28 juin 2007
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Photocopieur ou photocopieuse ?
Si mon livre, je veux parler de celui-là, que vous tenez entre les mains, n'avait pas été "pris" par un éditeur, composé, ajusté en pages bien rectilignes, imprimé, relié, massicoté, transporté, diffusé, empilé, je crois que j'aurais continué à faire ce que j'ai toujours fait avec mes écrits, depuis que personne n'en veut : j'aurais continué à photocopier mes feuillets A4, 21 par 29,7 cm, 80 grammes au mètre carré sur cette merveilleuse invention qu'est la machine à photocopier...
Le photocopieur... La photocopieuse...
Comment doit-on dire exactement ? Je n'ai jamais su s'il fallait dire "un" photocopieur ou "une" photocopieuse. Il est vrai que l'on n'a jamais vu l'engin dans le plus simple appareil...
Les fiches d'archives du Figaro.
C'est un document étonnant. Une mine. Une somme. Ce sont les fiches d'archives du "Figaro" consacrées à Jacques Brel. Je les avais obtenues du journal, suite à une lettre que j'avais adressée, demandeuse de coupures de presse. Ecrites à la main, renseignées au jour le jour, elles attestent du temps pas si lointain où les bureaux des rédactions n'étaient pas équipées d'ordinateurs.
Elle se présentent impeccablement tenues, en diverses rubriques qui permettent un repérage immédiat : date, colonne, page, éditions, sujet et auteur.
On peut lire :
Au 29/4/61 : serait heureux si vous l'aidiez à retrouver sa voiture volée à Paris.
Le 16/1/64 : A perdu volontairement 60 anciens millions de francs en prêtant son concours à des galas de bienfaisance.
Le 9/12/64 : Va faire ses débuts d'acteur dans la Métamorphose des Cloportes.
Le 5/11/65 : quand il chante le public russe pleure sans comprendre.
Le 9/11/66 : A consacré son dernier dîner parisien à F. Mitterrand.
Le 16/1/67 : menacé d'un attentat à la grenade.
Le 18/9/71 : Interprètera un pilote de guerre ds L'Equipage" film Ed. Molinaro.
Le 11/2/75 : rumeurs inquiétantes sur sa santé.
Le 22/2/75 : serait hospitalisé sous un nom d'emprunt à la Guadeloupe.
Le 10/10/78 : est mort hier. Brel, un Céline de la poésie.
Tango.
"Le tango est une pensée triste qui se danse." Figure lascive, longtemps interdite par la papauté, Brel a utilisé cette danse dans plusieurs de ses chansons : "Tango funèbre", "Rosa"...
Toulouse et Buenos Aires se disputent le cadavre de Carlos Gardel, le père incontesté de ces pas croisés et comptés...
Brel et moi partageons le même complexe : dès qu'il s'agit de jouer les ours savants et de se déhancher sur des rythmes de nos latitudes ou tropicaux, nous aimerions devenir des lapins et détaler dans la nature...
Sans pompes.
Si j'en crois ce qu'écrit Maddly dans un de ses livres ("Pour le jour qui revient", page 34) , Brel a été enterré sans chaussures. (Est-ce invérifiable ?)
Par contre, il se dit que les ongles de Napoléon continuaient de pousser après sa mort, perçant le cuir de ses bottes. (Est-ce vérifiable ?) Est-ce -pour rejoindre et pardodier Nougaro- "la Corse en lui qui pousse un peu sa corne" ?
(A suivre)
Joël Fauré
-----
Brèves :
FONDS DE CALLE (Suite)
Petite piqûre de rappel : la ligne B du métro toulousain sera opérationnelle samedi 30 juin. De nombreuses animations sont prévues dans toutes les stations, et une belle et riche idée viendra couronner la soirée "escalator-portes palières-coucou, c'est moi, fais ta photo sur ton portable" : un concert en plein air donné "seulement" par l'Orchestre National du Capitole, sur la place du même nom.
Les moins oublieux d'entre vous se souviennent que j'ai donné un petit coup de projecteur sur la station "Jeanne d'Arc" dans mes "brèves" du 21 juin.
Sophie Calle a installé sa contribution artistique : de quoi faire écran à nos petites indifférences et à nos grands hasards et circonstances. "Transports amoureux" et "messages personnels" défileront de manière moderne et pixelisée pour que l'attente et la "station debout" soient moins pénibles, surtout si Cupidon et ses flèches se décide à prendre le métro.
