12 septembre 2007 3 12 /09 /septembre /2007 17:39
"Tozeur-sur-Tarn"
Un théâtre de verdure ? Et pourquoi pas ? Je prends conscience, avec le recul, et parce que la vie s'est chargée de m'en détacher, des joies ineffables qu'offre la nature. Natura rex.
Alors que je rédige, sans précipitation, loin de ma terre natale, dans ma minuscule thébaïde, en plein coeur de Toulouse, dans une rue imprononçable, ce petit livre consacré à mon père, je pense à mon petit lopin, avec son carré de ciel changeant au dessus, et ça m'aide à supporter les camps de concentration que sont devenues les villes.
Mon père n'a jamais mis les pieds dans ma garçonnière. Il s'y serait étouffé. Je préfère le savoir dans son "Désert des Tartares".
Un souvenir vient associer un livre et un jardin. Le mariage est souvent heureux ; la noce belle.
Ce livre, c'est "Poly en Tunisie", de Cécile Aubry.
Cécile Aubry a écrit de fort jolis livres pour la jeunesse, où elle met en scène un bon gros chien des Pyrénées, Belle, et un poney Poly.
Ces deux braves bêtes ont bercé mon enfance.
Donc, l'action de "Poly en Tunisie" se déroule à Tozeur. De ma bibliothèque, j'ai ressorti les deux versions que je possède, l'une dans la "bibliothèque rose" -un authentique écrivain ne doit pas avoir honte de placer en bonne place dans sa bibliothèque les livres de son enfance- ; l'autre dans la collection "Vermeille".
Il est amusant de constater, d'emblée, que le texte varie. l'incipit chez "la bibliothèque rose" dit : "Un îlot de verdure en plein désert, voilà Tozeur." Et chez "Vermeille" : "Une oasis en plein désert, voilà Tozeur". Lecture à deux vitesses : un poney pour les ânes et un poney pour les lipizzans.
L'histoire -un hold-up, des gentils, des méchants, le poney héros- se laisse lire sans déplaisir.
Le livre est adapté à la télévision sous la forme de feuilletons. Je me garde bien de rater un épisode, captivé que je suis, à dix ans, par l'intrigue, l'atmosphère... Mais c'est surtout un personnage qui m'est sympathique. Il s'appelle "Monsieur Fleur". "Monsieur Fleur", comme son nom l'indique, est botaniste. Il me fascine, à telle enseigne qu'il me donne envie d'herboriser aussi. C'est une révélation. Larvée, mais une révélation.
Sans le savoir, j'ai de la chance. J'ai un ami des plantes sous la main : mon père.
Je touche deux mots à "Oh" : je lui dis que j'ai rencontré un type qui lui ressemble et qui m'a donné envie de voir pousser du vert. Il me concède, sans formalisme, un petit carré de terre, entre un poirier et un seringat, tout près du puits (huit mètres de profondeur), de l'auge et de la pompe à chapelet qui l'alimente.
Savez-vous qu'écrire ceci me fait du bien ? Je me demande si, au mieux, on ne parle très bien que des choses disparues ? J'ai tracé des sillons, j'ai fait venir des fruits et des légumes ; j'étais heureux, mon père aussi.
Quand je revois ce petit carré de terre, aujourd'hui qu'il n'est plus à nous, je repense à "Monsieur Fleur", à la crinière de Poly, et à Tozeur, "îlot de verdure" ou "oasis" ; "Tozeur-sur-Tarn", parce que le monde est un même village.

Itinéraire.
Pour se rendre à "Tozeur-sur-Tarn", et gouter au charme, en orée de forêt, de mes "beaux ares", munissez-vous d'un atlas mondial, puis d'une carte d'Europe, puis de France, puis de la région Midi-Pyrénées, puis de la Haute-Garonne, puis une carte d'Etat-Major. Repérez Toulouse... Quittez Toulouse, direction Nord-Est. Empruntez l'autoroute A 68 ou la Nationale 88. Sortez à "Gémil-Buzet-sur-Tarn". La forêt fait angle ; le golf se voit ; de gros îlots blanc sale canalisent la circulation. Mettez vos roues ou vos chaussures sur le CD 630. Après la ferme de "Darnal", traversez le ruisseau. A 300 m, tournez à droite. Laissez le monument aux morts déjà cité à gauche.
Faites 500 m. Tournez à gauche. Roulez 200 m. Voilà, c'est là. Le chemin d'exploitation numéro 23, carrossable si on fait attention, conduit à mes "beaux ares", puis à la forêt.

