29 novembre 2007
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13:25
"L'insolite me hantait
L'insolite me hantait. Il s'appelait, on le sait
sadomasochisme. Je ne l'avais jamais totalement assumé. Du conflit fascination/répulsion était né le refoulement et l'angoisse.
Pourtant j'utilisai les services d'une messagerie vocale où transitaient les propositions les plus diverses et, je dois le dire, pas les plus riches en précautions de vocabulaire. Dans l'habitacle d'une cabine téléphonique -qu'il faudra un jour classer monument historique !- je décrochai le combiné et enregistrai le message suivant : "Jeune homme fétichiste cuir et cuissardes, recherche dominateur, dominatrice, soumis ou soumise." Suivait le numéro d'appel de ladite cabine.
Une prompte réponse m'obligea. C'était une très agréable voix de femme, toute pétrie de sensualité. Nous nous jaugeâmes. Nous parlâmes longtemps. Elle avait été intriguée par ma voix, par ce "je ne sais quoi" qui peut déplaire ou séduire.
Qui était-elle, cette inconnue, tenue, ténue par un fil, dont la chair, le corps, la bouche, les lèvres n'étaient que vibrations électroacoustiques ?
Notre intimiste conversation à bâtons rompus m'apprit qu'elle vivait dans une ville célèbre pour ses tours et ses créneaux à prendre, qu'elle adorait faire l'amour sans trop de routine ni de conventions. De plus, elle avait de la conversation.
Je crois que, d'abord, nous nous plûmes intellectuellement en échangeant nos timbres.
Nous nous fixâmes un rendez-vous fragile pour le lendemain. Pour l'instant, pas question qu'elle me donne son numéro de téléphone ; pas question que je lui donne le mien. Un rendez-vous fragile : demain, à 18 heures précises, elle me rappellerait dans cette même cabine. A quoi ça tient ? Il suffisait que des vandales la saccagent pour qu'une histoire naissante fût tuée dans l'oeuf. Plus aucun autre moyen de retrouver l'inconnue du clair de lune. Hormis les grandes manoeuvres, "Interpol", les renseignements généraux et le journal "Libération" !
Les vandales ne détruisirent que quelques stéréotypes et laissèrent la cabine à l'essayage de la ponctualité.
A 18 heures pécises, la sonnerie retentit. C'était elle, l'amie-voix.
Et nous reprimes l'échange, tout en finesse, ciselé ; du cousu main. Ce n'était pas de la gnognotte ; ce n'était pas de la parlotte.
Nous avons installé un fil entre nous. Nous avons inscrit en quelque endroit puis dans la tête les huit chiffres de nos téléphones respectifs.
Vint l'instant crucial où "nous offrîmes nos dermes au champ visuel".
Elle aurait une jupe en cuir...
Une rose rouge pour cierge de communiant, je me rendis à ce rendez-vous insolite.
Elle était là. Femme mûre dans l'éclat de la quarantaine, pas du tout conforme à l'idée que je m'en étais faite !
J'ai vécu, avec cette passionnée ô combien expérimentée, les moments les plus pédagogiques de ma carrière de "séducteur". Elle était goulue, avide des plaisirs de la chair, professant à pleine bouche les disciplines écolo-bucco-génitales.
Elle avait accepté mes TOC, mon psoriasis ; elle m'avait écrit de langoureux poèmes ; je l'avais entrainée dans "la boutique du centre-ville dont la vitrine reflétait le cuir de bottes à longues tiges..."
Mais le plus extravagant de cette histoire, c'est que jamais, jamais nos rapports n'ont été régis par le prétexte qui les avait suscités.
Pourtant j'utilisai les services d'une messagerie vocale où transitaient les propositions les plus diverses et, je dois le dire, pas les plus riches en précautions de vocabulaire. Dans l'habitacle d'une cabine téléphonique -qu'il faudra un jour classer monument historique !- je décrochai le combiné et enregistrai le message suivant : "Jeune homme fétichiste cuir et cuissardes, recherche dominateur, dominatrice, soumis ou soumise." Suivait le numéro d'appel de ladite cabine.
Une prompte réponse m'obligea. C'était une très agréable voix de femme, toute pétrie de sensualité. Nous nous jaugeâmes. Nous parlâmes longtemps. Elle avait été intriguée par ma voix, par ce "je ne sais quoi" qui peut déplaire ou séduire.
Qui était-elle, cette inconnue, tenue, ténue par un fil, dont la chair, le corps, la bouche, les lèvres n'étaient que vibrations électroacoustiques ?
Notre intimiste conversation à bâtons rompus m'apprit qu'elle vivait dans une ville célèbre pour ses tours et ses créneaux à prendre, qu'elle adorait faire l'amour sans trop de routine ni de conventions. De plus, elle avait de la conversation.
Je crois que, d'abord, nous nous plûmes intellectuellement en échangeant nos timbres.
Nous nous fixâmes un rendez-vous fragile pour le lendemain. Pour l'instant, pas question qu'elle me donne son numéro de téléphone ; pas question que je lui donne le mien. Un rendez-vous fragile : demain, à 18 heures précises, elle me rappellerait dans cette même cabine. A quoi ça tient ? Il suffisait que des vandales la saccagent pour qu'une histoire naissante fût tuée dans l'oeuf. Plus aucun autre moyen de retrouver l'inconnue du clair de lune. Hormis les grandes manoeuvres, "Interpol", les renseignements généraux et le journal "Libération" !
Les vandales ne détruisirent que quelques stéréotypes et laissèrent la cabine à l'essayage de la ponctualité.
A 18 heures pécises, la sonnerie retentit. C'était elle, l'amie-voix.
Et nous reprimes l'échange, tout en finesse, ciselé ; du cousu main. Ce n'était pas de la gnognotte ; ce n'était pas de la parlotte.
Nous avons installé un fil entre nous. Nous avons inscrit en quelque endroit puis dans la tête les huit chiffres de nos téléphones respectifs.
Vint l'instant crucial où "nous offrîmes nos dermes au champ visuel".
Elle aurait une jupe en cuir...
Une rose rouge pour cierge de communiant, je me rendis à ce rendez-vous insolite.
Elle était là. Femme mûre dans l'éclat de la quarantaine, pas du tout conforme à l'idée que je m'en étais faite !
J'ai vécu, avec cette passionnée ô combien expérimentée, les moments les plus pédagogiques de ma carrière de "séducteur". Elle était goulue, avide des plaisirs de la chair, professant à pleine bouche les disciplines écolo-bucco-génitales.
Elle avait accepté mes TOC, mon psoriasis ; elle m'avait écrit de langoureux poèmes ; je l'avais entrainée dans "la boutique du centre-ville dont la vitrine reflétait le cuir de bottes à longues tiges..."
Mais le plus extravagant de cette histoire, c'est que jamais, jamais nos rapports n'ont été régis par le prétexte qui les avait suscités.
Jamais nos rapports
n'ont été régis par le prétexte
qui les avait suscités..."
EXCLUSIF :
Retrouvez "A-propos-de-bottes.over-blog.fr" demain dans les colonnes de "Libération"
... pour que tout ceci reste "ENTRE NOUS"...
n'ont été régis par le prétexte
qui les avait suscités..."
EXCLUSIF :
Retrouvez "A-propos-de-bottes.over-blog.fr" demain dans les colonnes de "Libération"
... pour que tout ceci reste "ENTRE NOUS"...