20 novembre 2007
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17:00
"Il y a urgence
pour aimer, travailler...
pour aimer, travailler...
Il y a urgence pour aimer, travailler, puisque le
SIDA n'est pas passé par moi. Il n'y a rien, rien qu'une envahissante détresse. Ma santé joue dans la cour des faibles : l'hypertension affiche des scores étourdissants, la tachycardie fait
battre mon coeur pour des partis qui n'en valent vraiment pas la peine, les palpitations font le bras de fer avec les sudations. Le psoriasis a son enseigne sur le visage : plaques rouges et
squames blanchâtres sur les sourcils, les ailes du nez, le front, le pourtour des oreilles ; la séborrhée disperse ses blancs confettis dans la chevelure.
Chômage, solitude, incompréhension, frustration, santé précaire : autant d'éléments pour quelle compétition ? Du Zola...
Sexe et SIDA : deux serpents qui sifflent au dessus de ma tête.
SIDA : de nombreuses contrevérités ont été dites sur la terrible maladie. "On peut l'attraper par la salive" a même déclaré un homme politique. Pour mieux revenir sur ses dires et embrasser publiquement un séropositif. Il n'empêche : j'ai entendu beaucoup trop de choses, à tort et à travers. Je me suis tu, muré dans un silence épouvantable, semis-salmigondis où se brouillent, s'embrouillent des idées décalées, anachroniques, peu claires : la phobie est arrivée. Le moindre bouton, le plus insignifiant des toussotements, la langue blanche, un gramme perdu, une mauvaise mine, une sueur (la fièvre, à coup sûr !), les traits tirés, des diarrhées. Le SIDA est partout. On a dit qu'on pouvait l'attraper chez le dentiste ; on a dit que les muqueuses de l'anus, hypersensibles, sont aussi très accueillantes pour le virus ; on a dit...
Je ne sais plus ce qu'on a dit. Je ne sais plus. Promis. Juré. Craché. Craché. Craché. Et re-craché. La salive est porteuse, conductrice, hein ? On l'a dit. Quelqu'un vient me parler : il est certainement séropositif. Des postillons ont rejailli, éclaboussé : il faut cracher...
Chômage, solitude, incompréhension, frustration, santé précaire : autant d'éléments pour quelle compétition ? Du Zola...
Sexe et SIDA : deux serpents qui sifflent au dessus de ma tête.
SIDA : de nombreuses contrevérités ont été dites sur la terrible maladie. "On peut l'attraper par la salive" a même déclaré un homme politique. Pour mieux revenir sur ses dires et embrasser publiquement un séropositif. Il n'empêche : j'ai entendu beaucoup trop de choses, à tort et à travers. Je me suis tu, muré dans un silence épouvantable, semis-salmigondis où se brouillent, s'embrouillent des idées décalées, anachroniques, peu claires : la phobie est arrivée. Le moindre bouton, le plus insignifiant des toussotements, la langue blanche, un gramme perdu, une mauvaise mine, une sueur (la fièvre, à coup sûr !), les traits tirés, des diarrhées. Le SIDA est partout. On a dit qu'on pouvait l'attraper chez le dentiste ; on a dit que les muqueuses de l'anus, hypersensibles, sont aussi très accueillantes pour le virus ; on a dit...
Je ne sais plus ce qu'on a dit. Je ne sais plus. Promis. Juré. Craché. Craché. Craché. Et re-craché. La salive est porteuse, conductrice, hein ? On l'a dit. Quelqu'un vient me parler : il est certainement séropositif. Des postillons ont rejailli, éclaboussé : il faut cracher...
Promis. Juré. Craché."