27 juin 2007
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17:12
A Patrick Bardet et Roger Borlant
qui ont redonné vie à Goudouli et Calas
de magistrale manière.
De quelques statues Toulousaines qui pourraient bien être Bruxelloises.
Place du Salin à Toulouse, la statue du Jurisconsulte Jacques Cujas le représente en pied, un livre ouvert à la main, un pied posé sur un autre livre. Cujas ne devait pas plaisanter avec le droit Grec et Romain. Quand les avocats Toulousains sont en colère, ils vont bander les yeux de bronze de Cujas.
Square Wilson à Toulouse, la statue du poète Occitan Goudouli le représente assis sur un petit promontoire, un livre ouvert posé près de lui, ses doigts en guise de marque-page. A ses pieds, soumise et alanguie, il y a sa muse Leiris. Tout autour, il y a la flotte municipale en jets d'eau continus... Un gingko biloba, l'arbre aux quarante écus, dispense un ombrage parfois nauséabond...
Dans le presbytère de Labastide-de-Besplas, chez son ami Casy Rivière, Brel, bien vivant, saisit dans le bibliothèque un livre de Francis Jammes, et déclame du Francis Jammes. Casy lui dit : "Tu devrais mettre en musique des paroles de Jammes ; ça aiderait sa veuve..."
Brel n'est statufié nulle part. Et c'est beaucoup mieux ainsi... Souvenez-vous qu'il avait menacé : "J'aimerais tenir l'enfant de salaud qui a fait graver sous ma statue : il est mort comme un héros, il est mort comme on ne meurt plus."
Lorsque vous voyez une statue équestre, si le cheval a ses deux jambes avant en l'air, c'est que le personnage représenté est mort au combat.
Si une seule jambe est en l'air, il est mort des suites de ses blessures reçues au combat.
Si les quatre jambes sont au sol, il est mort de cause naturelle.
Venez-donc à Toulouse voir de vous-même la statue équestre de Jeanne d'Arc, sur la place du même nom...
Cas de conscience : si on vous demande de statufier Brel sur un cheval, que faites-vous ?
Vitrines.
A Toulouse, il y a une boutique qui me fait bien rire. En vitrine, des stylos sont à vendre : 200 €, 300 €...
C'est dingue ! Moi, je m'en fous, je n'aime et n'utilise que des stylos publicitaires.
A Toulouse, il y a une boutique qui me fait envie. En vitrine, un modèle de bottes-cuissardes très fines, très hautes est à emporter contre 290 €... Ca me fait rêver... Hommage à cette boutique, hommage aux femmes qui porteront ces bottes... (Ce n'est pas elles qui porteront ces bottes, ce sont ces bottes qui les porteront...), plaisir aux hommes qui les verront portées...
A Toulouse, il y a une boutique qui me rend marri : on y voit des robes de mariées...
A Toulouse, il y a une boutique qui me réconcilie avec la vie : celle du disquaire d'occasion du coin de ma rue. En vitrine, on y trouve des disques de Brel à partir de pas très cher...
Pourquoi ont-ils tué Calas ?
Calas n'a pas sa statue, mais il a sa maison. "L'affaire Calas" a "effrayé" la chronique au XVIIIe siècle. Jean Calas était un drapier Toulousain au 50 de la rue des Filatiers, protestant, accusé d'avoir tué son fils Marc-Antoine, qui voulait se convertir au catholicisme.
En fait, m'est avis que Marc-Antoine avait d'autres Saints à fouetter. Il passait beaucoup de son temps à flamber son argent au jeu, rue des Quatre-Billards. Son père fut donc jugé au chef d'assassinat et condamné à mort. Il a été supplicié, écratelé sur la roue, Place Saint-Georges, en 1762. Voltaire mit toute sa verve pour stigmatiser cette erreur judiciaire qui a traversé les siècles, ce qui contribua à la réhabilitation de Calas.
Brel, grand pourfendeur d'injustice aurait sans doute fait pareil. Du reste, dans le film"Les risques du métier", il y est fait allusion. L'histoire a la fâcheuse tendance à se renouveler.
"Quand à l'ami Jojo, il se prend pour Voltaire..."
Pour mieux défendre ce vrai-faux incroyant qu'était Brel ?
Hier soir...
ce salaud de Brel m'a encore fait chialer... Tout ça parce qu'il a pensé à écrire avant moi : "Je ne rentre plus nulle part, je m'habille de nos rêves... Orphelin jusqu'aux lèvres mais heureux de savoir que je te viens déjà..."
