26 juin 2007 2 26 /06 /juin /2007 16:26
Emmanuel Berl
C'était le mari de Mireille, du "Petit Conservatoire de la Chanson". Un être délicieux et fragile. Journaliste, historien. Quelqu'un qui s'appelle presque Brel ne peut être qu'attachant. De Mireille, Brel chantera "Ce petit chemin.... qui sent la noisette..."

Premières peurs.
"Chaque seconde est une peur qui croque le coeur entre ses dents..."

Premières frayeurs.
"Il faut trembler jusqu'à sa mort devant les femmes..."

Premières terreurs.
"Lors de la projection de mon film (Far-West), je serai terrorisé...

Premiers TOC
A ma connaissance, Brel n'a pas souffert de TOC. Pas d'obsessions, pas de compulsions...
Moi, si.

Jean d'Ormesson.

C'est l'histoire de deux académiciens qui se rencontrent.
L'un demande à l'autre des nouvelles d'un troisième.
"Il radote." répond le premier.
"Ah bon, il va mieux alors ?" reprend le second.
Jean Dutourd, de l'Académie Française, a éreinté Brel, dans une critique de "L' Homme de la Mancha", la comédie musicale donnée au Théâtre des Champs-Elysées. Il y parle de "bouillie sonore"...
Brel, tel la mule du pape, s'en souviendra quelques années plus tard. "Mes chansons me permettent d'exprimer certaines de mes indignations." se plaisait-il à dire. Ce qui est très commode, c'est qu'elles offrent aussi la possibilité de régler des comptes.
Dans "Knokke-le-Zoute", il écrit :
"Je la veux folle comme un travelo
Découverte de vieux rideaux
Mais cependant évanescente
Elle m'attendrait depuis toujours
Cerclée de serpents et de plantes
Parmi les livres de Dutourd."
Quand à moi, qui suis resté toujours aussi fier, j'écris à Jean d'Ormesson ceci :
"LETTRE A MONSIEUR JEAN D'ORMESSON (de l'ACADEMIE FRANCAISE)
Ma lettre sera courte. Elle comporte 8 phrases.
1) J'ai lu quelque part que vous ne répondiez qu'aux femmes et aux fous.
2) Je suis fou.
3) Je vous admire.
4) J'écris.
5) Je vous envoie mes écrits.
6) Qu'en pensez-vous ? (Fond et forme)
7) J'ai un rêve : être publié.
8) Me répondrez-vous ?"
Je joins à mon envoi un manuscrit et un grand papier que m'a consacré "La Dépêche du Midi" sous la plume de Sylvie Roux : "Les TOC, c'est une vraie saloperie."
Moins de 48 heures après, j'ai un message de Jean d'Ormesson sur mon répondeur :
"Bonjour monsieur, c'est Jean d'Ormesson.
Merci de votre lettre et de votre manuscrit. Moi aussi, j'ai un TOC. C'est le même que Eric Satie, c'est le courrier. Je reçois 100 lettres par jour et des manuscrits par dizaines que je ne peux pas seulement lire. Vous me dites que vous voulez être publié, mais il n'y a qu'un moyen pour être publié : c'est d'envoyer des manuscrits à des maisons d'édition. Je ne suis pas éditeur. Je ne suis pas critique. Il m'a semblé que vos écrits, c'était très séduisant. J'en ai 80 ou 100 que je ne peux pas lire, malheureusement. J'essaierai de vous rappeler pour échanger quelques mots avec vous. Merci en tous cas et au revoir."

(A suivre.)

Joël Fauré

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commentaires

A
L'attente brève, la longue attente, la grive sur la grève, une main rougissante...
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J
Camille :Une grive musicienne, un peu fée, a hier soir détourné ma main vers elle... Je me suis laissé faire...<br /> La grosse artillerie lourde d'Internet n'a pas voulu de ma subtilité rougissante ce soir : aussi, les brèves le resteront, inédites donc attendues ?
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C
Et bien, je vous ai attendu hier, mais que n' avez-vous écrit sur votre écritoire? Sans lecture, je me suis retranchée dans les pages roses d' Henry Miller: "Lire aux cabinets". Connaissez-vous? N'y a-t-il pas de brève Brève ce soir? Exigeante, Camille?
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