1 juillet 2007
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16:13
A la mémoire d'Edouard Caillau.
Canal.
Ce fameux canal perdu et pendu du "Plat Pays" semble être le même qui dans "Bruxelles" met le moral dans les chaussettes : "Y'avait mon grand-père, y'avait ma grand-mère... Ils étaient gais comme le canal, et on voudrait que j'ai le moral."
A Toulouse, j'en connais un autre qui doit "l'avoir mauvaise" : Pierre-Paul Riquet qui a creusé le Canal du Midi. La rigole nourricière de la Montagne, qui place le port de Cette à la portée des Copains d'abord, sur un rafiot affrété par Brassens. La statue de Riquet tourne le dos au canal...
Nouveau seuil critique.
Comment vous y prenez-vous pour lire mon livre ? Vous êtes parvenu ici, en ayant tout lu en amont ? Vous butinez un peu par ici, un peu par là ? Vous venez de l'ouvrir et vous tombez sur ces phrases ? Vous incitent-elles à aller plus avant ? Vous avez lu l'incipit et la quatre de couverture et vous l'avez reposé ?
Edouard Caillau.
Passage 44, boulevard du jardin Botanique à Bruxelles. La Fondation Brel a pignon sur galerie. J'y accomplis mon stage de gratte-papier. Je loge dans un kot, avenue Chazal, tout près de la place Dailly. Pour me rendre à la Fondation, je prends le tram. Juillet rutile sur la Grand'Place. Chez les Brel, Rosa, la si bonne, la si fidèle Rosa, veille à tout. Aujourd'hui, elle revient, radieuse : elle vient de dénicher un disque rare de Brel. Brel raconte l'histoire de "Babar", de Jean et Laurent de Brunhoff et celle de "Pierre et le loup" de Prokofiev. Jean-Marie classe, range, répertorie. Madame Brel se fâche après ses petits-enfants, qu'elle trouve turbulents. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de France. Nous lui offrons un abonnement à "Femme actuelle". Et puis il y a le bon Edouard. Edouard Caillau, natif de Biarritz, adopté de Bruxelles, humoriste doublé d'un excellent caricaturiste, est un bon vivant. Il a été très souvent aux côtés de Brel, à l'Olympia, dans la distribution de certains de ses films. Un ami, quoi, qui, lui aussi, connaissait très bien Jacques Brel. Edouard, malgré sa santé devenue précaire, passe beaucoup de temps à la Fondation. Il me prend en amitié. Il ne se déplace jamais sans une liasse de photos où l'on peut voir de grandes pointures du music-hall. Il n'a pas perdu son sens de l'humour. Je l'ai vu planté devant l'entrée de la Fondation, parodier Brel et inviter les passants : "Venez danser, copain, copain, copain... allez venez danser..."
Un beau matin, Edouard arrive et me montre des cartes postales que Jacques lui a envoyées. Je lui dis que ça me ferait plaisir de les photocopier. Il me dit : "Fais en ce que tu veux.."
Brel, citoyen du monde, écrit du Brésil, en novembre 67 : Bonjour Mon tendre ! Je t'embrasse de bien loin mais tu me manques fort. A bientôt. Brel."
Le 7 novembre 1973, il est à Gibraltar : "Tendre ami Bonjour ! Tu vois, même à la voile, ça avance. La vie est belle encore une fois. Je t'embrasse très fort. Le Vieux Brel."
De Saint-Austell, en Cornouailles, en 1974, il regrette : "Bonjour Tendre Edouard. Tu sais, je suis passé par Bruxelles et j'ai tenté sans succès de te voir. Je pense souvent à toi et t'embrasse de loin. Sincèrement. Le vieux Brel."
De Tunis (Bab El Khadra), il confesse : "Bonjour cher Edouard. J'espérais faire un saut mais j'ai les journalistes au cul. Alors, c'est la fuite... Mais on pense bien à toi. Tu embrasses les copains et à tout à l'heure. Jacques et le Doudou."
