ca coûte pas plus cher et ça fait joli.
Quelques jours plus tard, la lettre m'est retournée. Au dos, il y a le cachet couronne qui dit dans son arrondi : "Atuona - Hiva-oa - Marquises" et sous une étoile sur deux lignes :
11 - 9
1996
Sur la face de l'enveloppe, l'adresse est rayée d'un grand trait rouge. Quel est l'homme de lettres de malheur qui a rajouté, toujours en rouge : "Décédé. Retour à l'envoyeur." ?
Correspondances.
J'entretiens, depuis bientôt vingt ans, avec Ludovique Lefrêne, depuis qu'elle a répondu à "Brel, poste restante", une relation épistolaire de belle qualité. Elle me parle de sa belle Bretagne, du gris, du vent, de la pluie, de nature, de tartes aux pommes et de rouges-gorges ; j'aime ses mots bleus, son bon sens, sa finesse d'esprit, sa sagesse et son élégance de propos. Je ne connais pas le son de sa voix. Je ne l'ai jamais vue. Quand je demande à mon père s'il y a du courrier, il me répond invaraiblement : "Y'a une lettre de cette femme qui t'écrit..."
Le 2 novembre 1999, elle me poste une lettre qui dit ceci :
"En ce début du mois de novembre, date particulière nous reliant plus fortement à ceux qui nous ont quittés,... pour toujours, je pense aussi, en ce moment, à Jacques Brel. De son coin du ciel, il doit observer, d'un oeil amusé, nos échanges de correspondances, en étant, sans le vouloir à l'origine, cela fait quelques années maintenant."
Tu le regretteras...
"Ecrivez. Conservez les lettres. Relisez les. Laissez-les travailler dans l'ombre. Votre, (Jean Cocteau.)
" - César, une lettre de Marius. Elle est lourde." (Marcel Pagnol)
Ce n'est pas parce qu'il n'est plus à France Inter que j'en oublie l'ami Jean-Charles Aschéro. En octobre 1999, il m'écrit :
"Un matin, c'était en 77, Gréco téléphone à la radio sur le coup de 4 heures du matin et me propose de venir prendre le petit déjeûner chez elle avant de rentrer chez moi. (...) je décline en prétextant la fatigue. (...) "Tu le regretteras" m'a dit Juliette. Eh bien j'ai été grandement puni dans ma fatuité d'homme, lorsque j'ai appris, quelques jours plus tard que Brel, qui plus est insomniaque, et qui aurait bien aimé me rencontrer, avait pris pension chez elle... C'était au moment où il enregistrait son dernier disque. Or, il lui avait fait promettre de ne pas signaler sa présence en ces lieux. De ne révéler à personne l'endroit où il se terrait. Soupçonnant même les journalistes d'avoir placé les lignes téléphoniques de ses amis sous écoute...
Bien fait pour moi !"
(A suivre.)
Joël Fauré.
que je ne connais pas très bien.
Mais quelqu'un qui partage la vie de celle qui m'a donné envie de créer un blog
et qui a rencontré Jean-Charles Aschéro ne doit pas être entièrement mauvais.
Une lettre qui a du cachet...
J'ai très bien connu Jacques Brel. Je lui ai même écrit une lettre, là bas, dans son île, en 1996. Comment ? Qu'est-ce que vous dites ? Qu'il était déjà mort ? Je voulais simplement m'en assurer. On vous dit n'importe quoi, à la télé, surtout place Esquirol à Toulouse. Je lui écrit : "Cher Jacques, voyons un peu si la Poste, même si tu n'es plus parmi nous, prend soin de toi. Je te serre cordialement la main." Je poste la lettre à Toulouse le 8 septembre 1996 et je l'adresse à "Monsieur Jacques Brel. Atuona. Iles Marquises. Polynésie Française." Je crois bon de rajouter en diagonale : "Faire suivre en cas de départ." Je n'oublie pas au dos la contre-adresse. Je colle un timbre de collection. Ca coûte pas plus cher et ça fait joli.
Quelques jours plus tard, la lettre m'est retournée. Au dos, il y a le cachet couronne qui dit dans son arrondi : "Atuona - Hiva-oa - Marquises" et sous une étoile sur deux lignes :
11 - 9
1996
Sur la face de l'enveloppe, l'adresse est rayée d'un grand trait rouge. Quel est l'homme de lettres de malheur qui a rajouté, toujours en rouge : "Décédé. Retour à l'envoyeur." ?
Correspondances.
J'entretiens, depuis bientôt vingt ans, avec Ludovique Lefrêne, depuis qu'elle a répondu à "Brel, poste restante", une relation épistolaire de belle qualité. Elle me parle de sa belle Bretagne, du gris, du vent, de la pluie, de nature, de tartes aux pommes et de rouges-gorges ; j'aime ses mots bleus, son bon sens, sa finesse d'esprit, sa sagesse et son élégance de propos. Je ne connais pas le son de sa voix. Je ne l'ai jamais vue. Quand je demande à mon père s'il y a du courrier, il me répond invaraiblement : "Y'a une lettre de cette femme qui t'écrit..."
Le 2 novembre 1999, elle me poste une lettre qui dit ceci :
"En ce début du mois de novembre, date particulière nous reliant plus fortement à ceux qui nous ont quittés,... pour toujours, je pense aussi, en ce moment, à Jacques Brel. De son coin du ciel, il doit observer, d'un oeil amusé, nos échanges de correspondances, en étant, sans le vouloir à l'origine, cela fait quelques années maintenant."
Tu le regretteras...
"Ecrivez. Conservez les lettres. Relisez les. Laissez-les travailler dans l'ombre. Votre, (Jean Cocteau.)
" - César, une lettre de Marius. Elle est lourde." (Marcel Pagnol)
Ce n'est pas parce qu'il n'est plus à France Inter que j'en oublie l'ami Jean-Charles Aschéro. En octobre 1999, il m'écrit :
"Un matin, c'était en 77, Gréco téléphone à la radio sur le coup de 4 heures du matin et me propose de venir prendre le petit déjeûner chez elle avant de rentrer chez moi. (...) je décline en prétextant la fatigue. (...) "Tu le regretteras" m'a dit Juliette. Eh bien j'ai été grandement puni dans ma fatuité d'homme, lorsque j'ai appris, quelques jours plus tard que Brel, qui plus est insomniaque, et qui aurait bien aimé me rencontrer, avait pris pension chez elle... C'était au moment où il enregistrait son dernier disque. Or, il lui avait fait promettre de ne pas signaler sa présence en ces lieux. De ne révéler à personne l'endroit où il se terrait. Soupçonnant même les journalistes d'avoir placé les lignes téléphoniques de ses amis sous écoute...
Bien fait pour moi !"
(A suivre.)
Joël Fauré.