Passionaria.
Au catalogue des graines et semis, nous tombons d'accord, mon père et moi, pour commander une "passiflora", une fleur de la Passion. Nous la portons en terre, au pied sud sud est de notre maison. Elle grimpera, épanouira ses fleurs magnifiques (elles évoquent les instruments de la Passion du Christ : couronne d'épines, clous, marteau) - ça nous correspond assez bien- ; produira des fruits en forme de poire -ça nous va aussi.
Je ne crois pas que les nouveaux propriétaires aient les mêmes passions que nous autres...

(A suivre.)

Joël Fauré

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AVATARS :

OTAGE DE "LIBERATION"

Correspondance particulière.
"Objet : Réclamation avant demande de pendaison haut et court du responsable abonnement de "Libération"
Le 9 juillet 2007.
Bonjour.
Attention ! Ce message est revendicatif... Ne le lisez pas si vous vous êtes levé du pied gauche ce matin...
Alors voilà...
Je suis un très vieux lecteur de Libération, et je l'achète "au numéro" depuis ... ans.
J'ai voulu m'offrir un petit luxe, l'âge venant, et j'ai contracté un abonnement.
Je devais en théorie être livré par porteur à partir du... 11 juin !
A ce jour, je vous incite à doubler le salaire de toutes celles et de tous ceux qui oeuvrent pour le quotidien, si l'on veut bien considérer que mon abonnement court et que j'achète Libé au numéro :-)
J'ai appelé le service abonnement trois fois. Mon aimable interlocutrice m'a indiqué que le porteur rencontrait un problème avec mon digicode. J'ai remédié à cette difficulté. Toujours pas de newspaper...
J'ai rappelé : on m'a assuré que le service portage allait prendre contact avec moi. J'attends toujours.
Bref, je sens l'aile de l'ire m'effleurer...
Je veux bien mettre sur le compte des sacro-saintes vacances l'élucidation de ce forfait !
Or, plus sérieusement et sur un plan plus pratique, je vous demande :
- soit d'annuler mon "abonnement virtuel" et me rembourser mon écot ;
- soit de solutionner.
Je vous rappelle mon numéro d'abonné :
A0239249/00424
Allez, sans rancune.
Joël Fauré.
(Auteur très dramatique)"


"Le 12 septembre 2007.
Bonjour.
Mon abonnement à votre titre a été un véritable fiasco.
Aussi incroyable que cela puisse "paraître", depuis que je reçois mon-votre journal dans ma boîte, je le lis moins qu'avant !
Allez, tout ça mérite bien une petite explication.
Avant toute chose, soyez rassurés, je fais comme avant, j'achète Libé au numéro et tout est rentré dans l'ordre...
Passés les premiers problèmes évoqués en leur temps, Libé m'est bien parvenu presque tous les jours -sauf le 15 août bien entendu.
Sérions les inconvénients :
1) Habituellement, je l'achète le matin et j'aime bien le parcourir pour en repérer les articles sur lesquels je compte revenir. Or, la formule abonnement ne me permet de l'ouvrir qu'après l'aléatoire passage du facteur...
2) Atteint de TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs), et notamment celui de "l'amassage", je me suis vu "contraint" de conserver pratiquement tous les bandeaux ceinturant le journal...
Certains soirs, trop épuisé, il m'est arrivé de ne pas "débander"... (On appelle ça un "évitement".)
3) Mon marchand de journaux préféré avec qui j'entretiens un commerce alimenté par l'actualité, la culture, la presse depuis plus de 15 ans, s'est étonné de ne plus me vendre mon titre. J'ai frisé l'incident diplomatique.
4) Je vais jouer les fines bouches, mais le pliures du journal me gênent : une suggestion, comme ça, en passant : pourquoi donc ne le pliez-vous pas seulement en deux ?

Je suis bien conscient que mon divorce avec l'abonnement vous prive d'un peu d'argent frais -et la presse papier en pleine crise en a bien besoin- mais je me demande quelle est la différence avec l'achat "au numéro"...
En délicatesse avec les chiffres depuis longtemps, je compte sur vous pour m'éclairer sur ce point...
Bref, vous ne perdez pas un lecteur mais un abonné, ce qui est différent...
Je vous assure de toute ma fidélité.
Cordialement,

Joël Fauré

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commentaires

C
Hmmmm ! Je vous reconnais bien là Joël Fauré,tout en finesse mais fermement et sûrement. Personnellement, j'ai voulu parfois m'abonner à certaines revues, mais je n'ai jamais cédé à la tentation pour les mêmes raisons de contact humain que vous citez. J'ai eu peur de l'isolement...Quant à Libération...je n'ai pas les mêmes TOC d'accumulation que vous...il sied parfaitement à la litière 40 x 30 de mon chat cultivé. Ben oui et alors ?
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