AZF : 6 ANS
ON A TOUS EN NOUS UNE ROUTE D'ESPAGNE
Toulouse. Route d'Espagne. vendredi 21 septembre 2001. 10 h 15. L'usine chimique AZF explose et détruit une partie de la ville. 29 morts et des centaines de blessés, parfois
très graves.
A dire le vrai, difficile de nier que beaucoup de toulousaines et toulousains n'ont pas dit un jour : "Ca va péter !" Difficile aussi de ne pas dire que des angoissés à la petite
semaine, voire au petit quart d'heure, n'ont pas redouté, en représentation mentale, le pire.
Le pire est arrivé.
Le catastrophisme tant moqué des fiers-à-bras a trouvé un aval. Dans un contexte inquiétant, puisque dix jours plus tôt, le 11 septembre, des terroristes ont lancé des avions kamikazes sur les
deux hautes tour du World Trade Center à New-York.
Il était presque impossible de ne pas faire le rapprochement entre les deux tragédies. Accident ou attentat ? Ici, une usine chimique ; là-bas des gratte-ciels...
Nous nous apprêtions à vivre le moment où l'on s'y attend le moins. Le voici arrivé au moment où on ne l'attendait plus.
Un drame collectif a rejoint nos drames personnels. J'écris "nos" car je suis un obsessionnel-compulsif de la "première heure", qui a la crainte que le dérisoire devienne événementiel ;
habile, avec la "pensée magique", à transformer les "pourvu que" en "ça y est, c'est fait".
Nous avons tous une angoisse indéfinie lovée quelque part ; nous avons tous notre "Route d'Espagne"ou notre "Chemin de Damas".
Apprenons à dépasser tout ce qui nous gâche la vie.
Et si nous tirions des enseignements de l'actualité ? Si nos faiblesses nous rendaient plus humains ? Plus tolérants ? Plus compréhensifs ? Avant que ne survienne l'agonie des certitudes et
l'urgence de l'espoir...
Courteline disait : "Seuls les imbéciles n'ont pas de doute." On lui demandait : "Vous en êtes sûr ?" Il répondait : "Certain !"
Joël Fauré