A l'issue de mon stage, Edouard m'offre un merveilleux cadeau. Son crayon sympathique nous a "croqués" tous les deux, sous le portrait sarcarstique du Grand Jacques, qui semble nous narguer. En légende, Edouard se fait dire : "Rapport à votre stage, on peut dire que vous êtes Ferré sur la question de Brel."
Rapport à votre stage...
Si Edouard est élogieux, France se montre d'une sévérité inattendue lorsqu'elle doit donner ses appréciations pour mon rapport de stage... A la question : "A-t-il rencontré des difficultés au cours du travail lui-même ou en ce qui concerne son rythme d'éxécution ?" elle répond : "Se disperse trop dans le travail de secrétariat. A mon avis, cet élève est plus doué pour le contact humain que pour le travail de secrétariat. Un peu trop tendance au bavardage."
A la proposition : "Vous pouvez, si vous le désirez, émettre d'autres observations.", elle émet : "Je regrette qu'il n'ait pas encore compris qu'il ne faut pas profiter de toutes les conversations "professionnelles" qui se déroulent à proximité de son bureau pour arrêter ce qu'il fait et désirer ajouter son petit "grain de sel".
Joël est-il vraiment à sa place dans le travail qu'il a choisi ? Un métier plus "basé" sur la communication me semblerait mieux correspondre à sa personnalité."
Inutile de vous dire que j'a été vexé comme un pou.
(A suivre.)
Joël Fauré
------
Brèves:
"Animots"
J'ai un ami qui est "dompteur de mots". Il a belle allure avec des hautes bottes de cuir noir. Il fait entrer avec lui des mots dans la cage, et leur fait faire des choses extraordinaires. Il met les noms d'un côté, tient les verbes à distance avec son fouet, range les compléments dans un coin.
Un jour, il a mis le mot "sexe" dans le mot "bouche" et a demandé au verbe "sucer" d'intervenir.
Puis, il a dégrafé sa braguette, et a invité une spectatrice à entrer dans la cage...
Il voulait savoir si elle aimait les mots...
*
De la réincarnation de Philippe Delerm
"Le Journal du dimanche" de ce jour offre à ses lecteurs un supplément pour se faire mousser : "Un été, des bières." Je l'ai parcouru avec plaisir et je compte bien le conserver au frais. D'autant plus que j'apprends, contrairement à une idée très répandue, que la bière ne fait pas grossir.
Mais ce qui a surtout étanché ma soif de connaissance, c'est l'éditorial de cet opuscule qui a été confié à... Philippe Delerm. Mais si, vous savez bien, le père de Vincent, celui de "La première gorgée de bière".
L'auteur de "La sieste assassinée" conclut son sous-bock comme suit : "En fait, je ne suis pas devenu un livre, mais une gorgée de bière. Une expérience digne des plus folles imaginations d'Alice au pays des merveilles." (...) La modestie des écrivains est toujours le reflet de leur immense orgueil. Tout va bien, donc. Mais je vous en supplie, ne dites pas "La petite gorgée" comme vous le faites presque toujours. Dites bien "la première". Car j'aime la deuxième aussi."
*
Le petit pénis
Et pour rester dans la sensualité, je ne saurais conclure ces brèves sans évoquer le papier d'une des premières lectrices de ce blog, Ondine Millot, de "Libération", qu'elle a tout entier consacré samedi (Page "Vous") au clitoris, la petite fleur encore trop méconnue. J'aimerais tout recopier, tant tous les mots m'ont chaviré et donné envie de devenir fleuriste. Merci, Ondine.
Cet article a rappelé chez moi le souvenir d'une nouvelle de Charles Bukowski dans les "Contes de la folie ordinaire."Le petit ramoneur". Où un homme est réduit à la taille d'un godemiché par une femme un peu "sorcière"...
Un extrait ?
"Sarah m'a soulevé et m'a posé entre ses cuisses à peine écartées. Je me suis retrouvé nez à nez avec une forêt. J'ai bandé mes muscles, me doutant de la suite. (...) J'ai entendu Sarah gémir. Puis Sarah a commencé à me faire subir un va-et-vient très lent. (...) Coup sur coup, ma tête, le bout de mon crâne, butait contre le capitaine Clito, et là Sarah lâchait un grondement d'illuminée.
