18 août 2007 6 18 /08 /août /2007 12:08
Recettes.
Je crois que, toute réflexion faite, le mieux, pour cerner la personnalité de ma mère -je gravite autour mais je redoute d'être trop près ("Le point le plus obscur est toujours sous la lampe.")- eût été d'écrire un livre de recettes de cuisine. Elle la faisait merveilleusement bien. Je garde en mémoire olfactive les délicieux "alicuits", les fumets, les bonnes pâtes et les bonnes sauces.
D'un cahier noir fatigué et graisseux, qui a connu les tables du "Cours Ménager" de la Besse-Vors (Aveyron), année 44-45, cahier de pâtisserie de Melle Marthe Trémolières, voici extrait, à l'intention des gourmets :

Bras de Venus.

Biscuit roulé : 100 gr. farine, 125 gr sucre, 4 jaunes d'oeuf et 6 blancs, 1/2 paquet de levure ou une pincée de bicarbonate.
Travailler jaune d'oeuf sucre jusqu'à ce que le mélange soit très léger et blanchisse.
Ajouter alors alternativement farine mélangée à la levure et blancs d'oeuf battus en neige ferme.
Verser cette préparation sur plaque rectangulaire beurrée et recouverte d'un papier beurré.
Faire cuire à feu doux 20 mn / 1/4 d'heure.
Renverser le biscuit sur une serviette mouillée.
Etendre dessus la marmelade et rouler rapidement.
Envelopper dans un papier pour que le gâteau conserve sa forme.
Laisser refroidir.

Allo maman bobo
Je suis immobilisé pour quelques jours dans une clinique verte et blanche. Verte comme la verdure qu'il y a autour, vert comme les bancs qu'on trouve dans le parc ; blanche comme la blouse des infirmières, blanche comme la chambre. Une clinique qui s'occupe des maladies d'au dessus du cou...
Je reste quelques jours sans apporter de gâteau à Sainte-Marthe, sans envoyer de carte postale. Je ne veux pas lui faire faire du "mauvais sang".
Le téléphone sonne. Un message s'enregistre dans la boîte vocale :
Voix de ma mère : "Il y est pas dans la chambre ?"
- Bonjour monsieur. C'est Nelly, à l'accueil de la maison de retraite Sainte Cécile. Votre maman souhaitait vous parler ce matin, donc c'est moi qui lui ai composé le numéro et je vous laisse un message de sa part. Si vous souhaitez la rappeler dans la matinée, n'hésitez-pas. Notre numéro est le... Je vous remercie monsieur. Au revoir."

Une lettre de l'Aveyron.
Ce serait comme une lettre qui aurait été postée le 24 janvier 1953 et ne serait arrivée à destination qu'aujourd'hui. Ca arrive, quelquefois. On lit ce genre de choses dans les journaux.
Albertine a écrit à Marthe pour lui demander de venir l'aider à sacrifier le cochon.
Albertine est la femme du frère aîné de la famille, Augustin.
Albertine est donc la belle-soeur de ma mère.
Comme ma mère, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Albertine. Je l'ai peu connue mais elle m'a marqué.
Comme quoi, voyez-vous, une soeur peut, si elle s'en donne la peine, être belle et bonne...
J'ai tenu à conserver les quelques rares fautes d'orthographe et respecter la ponctuation originelle.

La Sarrette 24 - 1 - 53

Bien cher Tous
Nous avons reçue la lettre de Marthe hier, vous apportant de vos bonnes nouvelles et votre bonne santé.
Quand à nous, nous sommes tous en bonne santé malgré quelques bons rhumes.
Nous voulons tuer notre cochon samedi 31 janvier si Marthe tu pouvais venir nous aider à faire la saucisse, on passerait un moment ensemble, monte le vendredi soir nous viendrons t'attendre à l'autobus à Cadausset, tu redescends le lundi ou nous te garderons toute la semaine.
C'est de tout coeur aussi que j'invite Fernand venez tous les deux s'il vous est possible.
Nous aimerions aussi voir Jean-Pierre et Bernard mais je crains qu'avec ce froid, vous n'osiez les apporter.
embrassés les pour nous.
Augustin me charge de vous dire qu'il vous donnera votre argent.
En venant apportez le papier.
En attendant de causer de vive voix
recevez les meilleurs baisers de nous Tous

Faites votre possible pour venir vendredi et venez tous les deux
peut-être aurons-nous Roger ce jour-là
Bien le bonjour et bien des choses aux deux mémés
Gros baisers aux deux poupons
Albertine

Le facteur.
Avez-vous remarqué que l'anagramme de "facteur" est "facture" ? Lorsque le facétieux "Cathala" arrêtait sa "4L" jaune, avec son petit oiseau bleu devant chez nous autres, il débitait une gauloiserie, et tendait à ma mère "Le Pèlerin" ("On l'a toujours vu à la maison..."), ou le mauvais pli de l'assureur ou du percepteur. Et là, j'assistai impuissant au saignement à blanc de la famille : "Ca va être du propore si on nous prend la maison..." Ma mère n'a jamais eu d'ardoise. Son obsession de manquer d'argent doit avoir sa source quelque part : mais où ? Je suis un affluent de son fleuve.

Ephémérides.
Mercredi 28 février 1990 : décès accidentel vers Lavaur de Cathala, facteur 14 ans de service à Buzet.

(A suivre.)

Joël Fauré
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La deuxième phrase...

En feuilletant un illustré pour les femmes dont le coeur bat à droite, je suis tombé sur un "marronnier" qui laissait déjà tomber ses premières bonnes feuilles : la rentrée littéraire et ses quelques 700 volumes...
Il est de coutume pour les rédactions de publier la première phrase... Je me suis amusé à imaginer la seconde.
Je m'en suis tenu à mes "fixettes" et aux allusions qui y ont été faites...
Mazarine Pingeot, la fille de qui vous savez, publie chez
Julliard "Le cimetière des poupées". Ce livre sera-t-il un brûlot ? Il évoque l'affaire des bébés congelés, et a déjà suscité quelques polémiques.
La première phrase : "J'avais mis des bottes." Je me sentis protégée.
Lydie Salvayre, (Lu et aimé "La conférence de Cintegabelle") décrit au Seuil une relation entre un milliardaire et une romancière, engagée pour écrire une biographie à sa gloire.
La première phrase : "J'avais le cou meurtri à cause de la laisse, et l'esprit fatigué de l'entendre me dire C'est noté ? vingt fois par jour." "Mais j'avais accepté toutes les chaînes ; si je disais "pouce", j'arrête, je perdais mon plaisir avec ma douleur."

JF


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A
Lettres et coups de fil, le lien, toujours le lien, distendu puis éteint mais jamais perdu...
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