Pour rappel encore, j'avais donc déposé au portail qui acceuille les messages (www.transport-amoureux.vu) ceci :
"Au théâtre Carpe Diem -à moins que ce ne soit dans cette rame-, je vous ai vue, glissée dans de hautes bottes de cuir noir. Je dois être fétichiste. Je suis devenu aussi fou que Maupassant. Il faut absolument que je vous retrouve. Sinon, j'en mourrais peut-être. Si vous vous reconnaissez -et même si vous ne vous reconnaisssez pas- :..." Suit mon adresse électronique.
J'ai eu le bonheur d'avoir confirmation que "mon message a bien été accepté. Il sera diffusé du 24/06/2007 au 01/07/2007.
Pour les adeptes de détail, je reprendrai les termes du site où vous pouvez, vous aussi, laisser votre message (par exemple si vous êtes "la fille aux hautes bottes noires" que je recherche.) :
"Pour démarrer le site, des messages ont été empruntés à la rubrique des petites annonces de diverses publications (principalement à celle du quotidien Libération).
Ils apparaissent en vert.
Les textes envoyés dès la mise en service de la messagerie apparaîtront en rose.
Vous m'en voyez tout rose de confusion...
Vous croyez que j'ai quelque chance de retrouver "la fille aux hautes bottes" ?
*
Comment faut-il s'y prendre ?
Pour me rendre à mon tavail, je suis tenu de longer une rue où, tous les trois mètres, un SDF, avec même gestuelle et même langage automatiques, me réclame un peu de sous. Parfois, je donne, mais je ne peux donner à tout le monde, sinon je vais me retrouver à leur place (et on sait, si on lit ces lignes, que la chose aurait très bien pu m'arriver...) Bon, ceci dit, on ne peut pas porter la misère du monde.
Quand je ne donne pas de manière sonnante et trébuchante, je me fais un point d'honneur à donner un grand sourire, accompagné d'un hochement de tête, que j'agrémente d'un "Bonne journée". C'est le moins...
C'est ce que j'ai fait ce matin-même.
J'avais fait à peine trois pas que j'ai entendu derrière moi mon sourire et mon "Bonne journée" accueillis par un sonore "Connard" !
Il y a quelques semaines, j'avais voulu prendre le temps de m'arrêter et d'engager la conversation avec un clochard. J'ai voulu lui demander : "Et vous n'aimeriez pas travailler ?" Il l'a très mal pris... s'est renfrogné et m'a invité à "foutre le camp."
Tout est question d'interprétation, peut-être ?
Je ne sais plus comment m'y prendre... J'en viens même à me demander si je vais pas prendre ma carte à l'UMP... Vous savez : génération gagnant, triomphe de l'argent-roi, etc... Dites moi qu'il ne faut pas le faire...
*
J'aime bien le jeudi : c'est le jour des suppléments littéraires dans les journaux.
Il vous est interdit de ne pas jeter un oeil sur le supplément "Livres" encarté dans Libé aujourd'hui. Si vous n'êtes pas séduit par maquette, textes et photos, je désespère de vous. "Rencontrer des personnages." "Tomber amoureux d'un écrivain." "Apprendre à parler à une pierre." "Voyager sans partir." Et "s'émouvoir d'histoires de cul." Vous aurez droit au chapitre que vous voudrez.
Et pour ne pas paraître trop sectaire ("L'art est-il de droite ou de gauche" m'a demandé ce matin mon marchand de journaux), feuilletez donc aussi "Le Figaro Littéraire" où l'on se souvient du génial Vauban (Quand j'ai fait "mes classes" dans le 32e régiment de génie de Khel, on nous faisait chanter : "Héritiers de Vauban / Nous sommes les sapeurs / On dit de nous souvent / Que nous avons du coeur."), Vauban à qui l'on ne doit que quelques villes, et quelques ponts ! (La gravure qui le représente chaussé de bottes "à chaudron" ergotées d'un éperon de fer ne me déplaît pas.)
Deux pages plus loin, j'ai photocopié quelques lignes qui tiennent sur 15 cm, mais qui m'ont passionné.
Il est question du fameux "syndrome de Stendhal" ou "syndrome du voyageur".
Tout a commencé à cause de l'auteur du "Rouge et du noir", au cours d'un voyage en Italie :
"En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur ; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber." Stendhal s'assoira alors sur un banc, lira un poème pour se remettre ; cet esthète avait été submergé par une trop forte émotion et une concentration de beautés.
Et le phénomène s'est reproduit pour d'autres "âmes sensibles" qui le savent, mais ne peuvent s'abstenir de s'imprégner de beauté. Une psychiatre florentine, Graziella Magherini, s'est même penchée avec sérieux sur ces cas.
J'avais très envie d'en savoir un peu plus sur le phénomène. Voici chose faite avec "Le syndrome du voyageur" de Stendhal, Magellan et Cie, 50 pages, 6 €.
