19 novembre 2007
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20:28
"Je mets mes bottes,
en me cachant
en me cachant
Ma vie est ratée ? Mes journées sont de longues,
vaines attentes. Mes nuits sont insomnies. Je m'endors au petit matin. Les réveils sont rudes : paupières lourdes, bouche pâteuse, membres raides, tête où s'ébattent des idées saugrenues. Je
suis seul. Je mets mes bottes, en me cachant, le coeur battant. Je les retire.
J'ai peur. Je souffre. Et j'ai peur de souffrir. Si j'ai le SIDA, je vais mourir dans d'atroces souffrances. Il faudra que je prévienne les miens. Ca me paraît insurmontable. L'amour, le sexe me taraudent autant que leurs maladies. Je ne sais pas trouver les mots : c'est une injustice chevillée au ventre. Il paraît tellement conventionnel de l'écrire ! J'ai envie de hurler mon manque d'amour. Je l'écris. J'ai envie de hurler que, pour le meubler un peu, ce manque, ce vide vertigineux, je suis allé chercher de l'amour de façon factice ailleurs, et n'en ai retenu que les désagréments.
Il faut savoir. Je veux savoir si oui ou non je suis séropositif ! Depuis le dernier déspistage, il n'y a pas eu de rapport ; il n'y a eu des bottes, mais... il faut savoir.
Les centres de dépistage du SIDA se sont multipliés. Le test est beaucoup plus fiable. On en sait beaucoup plus sur la maladie. De report en renvoi, j'aboutis à un verdict sans appel : il faut que je me fasse dépister. Pour l'avoir déjà suivi, je connais l'itinéraire du curieux : prise de sang, remise d'un carton revêtu d'un numéro, attente une semaine et résultat des courses. Une semaine d'attente... On attend toujours trop longtemps. Retour case départ, nu, dépouillé, entre les mains d'un messager en blouse blanche. Avec moi, un jeune couple attend, vient vérifier si le mal ne les a pas visités. Quelques mots échangés et on appelle mon numéro. "Asseyez-vous, c'est négatif". Que peut-on répondre ? "Merci" ? C'est déplacé. "Ouf" ? C'est mièvre et égoïste. On déballe quand même une banalité, un souffle, une respiration.
J'ai peur. Je souffre. Et j'ai peur de souffrir. Si j'ai le SIDA, je vais mourir dans d'atroces souffrances. Il faudra que je prévienne les miens. Ca me paraît insurmontable. L'amour, le sexe me taraudent autant que leurs maladies. Je ne sais pas trouver les mots : c'est une injustice chevillée au ventre. Il paraît tellement conventionnel de l'écrire ! J'ai envie de hurler mon manque d'amour. Je l'écris. J'ai envie de hurler que, pour le meubler un peu, ce manque, ce vide vertigineux, je suis allé chercher de l'amour de façon factice ailleurs, et n'en ai retenu que les désagréments.
Il faut savoir. Je veux savoir si oui ou non je suis séropositif ! Depuis le dernier déspistage, il n'y a pas eu de rapport ; il n'y a eu des bottes, mais... il faut savoir.
Les centres de dépistage du SIDA se sont multipliés. Le test est beaucoup plus fiable. On en sait beaucoup plus sur la maladie. De report en renvoi, j'aboutis à un verdict sans appel : il faut que je me fasse dépister. Pour l'avoir déjà suivi, je connais l'itinéraire du curieux : prise de sang, remise d'un carton revêtu d'un numéro, attente une semaine et résultat des courses. Une semaine d'attente... On attend toujours trop longtemps. Retour case départ, nu, dépouillé, entre les mains d'un messager en blouse blanche. Avec moi, un jeune couple attend, vient vérifier si le mal ne les a pas visités. Quelques mots échangés et on appelle mon numéro. "Asseyez-vous, c'est négatif". Que peut-on répondre ? "Merci" ? C'est déplacé. "Ouf" ? C'est mièvre et égoïste. On déballe quand même une banalité, un souffle, une respiration.
On attend toujours
trop longtemps"
trop longtemps"