(A suivre)
Joël Fauré
-----
Brèves:
BOTTES A VENDRE, GRANDE POINTURE
1995. Alain Juppé est alors Premier Ministre. Son plan de réforme de la Sécurité Sociale est loin de faire l'unanimité. Grèves, manifestations et défiles grossissent dans les rues de France. Malgré l'agitation sociale, le Premier Ministre se veut inébranlable : "Je reste droit dans mes bottes." lance-t-il.
L'espression lui restera collée à la peau des talons.
Puis Juppé connaît une première traversée du désert. Dans son "numéro zéro", "A propos de Bottes" alors sous la forme d'un fanzine, rappelle le mot historique, et publie deux dessins de presse de même inspiration, l'un de Willem (Libé), l'autre de Jiho (La Dépêche du Midi) On y voit Juppé tombé à la renverse, cul par dessus tête, les bottes faisant office de chapeau ! Dans le numéro suivant, Willem honore "A propos de bottes" dans sa colonne très lue -et hélas aujourd'hui disparue- "Images" en ces termes : "Il y a un journal qui parle encore de Juppé. Mais c'est le nouveau fanzine fétichiste "A propos de bottes" et c'est à propos de... Droit dans mes bottes."
On connaît la suite : un parcours en pointillé pour cet homme, chouchou de Chirac, réputé froid, mouillé dans des affaires d'emplois fictifs, et même exilé outre-Manche. "considéré par tous comme une parfaite machine intellectuelle et par beaucoup comme un homme d'état en acier galvanisé, avec cette roideur gaullienne..." comme l'écrit Jean-Claude Souléry dans "La Dépêche du Dimanche."
Bref, on se réjouissait presque de le voir réhabilité, blanchi et de nouveau chaussé de belles bottes noires...
Et patatras... Il faut croire qu'il y a des gens maudits, malchanceux, à qui les bottes donnent mauvais genre.
Le maire de Bordeaux, promu numéro 2 du gouvernement Fillon 1, s'est vu battu à plate-couture aux Législatives par Michèle Delaunay, la candidate de l'opposition, une dermatologue au CHU de Bordeaux, peut-être spécialiste des cors aux pieds.
En découle la démission de Juppé, et le retour en force des fameuses bottes.
Du même Jean-Claude Souléry, dans "La Dépêche du dimanche" (24 juin 2007), on peut lire : Etonnamment navré de tous ceux qui pensaient qu'il [Alain Juppé] avait assoupli le cuir de ses bottes."
Et lire encore hier dans le portrait de "la Petite Poucette retirant les bottes de sept lieues de l'ogre Juppé" en quatre de couverture de Libé titré : "Juppé au débotté"
*
Y'A PAS D'AGE
Je vous parle d'un temps que les moins de 46 ans ne peuvent pas connaître.
Tous les espoirs sont permis aux quinquas en gésine. Maurane, que j'aime beaucoup, vient d'affirmer : "A 46 ans, je m'accepte enfin."
*
UN PEU DE FINESSE ET DE DISCERNEMENT DANS CE MONDE DE BRUTES
Il y a des jours où, comme San-Antonio (Frédéric Dard), je suis fâché avec le genre humain, et puis il y a des jours comme aujourd'hui où le côtoyer me réconcilie avec lui ; où la lucidité, la réflexion compensent la pléthore de bêtise.
Un grand merci à Camille d'avoir écrit ça :
"J'ai un ami à Toulouse qui souffre de TOC, et qui m'a souvent dit : "Tu sais, Camille, j'ai bien failli être clochard." Sa scolarité s'est arrêtée à la troisième, sa famille ne l'a jamais compris, sa grande fatigue et ses blocages dûs aux TOC (impossibilité de toucher les choses, de ranger, de nettoyer, d'entreprendre sans de longs rituels ou des évitements) l'ont fait passer pour un "fainéant" et le "protégé" de sa mère car il est resté jusqu'à 30 ans à la maison ; sa grande timidité l'a empêché d'être à l'aise en compagnie des filles et à l'heure actuelle, il vit seul. Mais entre temps, il a fait connaître sa maladie et il s'est battu pour être reconnu comme quelqu'un de bien, ce qu'il est tout à fait d'ailleurs."
Un grand merci à Aurora d'avoir écrit ça :
(...) "La danse de Saint-Guy étant l'appellation populaire de la Chorée de Hutington, je ne me permettrai jamais de faire un texte frivole jouant sur le nom d'une telle maladie.
Une simple histoire de respect, quoi..."