Sarah me faisait aller de plus en plus vite."
JF
Canal.
Ce fameux canal perdu et pendu du "Plat Pays" semble être le même qui dans "Bruxelles" met le moral dans les chaussettes : "Y'avait mon grand-père, y'avait ma grand-mère... Ils étaient gais comme le canal, et on voudrait que j'ai le moral."
A Toulouse, j'en connais un autre qui doit "l'avoir mauvaise" : Pierre-Paul Riquet qui a creusé le Canal du Midi. La rigole nourricière de la Montagne, qui place le port de Cette à la portée des Copains d'abord, sur un rafiot affrété par Brassens. La statue de Riquet tourne le dos au canal...
Nouveau seuil critique.
Comment vous y prenez-vous pour lire mon livre ? Vous êtes parvenu ici, en ayant tout lu en amont ? Vous butinez un peu par ici, un peu par là ? Vous venez de l'ouvrir et vous tombez sur ces phrases ? Vous incitent-elles à aller plus avant ? Vous avez lu l'incipit et la quatre de couverture et vous l'avez reposé ?
Edouard Caillau.
Passage 44, boulevard du jardin Botanique à Bruxelles. La Fondation Brel a pignon sur galerie. J'y accomplis mon stage de gratte-papier. Je loge dans un kot, avenue Chazal, tout près de la place Dailly. Pour me rendre à la Fondation, je prends le tram. Juillet rutile sur la Grand'Place. Chez les Brel, Rosa, la si bonne, la si fidèle Rosa, veille à tout. Aujourd'hui, elle revient, radieuse : elle vient de dénicher un disque rare de Brel. Brel raconte l'histoire de "Babar", de Jean et Laurent de Brunhoff et celle de "Pierre et le loup" de Prokofiev. Jean-Marie classe, range, répertorie. Madame Brel se fâche après ses petits-enfants, qu'elle trouve turbulents. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de France. Nous lui offrons un abonnement à "Femme actuelle". Et puis il y a le bon Edouard. Edouard Caillau, natif de Biarritz, adopté de Bruxelles, humoriste doublé d'un excellent caricaturiste, est un bon vivant. Il a été très souvent aux côtés de Brel, à l'Olympia, dans la distribution de certains de ses films. Un ami, quoi, qui, lui aussi, connaissait très bien Jacques Brel. Edouard, malgré sa santé devenue précaire, passe beaucoup de temps à la Fondation. Il me prend en amitié. Il ne se déplace jamais sans une liasse de photos où l'on peut voir de grandes pointures du music-hall. Il n'a pas perdu son sens de l'humour. Je l'ai vu planté devant l'entrée de la Fondation, parodier Brel et inviter les passants : "Venez danser, copain, copain, copain... allez venez danser..."
Un beau matin, Edouard arrive et me montre des cartes postales que Jacques lui a envoyées. Je lui dis que ça me ferait plaisir de les photocopier. Il me dit : "Fais en ce que tu veux.."
Brel, citoyen du monde, écrit du Brésil, en novembre 67 : Bonjour Mon tendre ! Je t'embrasse de bien loin mais tu me manques fort. A bientôt. Brel."
Le 7 novembre 1973, il est à Gibraltar : "Tendre ami Bonjour ! Tu vois, même à la voile, ça avance. La vie est belle encore une fois. Je t'embrasse très fort. Le Vieux Brel."
De Saint-Austell, en Cornouailles, en 1974, il regrette : "Bonjour Tendre Edouard. Tu sais, je suis passé par Bruxelles et j'ai tenté sans succès de te voir. Je pense souvent à toi et t'embrasse de loin. Sincèrement. Le vieux Brel."
De Tunis (Bab El Khadra), il confesse : "Bonjour cher Edouard. J'espérais faire un saut mais j'ai les journalistes au cul. Alors, c'est la fuite... Mais on pense bien à toi. Tu embrasses les copains et à tout à l'heure. Jacques et le Doudou."
A l'issue de mon stage, Edouard m'offre un merveilleux cadeau. Son crayon sympathique nous a "croqués" tous les deux, sous le portrait sarcarstique du Grand Jacques, qui semble nous narguer. En légende, Edouard se fait dire : "Rapport à votre stage, on peut dire que vous êtes Ferré sur la question de Brel."
