30 juillet 2007 1 30 /07 /juillet /2007 11:59
Le Tarn.
n. m. Rivière du Sud de la France, née au Sud du mont Lozère, afflluent de la Garonne (rive droite) ; 375 km ; bassin de 12 000 km². Il traverse les Grands Causses en de pittoresque canons (gorges du Tarn), passe à Millau, Albi et Montauban, Buzet-sur-Tarn et Bessières.

Quand Maurice fabriquait des bottes avec de vieilles bouillottes.
Maurice Baudou avait racheté une vieille centrale hydraulique au bord du Tarn, à Bessières, pour faire tourner une usine qui régénérait du caoutchouc. Celui dont on fait les bottes...
Chez Baudou : on y accédait par le "Chemin de Douce Dame", qu'empruntaient aussi les gros camions ventrus, ceints de leurs lourdes bâches, transportant dans leurs flancs des déchets de caoutchouc. A pleines bennes, vieilles bouillottes et autres chambres à air "surrustinées" débarquaient aussi en gare de Bessières, et étaient acheminées vers la manufacture. Là, elles vivaient un purgatoire sans appel. L'opération donnait à la bonne ville de Bessières, les jours d'autan, un exotique parfum d'hévéa. Sans autre forme de procès, les vieux ustensiles étaient réduits en poudre. Comme disait le Duc d'Elboeuf : "C'est avec du vieux qu'on fait du neuf." Rien ne se perd ; tout se transforme.
Mixée au granulateur, sortie des fours à haute pression, puis remise aux calandres Bessièraines, la matière première -sous forme de plaques ressemblantes à des cakes ou des quatre-quarts- était ensuite dirigée vers le sites des "Eglisottes", près de Bordeaux. Là, le produit se déclinait en bottes, cuissardes de pêche et chaussures de travail.
A Bessières, les artisans de la métamorphose étaient tous d'ici : indigènes bon teint, pure souche. Les "Baudou" sont avant tout issus de la Terre "qui ne rapporte plus" et "puisqu'il faut bien vivre" se sont ralliés à la botte verte, et on appris l'art de la vulcanisation.
Mon père en était.
On voyait arriver à l'usine plus de vélos et de "Mobylettes" que d'autos. C'était la noria incessante des équipes qui se passaient le relais, puisque fonctionnant sur le principe des "trois-huit". Ne pas laisser s'éteindre le feu, ne pas oublier d'emporter l'odeur du caoutchouc jusque dans les draps du lit.
C'est ma mère qui était contente !

Ephémérides.
Morceaux choisis.
Le 28 janvier 1978 : acheté Carrefour 2 paires de drap 30,60 F le drap.

Quand Gustave draguait pour des châteaux de sable...
Buzet-sur-Tarn et Bessières se touchent mais ne se confondent pas. C'est entre les deux que Gustave a installé, dans le lit du Tarn, ses godets de dragage. Depuis plus de deux cents ans, dans la famille Doumerc, on s'explique comment il faut draguer de père en fils.
Combien de murs, de fondations, de façades crépies de la région doivents aux "Sables et Graviers Doumerc" leur bonne tenue ? Les camions-bennes aux bonnes joues et bonnes ridelles ont fait leur trou dans le Bessiérain.
Gustave a perdu sa femme. Il vit seul en compagnie de sa soeur, "Mané", paralysée.
Ma mère rentrera à leur service, en qualité d'employée de maison. Elle fera les tâches domestiques, lavera, brossera, nettoiera, cuisinera, ravaudera... Ma bonne mère. Ma mère bonne. Mieux que les artistes en vue, elle fera des "ménages" dans les chaumières, mieux que des stars qui, pour gagner toujours plus, crachent dans des micros, dans des supermarchés de dupes.
A marquer d'un gravier blanc, maman va aussi donner la main à Bernadette, la fille de Gustave, dans sa belle maison, près des lacs. Maman m'y emmène parfois. Bernadette est d'accord. Elle m'aime bien. Le fils de Bernadette, qui commence à peine à parler, connaît la dame qui vient s'occuper du ménage : c'est madame Fauré. Il entend "Fauré", mais il a bien le temps d'être grand et, tant qu'il peut, il a raison de gagner du temps. C'est la dernière syllabe qui le marque. Madame Fauré, il l'appelle "Vé".

"Vé"
Du coup, même Gustave s'y met : il appellera affectueusement ma bonne mère "Vé"; Bonne mère. Ma mère est bonne. Vé ! Comme dans un film de Pagnol...

(A suivre...)

Joël Fauré


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