14 novembre 2007
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17:52
"Le SIDA était devenu
le logotype de mes pensées
le logotype de mes pensées
Avais-je ou n'avais-je pas attrapé une sale maladie un peu plus tôt, un peu plus
insouciant ? Ma langue était bien blanche, mes ganglions fidèles au poste, ma fatigue persistante. Pas un jour sans que le mot "SIDA" ne soit prononcé. Le SIDA était devenu le logotype de mes
pensées.
Quelle attitude adopter ? Ouvrir les yeux ou pratiquer la politique de l'autruche ? La seconde solution me paraissait être la mieux adaptée à ma "négligence", ou en tous cas, la moins perturbante dans l'immédiat. J'allais rester comme ça : tant que ça casse pas, on répare pas.
SIDA : je voulus tout faire pour m'empêcher de penser à ça. Pauvre ingénu ! Pas une affiche, pas un journal, pas un flash de 20 heures ne dérogeait à la règle : le Syndrome de l'Immuno-Déficience Acquise bénéficiait d'une couverture hors du commun. Les dictionnaires durent faire un peu de place dans leurs colonnes : séropositif, HIV, AZT. Mais un flou régnait encore sur le virus. On avait seulement déterminé des "groupes à risques" : les homosexuels, les héroïnomanes et les hétérosexuels à partenaires multiples. Et par là même les prostituées.
On avait également mis en évidence les véhicules de transmission du virus : le sang et le sperme ; et les causes : les rapports sexuels et les injections intraveineuses de drogue, à quoi il faudra ajouter les transfusions de sang contaminé.
SIDA : les anxiétés prirent de l'ampleur. Je sautai des pages de journaux, allai aux toilettes le temps d'un reportage télé, changeai de conversation pour un non et surtout pour un "SI"...
SIDA : il fallait savoir. Il ne fallait pas. Il ne fallait pas savoir. Il fallait.
Si je n'étais pas atteint du SIDA, je l'étais de son ombre. Je souffrais ; j'étais mort et c'était d'une maladie honteuse, générée par une conspiration du silence.
On avait ouvert des centres de dépistage, anonymes et gratuits. Il suffisait de s'y présenter, donner un peu de son sang (et de sa sueur) en échange d'un carton d'invitation revêtu d'un numéro. Invitation à revenir en deuxième semaine pour connaître le verdict.
J'eus droit à mon carton.
Il fallait savoir. Et je sus.
Ce qui est dur, ce n'est pas de savoir ; c'est d'attendre pour savoir.
-----
Brèves:
Dans la petite lucarne
Ce soir sur France 2, à 23 h 15, dans la collection "TABOUS", l'émission sera consacrée au plaisir féminin ; Jeanne de Berg y interviendra.
Quelle attitude adopter ? Ouvrir les yeux ou pratiquer la politique de l'autruche ? La seconde solution me paraissait être la mieux adaptée à ma "négligence", ou en tous cas, la moins perturbante dans l'immédiat. J'allais rester comme ça : tant que ça casse pas, on répare pas.
SIDA : je voulus tout faire pour m'empêcher de penser à ça. Pauvre ingénu ! Pas une affiche, pas un journal, pas un flash de 20 heures ne dérogeait à la règle : le Syndrome de l'Immuno-Déficience Acquise bénéficiait d'une couverture hors du commun. Les dictionnaires durent faire un peu de place dans leurs colonnes : séropositif, HIV, AZT. Mais un flou régnait encore sur le virus. On avait seulement déterminé des "groupes à risques" : les homosexuels, les héroïnomanes et les hétérosexuels à partenaires multiples. Et par là même les prostituées.
On avait également mis en évidence les véhicules de transmission du virus : le sang et le sperme ; et les causes : les rapports sexuels et les injections intraveineuses de drogue, à quoi il faudra ajouter les transfusions de sang contaminé.
SIDA : les anxiétés prirent de l'ampleur. Je sautai des pages de journaux, allai aux toilettes le temps d'un reportage télé, changeai de conversation pour un non et surtout pour un "SI"...
SIDA : il fallait savoir. Il ne fallait pas. Il ne fallait pas savoir. Il fallait.
Si je n'étais pas atteint du SIDA, je l'étais de son ombre. Je souffrais ; j'étais mort et c'était d'une maladie honteuse, générée par une conspiration du silence.
On avait ouvert des centres de dépistage, anonymes et gratuits. Il suffisait de s'y présenter, donner un peu de son sang (et de sa sueur) en échange d'un carton d'invitation revêtu d'un numéro. Invitation à revenir en deuxième semaine pour connaître le verdict.
J'eus droit à mon carton.
Il fallait savoir. Et je sus.
Ce qui est dur, ce n'est pas de savoir ; c'est d'attendre pour savoir.
Il fallait savoir.
Et je sus."
Et je sus."
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Brèves:
Dans la petite lucarne
Ce soir sur France 2, à 23 h 15, dans la collection "TABOUS", l'émission sera consacrée au plaisir féminin ; Jeanne de Berg y interviendra.