Rapport à votre stage...
Si Edouard est élogieux, France se montre d'une sévérité inattendue lorsqu'elle doit donner ses appréciations pour mon rapport de stage... A la question : "A-t-il rencontré des difficultés au cours du travail lui-même ou en ce qui concerne son rythme d'éxécution ?" elle répond : "Se disperse trop dans le travail de secrétariat. A mon avis, cet élève est plus doué pour le contact humain que pour le travail de secrétariat. Un peu trop tendance au bavardage."
A la proposition : "Vous pouvez, si vous le désirez, émettre d'autres observations.", elle émet : "Je regrette qu'il n'ait pas encore compris qu'il ne faut pas profiter de toutes les conversations "professionnelles" qui se déroulent à proximité de son bureau pour arrêter ce qu'il fait et désirer ajouter son petit "grain de sel".
Joël est-il vraiment à sa place dans le travail qu'il a choisi ? Un métier plus "basé" sur la communication me semblerait mieux correspondre à sa personnalité."
Inutile de vous dire que j'a été vexé comme un pou.
(A suivre.)
Joël Fauré
------
Brèves:
"Animots"
J'ai un ami qui est "dompteur de mots". Il a belle allure avec des hautes bottes de cuir noir. Il fait entrer avec lui des mots dans la cage, et leur fait faire des choses extraordinaires. Il met les noms d'un côté, tient les verbes à distance avec son fouet, range les compléments dans un coin.
Un jour, il a mis le mot "sexe" dans le mot "bouche" et a demandé au verbe "sucer" d'intervenir.
Puis, il a dégrafé sa braguette, et a invité une spectatrice à entrer dans la cage...
Il voulait savoir si elle aimait les mots...
*
De la réincarnation de Philippe Delerm
"Le Journal du dimanche" de ce jour offre à ses lecteurs un supplément pour se faire mousser : "Un été, des bières." Je l'ai parcouru avec plaisir et je compte bien le conserver au frais. D'autant plus que j'apprends, contrairement à une idée très répandue, que la bière ne fait pas grossir.
Mais ce qui a surtout étanché ma soif de connaissance, c'est l'éditorial de cet opuscule qui a été confié à... Philippe Delerm. Mais si, vous savez bien, le père de Vincent, celui de "La première gorgée de bière".
L'auteur de "La sieste assassinée" conclut son sous-bock comme suit : "En fait, je ne suis pas devenu un livre, mais une gorgée de bière. Une expérience digne des plus folles imaginations d'Alice au pays des merveilles." (...) La modestie des écrivains est toujours le reflet de leur immense orgueil. Tout va bien, donc. Mais je vous en supplie, ne dites pas "La petite gorgée" comme vous le faites presque toujours. Dites bien "la première". Car j'aime la deuxième aussi."
*
Le petit pénis
Et pour rester dans la sensualité, je ne saurais conclure ces brèves sans évoquer le papier d'une des premières lectrices de ce blog, Ondine Millot, de "Libération", qu'elle a tout entier consacré samedi (Page "Vous") au clitoris, la petite fleur encore trop méconnue. J'aimerais tout recopier, tant tous les mots m'ont chaviré et donné envie de devenir fleuriste. Merci, Ondine.
Cet article a rappelé chez moi le souvenir d'une nouvelle de Charles Bukowski dans les "Contes de la folie ordinaire."Le petit ramoneur". Où un homme est réduit à la taille d'un godemiché par une femme un peu "sorcière"...
Un extrait ?
"Sarah m'a soulevé et m'a posé entre ses cuisses à peine écartées. Je me suis retrouvé nez à nez avec une forêt. J'ai bandé mes muscles, me doutant de la suite. (...) J'ai entendu Sarah gémir. Puis Sarah a commencé à me faire subir un va-et-vient très lent. (...) Coup sur coup, ma tête, le bout de mon crâne, butait contre le capitaine Clito, et là Sarah lâchait un grondement d'illuminée.
Sarah me faisait aller de plus en plus vite."
JF