Si mon livre, je veux parler de celui-là, que vous tenez entre les mains, n'avait pas été "pris" par un éditeur, composé, ajusté en pages bien rectilignes, imprimé, relié, massicoté, transporté, diffusé, empilé, je crois que j'aurais continué à faire ce que j'ai toujours fait avec mes écrits, depuis que personne n'en veut : j'aurais continué à photocopier mes feuillets A4, 21 par 29,7 cm, 80 grammes au mètre carré sur cette merveilleuse invention qu'est la machine à photocopier...
Le photocopieur... La photocopieuse...
Comment doit-on dire exactement ? Je n'ai jamais su s'il fallait dire "un" photocopieur ou "une" photocopieuse. Il est vrai que l'on n'a jamais vu l'engin dans le plus simple appareil...
Les fiches d'archives du Figaro.
C'est un document étonnant. Une mine. Une somme. Ce sont les fiches d'archives du "Figaro" consacrées à Jacques Brel. Je les avais obtenues du journal, suite à une lettre que j'avais adressée, demandeuse de coupures de presse. Ecrites à la main, renseignées au jour le jour, elles attestent du temps pas si lointain où les bureaux des rédactions n'étaient pas équipées d'ordinateurs.
Elle se présentent impeccablement tenues, en diverses rubriques qui permettent un repérage immédiat : date, colonne, page, éditions, sujet et auteur.
On peut lire :
Au 29/4/61 : serait heureux si vous l'aidiez à retrouver sa voiture volée à Paris.
Le 16/1/64 : A perdu volontairement 60 anciens millions de francs en prêtant son concours à des galas de bienfaisance.
Le 9/12/64 : Va faire ses débuts d'acteur dans la Métamorphose des Cloportes.
Le 5/11/65 : quand il chante le public russe pleure sans comprendre.
Le 9/11/66 : A consacré son dernier dîner parisien à F. Mitterrand.
Le 16/1/67 : menacé d'un attentat à la grenade.
Le 18/9/71 : Interprètera un pilote de guerre ds L'Equipage" film Ed. Molinaro.
Le 11/2/75 : rumeurs inquiétantes sur sa santé.
Le 22/2/75 : serait hospitalisé sous un nom d'emprunt à la Guadeloupe.
Le 10/10/78 : est mort hier. Brel, un Céline de la poésie.
Tango.
"Le tango est une pensée triste qui se danse." Figure lascive, longtemps interdite par la papauté, Brel a utilisé cette danse dans plusieurs de ses chansons : "Tango funèbre", "Rosa"...
Toulouse et Buenos Aires se disputent le cadavre de Carlos Gardel, le père incontesté de ces pas croisés et comptés...
Brel et moi partageons le même complexe : dès qu'il s'agit de jouer les ours savants et de se déhancher sur des rythmes de nos latitudes ou tropicaux, nous aimerions devenir des lapins et détaler dans la nature...
Sans pompes.
Si j'en crois ce qu'écrit Maddly dans un de ses livres ("Pour le jour qui revient", page 34) , Brel a été enterré sans chaussures. (Est-ce invérifiable ?)
Par contre, il se dit que les ongles de Napoléon continuaient de pousser après sa mort, perçant le cuir de ses bottes. (Est-ce vérifiable ?) Est-ce -pour rejoindre et pardodier Nougaro- "la Corse en lui qui pousse un peu sa corne" ?
(A suivre)
Joël Fauré
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Brèves :
FONDS DE CALLE (Suite)
Petite piqûre de rappel : la ligne B du métro toulousain sera opérationnelle samedi 30 juin. De nombreuses animations sont prévues dans toutes les stations, et une belle et riche idée viendra couronner la soirée "escalator-portes palières-coucou, c'est moi, fais ta photo sur ton portable" : un concert en plein air donné "seulement" par l'Orchestre National du Capitole, sur la place du même nom.
Les moins oublieux d'entre vous se souviennent que j'ai donné un petit coup de projecteur sur la station "Jeanne d'Arc" dans mes "brèves" du 21 juin.
Sophie Calle a installé sa contribution artistique : de quoi faire écran à nos petites indifférences et à nos grands hasards et circonstances. "Transports amoureux" et "messages personnels" défileront de manière moderne et pixelisée pour que l'attente et la "station debout" soient moins pénibles, surtout si Cupidon et ses flèches se décide à prendre le métro.