Tout n'est pas pas vraiment foutu au royaume de France.
JF
qui ont redonné vie à Goudouli et Calas
de magistrale manière.
De quelques statues Toulousaines qui pourraient bien être Bruxelloises.
Place du Salin à Toulouse, la statue du Jurisconsulte Jacques Cujas le représente en pied, un livre ouvert à la main, un pied posé sur un autre livre. Cujas ne devait pas plaisanter avec le droit Grec et Romain. Quand les avocats Toulousains sont en colère, ils vont bander les yeux de bronze de Cujas.
Square Wilson à Toulouse, la statue du poète Occitan Goudouli le représente assis sur un petit promontoire, un livre ouvert posé près de lui, ses doigts en guise de marque-page. A ses pieds, soumise et alanguie, il y a sa muse Leiris. Tout autour, il y a la flotte municipale en jets d'eau continus... Un gingko biloba, l'arbre aux quarante écus, dispense un ombrage parfois nauséabond...
Dans le presbytère de Labastide-de-Besplas, chez son ami Casy Rivière, Brel, bien vivant, saisit dans le bibliothèque un livre de Francis Jammes, et déclame du Francis Jammes. Casy lui dit : "Tu devrais mettre en musique des paroles de Jammes ; ça aiderait sa veuve..."
Brel n'est statufié nulle part. Et c'est beaucoup mieux ainsi... Souvenez-vous qu'il avait menacé : "J'aimerais tenir l'enfant de salaud qui a fait graver sous ma statue : il est mort comme un héros, il est mort comme on ne meurt plus."
Lorsque vous voyez une statue équestre, si le cheval a ses deux jambes avant en l'air, c'est que le personnage représenté est mort au combat.
Si une seule jambe est en l'air, il est mort des suites de ses blessures reçues au combat.
Si les quatre jambes sont au sol, il est mort de cause naturelle.
Venez-donc à Toulouse voir de vous-même la statue équestre de Jeanne d'Arc, sur la place du même nom...
Cas de conscience : si on vous demande de statufier Brel sur un cheval, que faites-vous ?
Vitrines.
A Toulouse, il y a une boutique qui me fait bien rire. En vitrine, des stylos sont à vendre : 200 €, 300 €...
C'est dingue ! Moi, je m'en fous, je n'aime et n'utilise que des stylos publicitaires.
A Toulouse, il y a une boutique qui me fait envie. En vitrine, un modèle de bottes-cuissardes très fines, très hautes est à emporter contre 290 €... Ca me fait rêver... Hommage à cette boutique, hommage aux femmes qui porteront ces bottes... (Ce n'est pas elles qui porteront ces bottes, ce sont ces bottes qui les porteront...), plaisir aux hommes qui les verront portées...
A Toulouse, il y a une boutique qui me rend marri : on y voit des robes de mariées...
A Toulouse, il y a une boutique qui me réconcilie avec la vie : celle du disquaire d'occasion du coin de ma rue. En vitrine, on y trouve des disques de Brel à partir de pas très cher...
Pourquoi ont-ils tué Calas ?
Calas n'a pas sa statue, mais il a sa maison. "L'affaire Calas" a "effrayé" la chronique au XVIIIe siècle. Jean Calas était un drapier Toulousain au 50 de la rue des Filatiers, protestant, accusé d'avoir tué son fils Marc-Antoine, qui voulait se convertir au catholicisme.
En fait, m'est avis que Marc-Antoine avait d'autres Saints à fouetter. Il passait beaucoup de son temps à flamber son argent au jeu, rue des Quatre-Billards. Son père fut donc jugé au chef d'assassinat et condamné à mort. Il a été supplicié, écratelé sur la roue, Place Saint-Georges, en 1762. Voltaire mit toute sa verve pour stigmatiser cette erreur judiciaire qui a traversé les siècles, ce qui contribua à la réhabilitation de Calas.
Brel, grand pourfendeur d'injustice aurait sans doute fait pareil. Du reste, dans le film"Les risques du métier", il y est fait allusion. L'histoire a la fâcheuse tendance à se renouveler.
"Quand à l'ami Jojo, il se prend pour Voltaire..."
Pour mieux défendre ce vrai-faux incroyant qu'était Brel ?
Hier soir...
ce salaud de Brel m'a encore fait chialer... Tout ça parce qu'il a pensé à écrire avant moi : "Je ne rentre plus nulle part, je m'habille de nos rêves... Orphelin jusqu'aux lèvres mais heureux de savoir que je te viens déjà..."
