21 octobre 2007
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"Il y avait
"la chose" et "le mot"
à traiter toutes affaires cessantes."
"la chose" et "le mot"
à traiter toutes affaires cessantes."
Et pendant ce temps, comment évoluaient mes amours ? Très mal. Elles n'évoluaient pas du tout. Au néant
affectif allait désormais s'ajouter le vide professionnel. Pour la première fois, j'allais pointer au bureau de chômage, celui du corps après celui du coeur, et par là même, je signais
tacitement un pacte avec le désoeuvrement et l'oisiveté dont chacun connaît des aveux de maternité.
En prise directe avec les réalités, parfois brutales, j'eus à essuyer les ricanements et les sourires entendus de tous ceux qui, sans avancer de remèdes, montraient du doigt l'horrible, la cruelle maladie honteuse que j'avais contractée : la virginité !
Il fallait sans doute trouver très vite une panacée à cette lourdeur de bas d'estomac. N'ayant aucun ami, je n'effectuai aucune sortie ; n'ayant aucun repère, je n'envisageai aucun projet. Mais il y avait "la chose" et "le mot" à traiter toutes affaires cessantes.
C'était un samedi après-midi. Je pris sur la Grand'Route le car qui conduit à Toulouse, déterminé à honorer une grande résolution.
Pour les avoir déjà vues là, pour les savoir en réponse à des questions comme les miennes ; pour en avoir eu peur mais pour les savoir sans équivoque, je savais "qu'elles" seraient peut-être curatives.
Sur les trottoirs toulousains, ce jour-là, celles que l'on appelle par commodité sonore les putes, n'étaient pas légion.
Elles n'étaient pas légion mais le coeur battant, j'arpentai tout de même les quartiers chauds de la ville rose, à la recherche de celle qui allait être ma pharmacienne.
Et c'est place Robert Schumann que j'en vis une, qui officiait et qui, la première, m'invita aux délibérations. C'était quelque chose du genre : "Tu viens, chéri ?" de la meilleure trempe. J'ai répondu d'une voix cassée : "C'est combien ?", agrémenté d'un "C'est la première fois". Et après une rapide tractation, nous nous sommes engouffrés dans un corridor crasseux. J'ai suivi cette femme assez jeune, dans l'escalier -le plus beau moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier- jusqu'à la chambre des "amis de passage". J'ai payé le prix convenu, me suis en partie dévêtu et m'en suis remis entièrement à elle. J'étais bien incapable d'improviser. Elle a eu les gestes qu'il fallait, routiniers, avec les gens de mon accabit : on ne peut l'accuser d'avoir baclé de travail. Elle a tout d'abord méticuleusement lavé mon sexe (le sida "n'existait" pas alors), d'une déconcertante flaccidité, m'a invité à m'allonger et a entrepris d'une sollicitation buccale le réveil du réfractaire. Mais il fut d'un entêtement sans nom : crispé, contracté, je ne pus rien obtenir de celui qui, n'ayant pas été prévenu à temps du rôle qu'il aurait à tenir, restait muet quand il avait, enfin, la possibilité de s'exprimer.
Ce fiasco retentissant conforta mes mauvais rapports avec le sexe.
Je quittai, lourd de désespoir, cette accorte putain qui n'avait même pas eu à enlever sa culotte.
En prise directe avec les réalités, parfois brutales, j'eus à essuyer les ricanements et les sourires entendus de tous ceux qui, sans avancer de remèdes, montraient du doigt l'horrible, la cruelle maladie honteuse que j'avais contractée : la virginité !
Il fallait sans doute trouver très vite une panacée à cette lourdeur de bas d'estomac. N'ayant aucun ami, je n'effectuai aucune sortie ; n'ayant aucun repère, je n'envisageai aucun projet. Mais il y avait "la chose" et "le mot" à traiter toutes affaires cessantes.
C'était un samedi après-midi. Je pris sur la Grand'Route le car qui conduit à Toulouse, déterminé à honorer une grande résolution.
Pour les avoir déjà vues là, pour les savoir en réponse à des questions comme les miennes ; pour en avoir eu peur mais pour les savoir sans équivoque, je savais "qu'elles" seraient peut-être curatives.
Sur les trottoirs toulousains, ce jour-là, celles que l'on appelle par commodité sonore les putes, n'étaient pas légion.
Elles n'étaient pas légion mais le coeur battant, j'arpentai tout de même les quartiers chauds de la ville rose, à la recherche de celle qui allait être ma pharmacienne.
Et c'est place Robert Schumann que j'en vis une, qui officiait et qui, la première, m'invita aux délibérations. C'était quelque chose du genre : "Tu viens, chéri ?" de la meilleure trempe. J'ai répondu d'une voix cassée : "C'est combien ?", agrémenté d'un "C'est la première fois". Et après une rapide tractation, nous nous sommes engouffrés dans un corridor crasseux. J'ai suivi cette femme assez jeune, dans l'escalier -le plus beau moment de l'amour, c'est quand on monte l'escalier- jusqu'à la chambre des "amis de passage". J'ai payé le prix convenu, me suis en partie dévêtu et m'en suis remis entièrement à elle. J'étais bien incapable d'improviser. Elle a eu les gestes qu'il fallait, routiniers, avec les gens de mon accabit : on ne peut l'accuser d'avoir baclé de travail. Elle a tout d'abord méticuleusement lavé mon sexe (le sida "n'existait" pas alors), d'une déconcertante flaccidité, m'a invité à m'allonger et a entrepris d'une sollicitation buccale le réveil du réfractaire. Mais il fut d'un entêtement sans nom : crispé, contracté, je ne pus rien obtenir de celui qui, n'ayant pas été prévenu à temps du rôle qu'il aurait à tenir, restait muet quand il avait, enfin, la possibilité de s'exprimer.
Ce fiasco retentissant conforta mes mauvais rapports avec le sexe.
Je quittai, lourd de désespoir, cette accorte putain qui n'avait même pas eu à enlever sa culotte.
"... cette accorte putain
qui n'avait même pas eu
à enlever sa culotte."
qui n'avait même pas eu
à enlever sa culotte."