Pour rappel encore, j'avais donc déposé au portail qui acceuille les messages (www.transport-amoureux.vu) ceci :
"Au théâtre Carpe Diem -à moins que ce ne soit dans cette rame-, je vous ai vue, glissée dans de hautes bottes de cuir noir. Je dois être fétichiste. Je suis devenu aussi fou que Maupassant. Il faut absolument que je vous retrouve. Sinon, j'en mourrais peut-être. Si vous vous reconnaissez -et même si vous ne vous reconnaisssez pas- :..." Suit mon adresse électronique.
J'ai eu le bonheur d'avoir confirmation que "mon message a bien été accepté. Il sera diffusé du 24/06/2007 au 01/07/2007.
Pour les adeptes de détail, je reprendrai les termes du site où vous pouvez, vous aussi, laisser votre message (par exemple si vous êtes "la fille aux hautes bottes noires" que je recherche.) :
"Pour démarrer le site, des messages ont été empruntés à la rubrique des petites annonces de diverses publications (principalement à celle du quotidien Libération).
Ils apparaissent en vert.
Les textes envoyés dès la mise en service de la messagerie apparaîtront en rose.
Vous m'en voyez tout rose de confusion...
Vous croyez que j'ai quelque chance de retrouver "la fille aux hautes bottes" ?
*
Comment faut-il s'y prendre ?
Pour me rendre à mon tavail, je suis tenu de longer une rue où, tous les trois mètres, un SDF, avec même gestuelle et même langage automatiques, me réclame un peu de sous. Parfois, je donne, mais je ne peux donner à tout le monde, sinon je vais me retrouver à leur place (et on sait, si on lit ces lignes, que la chose aurait très bien pu m'arriver...) Bon, ceci dit, on ne peut pas porter la misère du monde.
Quand je ne donne pas de manière sonnante et trébuchante, je me fais un point d'honneur à donner un grand sourire, accompagné d'un hochement de tête, que j'agrémente d'un "Bonne journée". C'est le moins...
C'est ce que j'ai fait ce matin-même.
J'avais fait à peine trois pas que j'ai entendu derrière moi mon sourire et mon "Bonne journée" accueillis par un sonore "Connard" !
Il y a quelques semaines, j'avais voulu prendre le temps de m'arrêter et d'engager la conversation avec un clochard. J'ai voulu lui demander : "Et vous n'aimeriez pas travailler ?" Il l'a très mal pris... s'est renfrogné et m'a invité à "foutre le camp."
Tout est question d'interprétation, peut-être ?
Je ne sais plus comment m'y prendre... J'en viens même à me demander si je vais pas prendre ma carte à l'UMP... Vous savez : génération gagnant, triomphe de l'argent-roi, etc... Dites moi qu'il ne faut pas le faire...
*
J'aime bien le jeudi : c'est le jour des suppléments littéraires dans les journaux.
Il vous est interdit de ne pas jeter un oeil sur le supplément "Livres" encarté dans Libé aujourd'hui. Si vous n'êtes pas séduit par maquette, textes et photos, je désespère de vous. "Rencontrer des personnages." "Tomber amoureux d'un écrivain." "Apprendre à parler à une pierre." "Voyager sans partir." Et "s'émouvoir d'histoires de cul." Vous aurez droit au chapitre que vous voudrez.
Et pour ne pas paraître trop sectaire ("L'art est-il de droite ou de gauche" m'a demandé ce matin mon marchand de journaux), feuilletez donc aussi "Le Figaro Littéraire" où l'on se souvient du génial Vauban (Quand j'ai fait "mes classes" dans le 32e régiment de génie de Khel, on nous faisait chanter : "Héritiers de Vauban / Nous sommes les sapeurs / On dit de nous souvent / Que nous avons du coeur."), Vauban à qui l'on ne doit que quelques villes, et quelques ponts ! (La gravure qui le représente chaussé de bottes "à chaudron" ergotées d'un éperon de fer ne me déplaît pas.)
Deux pages plus loin, j'ai photocopié quelques lignes qui tiennent sur 15 cm, mais qui m'ont passionné.
Il est question du fameux "syndrome de Stendhal" ou "syndrome du voyageur".
Tout a commencé à cause de l'auteur du "Rouge et du noir", au cours d'un voyage en Italie :
"En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur ; la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber." Stendhal s'assoira alors sur un banc, lira un poème pour se remettre ; cet esthète avait été submergé par une trop forte émotion et une concentration de beautés.
Et le phénomène s'est reproduit pour d'autres "âmes sensibles" qui le savent, mais ne peuvent s'abstenir de s'imprégner de beauté. Une psychiatre florentine, Graziella Magherini, s'est même penchée avec sérieux sur ces cas.
J'avais très envie d'en savoir un peu plus sur le phénomène. Voici chose faite avec "Le syndrome du voyageur" de Stendhal, Magellan et Cie, 50 pages, 6 €.