A Fabiola Juretig.
Pour la botte,
où elle vit, près d'Udine...
La femme est un instrument à hanche double.
Dans sa niche, à l'encoignure du mur de la rue Pharaon et de la place des
Carmes, une femme attend toujours. Je suis ému par son beau visage de madone. Elle ne sera jamais grosse, et comme j'aime imaginer son ventre blanc et son nombril qu'elle ne regarde jamais
!
Revue de détails.
Au générique du film "L'Emmerdeur", les lettres Jacques Brel se découpent en lettres rouges sur une DS noire. Jacques Brel incarne François Pignon
I, représentant en chemises, dépressif et suicidaire parce que sa femme, (jouée par Caroline Cellier) l'a quitté pour un psychiatre. A Montpellier, Brel va, par sa conduite, contrarier les
plans d'un tueur à gage, monsieur Milan, interprété par Lino Ventura ; tenter de se pendre ; montrer à tout le monde les photos de son nouveau pavillon à Poissy ; s'interroger sur les effets
des neuroleptiques, et entre deux plans, trouver le temps d'aller à la gare accueillirson ami l'abbé Casy Rivière.
J'ai dans ma tête des répliques mythiques, qu'il m'arrive de ressortir, comme ça, pour le plaisir.
Qu'il parle voiture et cylindrée : "Moi, je suis "Peugeot". Et je suis fidèle. Je suis très fidèle."
Qu'il s'obstine, sur la route, au volant de sa "Peugeot" : "Je ne m'arrête
que dans les stations "Fina". C'est pour les santons. Pour les santons en plastique. C'est pour mon petit-neveu, il fait une crèche..." Résultat : il tombe en panne d'essence après être
passé devant deux ou trois stations.
Qu'il s'adresse à monsieur Milan, à qui il veut offrir des chemises : "Monsieur Milan, quelle est votre encolure ? 43 : vous avez le cou un peu fort."
Qu'il reconnaisse : "Je
vous en donne du souci, hein, monsieur Milan ?"
Tu me la donnes ?
"Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé, encore une fois remplir d'étoiles un corps qui tremble, et tomber mort, brulé d'amour, le coeur en
cendres..."
Dis, Jacques... Tu me la donnes, cette phrase ? J'aurais bien aimé voulu l'écrire. Allé, on direz que cest moi qui l'a écrit, daccort ?
En forme.
Si l'Italie ressemble à une botte, la Belgique ressemble à un cale-bottes.
C'est beaucoup plus important...
LES TOC
- D'où ça vient ?
- Où ça va ?
- Qu'est-ce que ça fait ?
Le phénomène TOC. Comme un petit air dans la tête.
Revoir. Refaire. Redire. Relire. Récrire. Repasser. Retoucher. Repenser. Et, finalement Re-douter.
Le Trouble Obessionnel Compulsif est une maladie psychique caractérisée par des pensées parasites, non souhaitées et déplaisantes (et impossibles à éloigner), et des comportements répétitifs
souvent absurdes que la personne très anxieuse ressent le besoin irrépressible d'accomplir. Voilà une bien étrange et cruelle maladie. Cette pathologie est très invalidante. Elle fait gaspiller
beaucoup d'énergie et génère l'épuisement et l'apathie. Toutes les actions, tous les gestes sont parasités, car tout a une symbolique.
Pour les personnes atteintes, qui doivent livrer un combat contre le doute permanent et l'angoisse chronique, quelle conduite tenir, face aux spécialistes, parfois impuissants ; aux familles,
déstabilisées ; aux amis, déroutés ?
Ce mal insidieux, dissimulable isole.
A la base, le champ de la pensée est assiégé par la crainte infondée de catastrophes à venir.
Le sujet peut paraître futile à qui n'en est pas atteint.
Le chemin de la guérison s'ouvre sur deux axes : les médicaments et la thérapie comportementale et cognitive.
Mais il faut en amont accomplir un travail personnel d'analyse : identifier les obsessions et répertorier les compulsions.
La thérapie tient en deux verbes : dépasser et survivre. Dépasser les "rituels" et survivre à l'angoisse.
Mon grand ami Jacques Brel, dont vous n'êtes plus sans savoir que je l'ai très bien connu, savait-il qu'il écrivait à mon intention : "Chaque seconde est une peur qui croque le ceour entre
ses dents." ?
A notre ami commun, le bon curé Casy, il écrit :
"Cher Casy,
Bon sang, tu me sembles un peu perdu. Un peu trop malheureux.
Veux-tu que je te dise : à mon coeur de "non croyant" cela me semble un peu injuste. Moi qui ne crois pas à l'âme, je sais que nous ne délirons que de nos corps. La douleur vient de
là.
Mais si, en plus, pour toi, elle vient de l'âme, j'imagine ce cauchemar.
Tu sais, à vivre pour l'amour, on devient de plus en plus fragile. On ne meurt pas de mort, on meurt de vide !