(A suivre)
Joël Fauré
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Brèves:
BOTTES A VENDRE, GRANDE POINTURE
1995. Alain Juppé est alors Premier Ministre. Son plan de réforme de la Sécurité Sociale est loin de faire l'unanimité. Grèves, manifestations et défiles grossissent dans les rues de France. Malgré l'agitation sociale, le Premier Ministre se veut inébranlable : "Je reste droit dans mes bottes." lance-t-il.
L'espression lui restera collée à la peau des talons.
Puis Juppé connaît une première traversée du désert. Dans son "numéro zéro", "A propos de Bottes" alors sous la forme d'un fanzine, rappelle le mot historique, et publie deux dessins de presse de même inspiration, l'un de Willem (Libé), l'autre de Jiho (La Dépêche du Midi) On y voit Juppé tombé à la renverse, cul par dessus tête, les bottes faisant office de chapeau ! Dans le numéro suivant, Willem honore "A propos de bottes" dans sa colonne très lue -et hélas aujourd'hui disparue- "Images" en ces termes : "Il y a un journal qui parle encore de Juppé. Mais c'est le nouveau fanzine fétichiste "A propos de bottes" et c'est à propos de... Droit dans mes bottes."
On connaît la suite : un parcours en pointillé pour cet homme, chouchou de Chirac, réputé froid, mouillé dans des affaires d'emplois fictifs, et même exilé outre-Manche. "considéré par tous comme une parfaite machine intellectuelle et par beaucoup comme un homme d'état en acier galvanisé, avec cette roideur gaullienne..." comme l'écrit Jean-Claude Souléry dans "La Dépêche du Dimanche."
Bref, on se réjouissait presque de le voir réhabilité, blanchi et de nouveau chaussé de belles bottes noires...
Et patatras... Il faut croire qu'il y a des gens maudits, malchanceux, à qui les bottes donnent mauvais genre.
Le maire de Bordeaux, promu numéro 2 du gouvernement Fillon 1, s'est vu battu à plate-couture aux Législatives par Michèle Delaunay, la candidate de l'opposition, une dermatologue au CHU de Bordeaux, peut-être spécialiste des cors aux pieds.
En découle la démission de Juppé, et le retour en force des fameuses bottes.
Du même Jean-Claude Souléry, dans "La Dépêche du dimanche" (24 juin 2007), on peut lire : Etonnamment navré de tous ceux qui pensaient qu'il [Alain Juppé] avait assoupli le cuir de ses bottes."
Et lire encore hier dans le portrait de "la Petite Poucette retirant les bottes de sept lieues de l'ogre Juppé" en quatre de couverture de Libé titré : "Juppé au débotté"
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Y'A PAS D'AGE
Je vous parle d'un temps que les moins de 46 ans ne peuvent pas connaître.
Tous les espoirs sont permis aux quinquas en gésine. Maurane, que j'aime beaucoup, vient d'affirmer : "A 46 ans, je m'accepte enfin."
*
UN PEU DE FINESSE ET DE DISCERNEMENT DANS CE MONDE DE BRUTES
Il y a des jours où, comme San-Antonio (Frédéric Dard), je suis fâché avec le genre humain, et puis il y a des jours comme aujourd'hui où le côtoyer me réconcilie avec lui ; où la lucidité, la réflexion compensent la pléthore de bêtise.
Un grand merci à Camille d'avoir écrit ça :
"J'ai un ami à Toulouse qui souffre de TOC, et qui m'a souvent dit : "Tu sais, Camille, j'ai bien failli être clochard." Sa scolarité s'est arrêtée à la troisième, sa famille ne l'a jamais compris, sa grande fatigue et ses blocages dûs aux TOC (impossibilité de toucher les choses, de ranger, de nettoyer, d'entreprendre sans de longs rituels ou des évitements) l'ont fait passer pour un "fainéant" et le "protégé" de sa mère car il est resté jusqu'à 30 ans à la maison ; sa grande timidité l'a empêché d'être à l'aise en compagnie des filles et à l'heure actuelle, il vit seul. Mais entre temps, il a fait connaître sa maladie et il s'est battu pour être reconnu comme quelqu'un de bien, ce qu'il est tout à fait d'ailleurs."
Un grand merci à Aurora d'avoir écrit ça :
(...) "La danse de Saint-Guy étant l'appellation populaire de la Chorée de Hutington, je ne me permettrai jamais de faire un texte frivole jouant sur le nom d'une telle maladie.
Une simple histoire de respect, quoi..."
Tout n'est pas pas vraiment foutu au royaume de France.
JF