11 août 2007
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Kaline et Wolf.
Kaline est un petit chien blanc, un loulou de Poméranie. Je me souviens de son arrivée dans la Maison Grise. C'était un soir, après l'école. Sa mère, c'était "Belle" ; elle appartenait à madame Rogriguez mère, des "Luquets". Ma mère, qui ne pouvait plus me donner une petite soeur, a pensé à un animal. Je me souviens de ce vétérinaire, il s'appelait "Lacaze," qui a dit, après l'avoir vaccinée : "On va écrire Kaline avec un "k", ça sortira de l'ordinaire, ça fera plus racé..."
Wolf est un gros chien-loup noir. Son père, c'était Flip, et sa mère Sita. Comment mon père, germanophobe convaincu (il avait ses raisons, la guerre, le STO..., mais j'y reviendrai dans mon prochain livre "L'homme de ma vie") a-t-il laissé passer ce nom ? Wolf, c'est le loup en allemand... Et si "les loups sont entrés dans Paris" comme le chante Reggiani, ils sont aussi entrés dans "Buzet-la-Forêt" et dans la vie de mon père...
Sur Kaline, vraiment très câline, presque Karine, je pourrais en écrire des phrases. Fétichiste de tout, j'ai gardé le récipient dans lequel elle buvait (c'était un vieux pot de confiture.) Elle dormait dans la cuisine, sous une très vieille table en bois charançonnée, juste sous le tiroir où je commençais à garder les images du chocolat "Poulain". Un jour, j'écrirai aussi un livre sur elle. Quand elle était "d'humeur", elle draguait Wolf. Je lui tendais la jambe et elle se livrait au simulacre de la reproduction. Wolf et elle ont bien "essayé", mais qu'est-ce que ça aurait donné ? Du gris ?
Kaline et Wolf étaient mes meilleurs amis.
Ephémérides.
Samedi 23 février 1985 : Amené Kaline chez le vétérinaire sourde et aveugle. Stop : âge 17 ans. Septembre 1968 - Février 1985.
Lundi 22 avril 1985 : Amené Wolf chez le vétérinaire. Impossible guérir. Stop : 11 ans. Novembre 1973 - Avril 1985.
Kaline et Wolf sont enterrés dans le petit jardin, près du vieux poulailler. Il n'y a pas de sépulture. Mais dans ma tête et mon coeur, je pense souvent à eux. Je vous aime encore, Madame. Je vous aime encore, Monsieur.
Ma mère ne m'a pas vu grandir.
Je n'ai pas vu vieillir ma mère.
Nous nous aveuglions mutuellement.
Et puis un jour, nous avons recouvré la vue.
Pour devenir aveugles aussitôt.
(A suivre)
Joël Fauré
Kaline est un petit chien blanc, un loulou de Poméranie. Je me souviens de son arrivée dans la Maison Grise. C'était un soir, après l'école. Sa mère, c'était "Belle" ; elle appartenait à madame Rogriguez mère, des "Luquets". Ma mère, qui ne pouvait plus me donner une petite soeur, a pensé à un animal. Je me souviens de ce vétérinaire, il s'appelait "Lacaze," qui a dit, après l'avoir vaccinée : "On va écrire Kaline avec un "k", ça sortira de l'ordinaire, ça fera plus racé..."
Wolf est un gros chien-loup noir. Son père, c'était Flip, et sa mère Sita. Comment mon père, germanophobe convaincu (il avait ses raisons, la guerre, le STO..., mais j'y reviendrai dans mon prochain livre "L'homme de ma vie") a-t-il laissé passer ce nom ? Wolf, c'est le loup en allemand... Et si "les loups sont entrés dans Paris" comme le chante Reggiani, ils sont aussi entrés dans "Buzet-la-Forêt" et dans la vie de mon père...
Sur Kaline, vraiment très câline, presque Karine, je pourrais en écrire des phrases. Fétichiste de tout, j'ai gardé le récipient dans lequel elle buvait (c'était un vieux pot de confiture.) Elle dormait dans la cuisine, sous une très vieille table en bois charançonnée, juste sous le tiroir où je commençais à garder les images du chocolat "Poulain". Un jour, j'écrirai aussi un livre sur elle. Quand elle était "d'humeur", elle draguait Wolf. Je lui tendais la jambe et elle se livrait au simulacre de la reproduction. Wolf et elle ont bien "essayé", mais qu'est-ce que ça aurait donné ? Du gris ?
Kaline et Wolf étaient mes meilleurs amis.
Ephémérides.
Samedi 23 février 1985 : Amené Kaline chez le vétérinaire sourde et aveugle. Stop : âge 17 ans. Septembre 1968 - Février 1985.
Lundi 22 avril 1985 : Amené Wolf chez le vétérinaire. Impossible guérir. Stop : 11 ans. Novembre 1973 - Avril 1985.
Kaline et Wolf sont enterrés dans le petit jardin, près du vieux poulailler. Il n'y a pas de sépulture. Mais dans ma tête et mon coeur, je pense souvent à eux. Je vous aime encore, Madame. Je vous aime encore, Monsieur.
Ma mère ne m'a pas vu grandir.
Je n'ai pas vu vieillir ma mère.
Nous nous aveuglions mutuellement.
Et puis un jour, nous avons recouvré la vue.
Pour devenir aveugles aussitôt.
(A suivre)
Joël Fauré