2 décembre 2007
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20:18
"Le gras du bouillon
fait briller
les cheveux dans la soupe...
fait briller
les cheveux dans la soupe...
J'ai dissimulé mes troubles du mieux que j'ai pu,
mais maintenant, le gras du bouillon fait briller les cheveux dans la soupe. On ne m'a pas fait de cadeaux. J'en ai bavé. Des ronds de chapeaux et des semelles de bottes... Je ne serai pas
assez fou pour qu'on m'enferme et trop pour vivre normalement.
Oui, je change de temps à chaque phrase ; je malmène la conjugaison. Et alors ? Les obsessions se foutent pas mal de la concordance des temps.
Sexe. SIDA. Solitude. Famille. Frustration. Cuissardes. Putes. Psoriasis. Phimosis. Cyphose. Névrose. Spasmophilie. Phobie. TOC. Au bureau où je suis, obscur employé aux écritures, les dossiers s'empilent jusqu'au plafond. Il faut les traiter au mètre-cube. Hélas, trois fois hélas, je suis paralysé ; je compulse des feuillets rédigés en serbo-croate... Je ne peux plus avancer, piqué comme un insecte sur la planche d'un entomologiste. Je suis emmuré dans le ghetto de ma névrose. Rien n'est simple et tout se complique. Je comprends que certains de mes contemporains assermentés aient pu me taxer de simulateur ou de tire-au-flanc. Je prête le mien aux commentaires calamiteux. Les salons bien pensants aiment se repaître de "merdre" en papillote. Que dire ? Que faire ?
A mi-chemin entre le culot et l'énergie du désespoir, je tentai un ultime soubresaut, perdu pour perdu.
Puisque mes pauvres lèvres étaient impossibles à dire ma détresse ; puisque ma souffrance était réelle et sous-estimée, j'optai sans vergogne pour un filtre qui, s'il est mal manipulé, peu produire l'effet contraire à celui escompté, c'est-à-dire ne laisser passer que les impuretés. Ce filtre est public et grossissant : il s'appelle médiatisation.
On peut bien dire ce qu'on voudra : narcissique, mégalo, exhibitionniste, je n'en ai rien à faire... Je pense avoir "géré" ma "promotion" avec juste ce qu'il faut de pudeur et juste ce qu'il faut d'orgueil.
Cette année-là donc, un quotidien titrait à la une : "Atteint de troubles obsessionnels... il raconte son enfer quotidien." Un grand papier, illustré de ma photo en gros plan, racontait avec des mots choisis et justes le lot commun des "toqués" ;
cette année-là, -c'était sans doute le Moyen-âge des TOC- je "passai" à la télévision dans une grande émission médicale. On m'y voyait dans le feu de l'action, sous la mitraille d'un tir groupé de TOC. Le tournage avait duré quatre heures. Le preneur de vues et le preneur de son avaient un sujet complaisant : les multiples prises, nécessaires à l'élaboration d'un sujet parfait, ne sont-elles pas, en puissance, des compulsions ? Coupez ! On la refait...
Le montage rendit une quintessence de trois minutes crédibles.
On me reconnut déjà dans la bande-annonce de l'émission : un grand dégingandé qui ouvrait et fermait sa boîte aux lettres plus souvent qu'il n'est permis sous le fallacieux prétexte qu'un pli confifentiel pouvait y être à jamais perdu.
Oui, je change de temps à chaque phrase ; je malmène la conjugaison. Et alors ? Les obsessions se foutent pas mal de la concordance des temps.
Sexe. SIDA. Solitude. Famille. Frustration. Cuissardes. Putes. Psoriasis. Phimosis. Cyphose. Névrose. Spasmophilie. Phobie. TOC. Au bureau où je suis, obscur employé aux écritures, les dossiers s'empilent jusqu'au plafond. Il faut les traiter au mètre-cube. Hélas, trois fois hélas, je suis paralysé ; je compulse des feuillets rédigés en serbo-croate... Je ne peux plus avancer, piqué comme un insecte sur la planche d'un entomologiste. Je suis emmuré dans le ghetto de ma névrose. Rien n'est simple et tout se complique. Je comprends que certains de mes contemporains assermentés aient pu me taxer de simulateur ou de tire-au-flanc. Je prête le mien aux commentaires calamiteux. Les salons bien pensants aiment se repaître de "merdre" en papillote. Que dire ? Que faire ?
A mi-chemin entre le culot et l'énergie du désespoir, je tentai un ultime soubresaut, perdu pour perdu.
Puisque mes pauvres lèvres étaient impossibles à dire ma détresse ; puisque ma souffrance était réelle et sous-estimée, j'optai sans vergogne pour un filtre qui, s'il est mal manipulé, peu produire l'effet contraire à celui escompté, c'est-à-dire ne laisser passer que les impuretés. Ce filtre est public et grossissant : il s'appelle médiatisation.
On peut bien dire ce qu'on voudra : narcissique, mégalo, exhibitionniste, je n'en ai rien à faire... Je pense avoir "géré" ma "promotion" avec juste ce qu'il faut de pudeur et juste ce qu'il faut d'orgueil.
Cette année-là donc, un quotidien titrait à la une : "Atteint de troubles obsessionnels... il raconte son enfer quotidien." