13 novembre 2007
2
13
/11
/novembre
/2007
17:48
"Je me tâte
Je m'ennuie beaucoup et souvent. Je pointe au
chômage tout en soignant mon psoriasis. Des camarades de classe convolent en justes noces. Certains ont déjà de la descendance. Non, le vilain petit canard n'est pas encore marié. Non, il ne
"fréquente" pas. Oui, il vit toujours chez "papa-maman".
Janvier. Des voisins viennent nous présenter leurs voeux. On sort des verres et du muscat et on joue au rami. Vais-je poser mon jeu "sec" ? Je me tâte. Dans le cou. Et là, dans le cou, mon index détecte un renflement. Pas de doute : c'est un ganglion. Ganglion. Infection. Maladie. Depuis quelque temps, une grande fatigue m'habitait, une oppression thoracique m'étreignait, et c'était sans compter sur les sensations d'étouffement, le soir, à l'endormissement ; les sueurs froides, chaudes, tièdes, la tachychardie, l'hypertension, toutes du même métal dont on ne fait pas les armures. Mais là : ganglion !
J'avais lu quelques articles, quelques passages de livres -plus on accroît son savoir, plus on accroît sa douleur- qui traitaient du fleau qu'est le SIDA. Des symptômes étaient recensés : fatigue, sudation, fièvre, langue blanche et ganglions.
J'avais tout ça.
S'il faut déterminer une génèse à ce que nous pourrions appeler "la peur du mal et le mal de la peur", ne cherchons pas plus loin : elle est là. Ce soir-là, cartes en main, une évidence arrivait en face de moi, tous phares allumés : j'avais contracté la plus implacable maladie d'amour auprès de celles qui en font commerce.
Et c'est ainsi que tout bascula.
Bien sûr, il aurait fallu subir le test de dépistage, mais les examens, alors, ne se pratiquaient pas aussi systématiquement qu'aujourd'hui. Bien sûr, il aurait peut-être fallu en parler, mais à qui ? Et pour dire quoi ? Que j'étais "allé aux putes" ?
Une petite, sourde, insidieuse anxiété se lova là où il fallait.
D'une nature hyper-anxieuse, je lui donnai matière à prendre de belles proportions.
Pour dire quoi ?
Que j'étais "allé aux putes" ?"
Janvier. Des voisins viennent nous présenter leurs voeux. On sort des verres et du muscat et on joue au rami. Vais-je poser mon jeu "sec" ? Je me tâte. Dans le cou. Et là, dans le cou, mon index détecte un renflement. Pas de doute : c'est un ganglion. Ganglion. Infection. Maladie. Depuis quelque temps, une grande fatigue m'habitait, une oppression thoracique m'étreignait, et c'était sans compter sur les sensations d'étouffement, le soir, à l'endormissement ; les sueurs froides, chaudes, tièdes, la tachychardie, l'hypertension, toutes du même métal dont on ne fait pas les armures. Mais là : ganglion !
J'avais lu quelques articles, quelques passages de livres -plus on accroît son savoir, plus on accroît sa douleur- qui traitaient du fleau qu'est le SIDA. Des symptômes étaient recensés : fatigue, sudation, fièvre, langue blanche et ganglions.
J'avais tout ça.
S'il faut déterminer une génèse à ce que nous pourrions appeler "la peur du mal et le mal de la peur", ne cherchons pas plus loin : elle est là. Ce soir-là, cartes en main, une évidence arrivait en face de moi, tous phares allumés : j'avais contracté la plus implacable maladie d'amour auprès de celles qui en font commerce.
Et c'est ainsi que tout bascula.
Bien sûr, il aurait fallu subir le test de dépistage, mais les examens, alors, ne se pratiquaient pas aussi systématiquement qu'aujourd'hui. Bien sûr, il aurait peut-être fallu en parler, mais à qui ? Et pour dire quoi ? Que j'étais "allé aux putes" ?
Une petite, sourde, insidieuse anxiété se lova là où il fallait.
D'une nature hyper-anxieuse, je lui donnai matière à prendre de belles proportions.
Pour dire quoi ?
Que j'étais "allé aux putes" ?"