A Marie-Madeleine,
une maman importante.
Dans l'Aveyron.
Marthe, Madeleine, Mathilde est née dans l'Aveyron. L'Aveyron est un département Français qui resssemble à une grosse motte de terre qui
sent bon après avoir été retournée. Dans l'Aveyron, un couteau n'est pas un couteau, c'est un "Laguiole". Un fromage n'est pas un fromage, c'est un "Roquefort". Quand une ville
est ville, elle est franche. Villefranche. Villefranche-de-Panat, Villefranche-de-Rouergue.
Je n'ai jamais compris pourquoi l'Aveyron n'avait pas "son" Pagnol. Si vous voulez, moi, je veux bien le faire. Dans l'Aveyron, il y a mieux que Rome, il y a
Saint-Rome. Il y a mieux que l'Afrique, il y a Saint-Affrique.
Saints et saintes du paradis semblent s'être donnés le mot et rencart ici, entre les tables, les étables et les rétables.
Le frère tout proche de ma mère, René, ne s'y est pas trompé. C'est ici qu'il a souhaité devenir prêtre.
N'étaient les illustres écrivains qui m'ont précédé, je parlerais bien volontiers du "Journal d'un curé de campagne."
Mon oncle.
Ma mère est la cadette d'une fratrie de dix enfants. Mon père est fils unique. Ca rétablit l'équilibre dans les rassemblements familiaux !
Ainsi donc, au début des années 40, un garçon se dégagea bientôt et se découvrit une vocation. Il entra au Petit, puis au Grand Séminaire et fut ordonné prêtre.
Avec le solide bon sens de la Terre Aveyronnaise, et le sang volontaire qui court dans ses veines, le frère de ma mère, mon oncle, l'abbé René Trémolières devint le prêtre écouté, respecté,
eu égard au sacerdoce qu'il avait embrassé.
A ma mère, il a affectueusement donné le prénom de "Marthou".
Dans les bruyères Rouergates, il aimait chercher des champignons, et surtout en trouver ; dans les clairs ruisseaux de montagne, il aimait pêcher la truite, et parfois -que Dieu le lui pardonne
!- la saisir à mains nues à même les cours d'eau, sous les panneaux "Pêche Interdite". A la chaire de vérité, le dimanche, pour expier ses peccadilles, il reconnaissait simplement qu'il
était "pecheur" sans trop mettre l'accent, et invitait ses ouailles Saintes-Romaines à prier avec lui.
A table, on servait des cèpes et du poisson.
Tout me porte à croire "qu'heureux est celui qui croira sans avoir vu", que "Dieu, c'est comme du sucre dans un café : il est là, mais on ne le voit pas, et plus on le cherche, moins
on le trouve." !
Il est vraiment grand le mystère de la foi.
Mon Dieu que les béatitudes sont belles ! J'ai presque envie de les récrire ici. Mais si Dieu existe, le Diable existe aussi alors ? Les flammes de l'Enfer éclaireraient-elles le Paradis ?
A quoi pensais-je justement, quand, enfant, sagement assis près de ma mère, je levais les yeux vers les voûtes de l'Eglise Saint-Martin, de Buzet-la-Forêt ?
Saint-Martin était un brave type : il donnait un morceau de son manteau à ceux qui avaient froid. Avec l'immensité du ciel pour unique univers et pour unique garde-robe le ruban bleu de
Notre-Dame-de-Lourdes, c'était l'époque de tous les "possible".
Ma sacro-sainte famille vouait aux Saintes-Régionales de l'étape (Sainte-Germaine à Pibrac ; Sainte-Bernadette à Lourdes) une fervente admiration. On pouvait
aller les voir avec le car. (Fatima, c'était plus loin !) On plaignait ces filles pauvres et souffreteuses (terribles écrouelles de Germaine). Parce qu'elles avaient souffert, elles
pouvaient comprendre celles et ceux qui souffraient aussi.
On offrait des messes pour les "âmes du Purgatoire" et les défunts, venus et à venir. "Je ne vous promets pas d'être heureux dans ce monde, mais dans l'autre."
Ma mère ne m'a pas vu grandir.
Je n'ai pas vu vieillir ma mère.
Seuil critique.
Quelques phrases toutes faites à l'intention de celles et ceux qui n'aiment pas ce livre :
1) Fauré lance des pistes mais n'en exploite vraiment aucune. On reste sur sa faim.
2) Je n'aime pas ce livre : c'est décousu, déconstruit; déhanché...
3) Encore un livre nombriliste d'un loser de la vie...
4) Fauré passe du coq à l'âne, si vite qu'on ne sait plus qui fait le coq et qui est l'âne...
(A suivre.)
Joël Fauré