On termine seul, à l'ombre de soi, et ce n'est pas aisé.
Il est possible que bientôt je trébuche en Europe. Je ferai toutes choses pour t'y embrasser.
En amitiés.
(A suivre.)
Joël Fauré
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Brèves:
"Je hais les dimanches.
Je hais l'été.
Je hais les dimanches d'été."
Schtroumpf grognon s'invite aujourd'hui à la table de mes "brèves", et je tombe assez d'accord avec lui sur la haine, mais une haine saine,
qu'il porte à quelques "passages obligés".
Ainsi, si Juliette Gréco, dans la chanson signée Charles Aznavour avoue "Je hais les dimanches" ; si Trenet renchérit avec "Les enfants s'ennuient le dimanche", et l'ami Brel
enfonce le clou avec "Et nom de Dieu c'est triste Orly le dimanche...", Schtroumpf grognon me signale qu'il a repéré, dans la sélection d'un journal qu'il aime bien, un développement
durable à cette haine, si l'on veut bien considérer qu'elle couvre tout l'été.
Les éditions Mille et une nuits ont donc accueilli, sous une couverture que je trouve fort belle, le texte de Claude-Henri Buffard : "Je hais l'été".
"Restez chez vous. Cette sentence, écrit Mohammed Aïssaoui dans "Le Figaro littéraire d'été" de ce jour, pourrait être le slogan de ce livre empli d'humour, où l'écrivain
relate tous les inconvénients de la belle saison (les shorts, le supporteur du Tour de France, la piscine des amis...) Buffard nous ferait (presque) aimer les giboulées de mars et la nuit à 17
heures."
Je me demande quelles sont les probabilités pour que ce livre soit lu sur le sable des franges humides de l'hexagone.
"Je hais l'été". Claude-Henri Buffard. Mille et une nuits. 112 pages. 12 €.
*
MEMOIRE D'ELEPHANT
Il serait indécent d'écrire que c'est ma passion du cirque qui, fusionnée à mon intérêt pour les questions médicales m'ont incité à en savoir un peu plus sur Joseph Merrick.
A la lecture de ce prénom et de ce nom, je vous sens éteints.
Par contre, si je vous dis "Elephant man", alors là, tout devient plus clair.
On se souvient bien entendu du film de David Lynch, qui porta à l'écran le parcours de cet être si difforme qu'ont eût cru y voir des attributs d'éléphants, d'autant plus que l'intéressé
lui-même attribuait sa difformité à la frayeur de sa mère devant les éléphants d'une ménagerie...
Si la science a ensuite parlé de neurofibromatose ou maladie de Protée, il n'en demeure pas moins que le cas de "l'homme éléphant", rare, interroge surtout par et pour ce destin contrarié d'un
homme bon, cultivé, amoureux de la littérature et des beaux textes.
Il n'est pas question ici de faire pleurer dans les chaumières, mais jamais je n'oublierai la scène finale du film de Lynch, où l'on voit, avec lenteur et beauté, Joseph Merrick dans sa
chambre, regarder par la fenêtre et s'aliter.
Un livre est sorti chez "Mnémos" Icares où Xavier Auméjean avance un audacieux (ou facile) rapprochement entre l'homme Joseph Merrick et Ganesha, le Dieu à tête
d'éléphant.
"Ganesha, mémoires de l'homme éléphant". Xavier Mauméjean. Editions "Mnénmos".
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JE N'AI PAS PU M'EMPECHER...
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Quand j'ai lu, dans les colonnes du très sérieux "Nouvel Observateur" ceci :
"33 - 75 quel H déterminé et raffi-
né saura aimer une F "O"béis-
sante ? 50e. marié s'abstenir
Ecrire journal réf. 1326/10F"
je n'ai pas pu m'empêcher de répondre :
"Chère "1326/10F",
Sur quels critères allez-vous vous baser pour déterminer que telle ou telle réponse à votre petite annonce est digne d'intérêt et que, finalement, vous allez y donner suite ?
M'écrirez-vous ?
M'appellerez-vous ?
M'oublierez-vous ?
A bientôt ?"
Voulez-vous que je vous tienne au courant si j'ai une réponse ?
La lettre est partie aujourd'hui.
Je n'ai pas pu m'en empêcher... J'ai appelé -en insistant- la femme que j'aime, et je lui ai lu ce que vous venez de lire. Au grand risque de la blesser. Et je l'ai blessée. Et je suis retombé
dans la spirale. Suis-je un véritable pervers ? Suis-je un assassin ?
Si elle ne vient pas demain, ce sera de ma faute.
Je demande pardon. 3 de ses larmes valent 3 millions de mes spermatozoïdes flagellants. Flageolants.
"Est-ce Dieu
Est-ce Diable
Ou les deux à la fois
Qui un jour s'unissant
On fait ces [choses]là. ?"
"Barbara" (Chapeau bas)
Joël Fauré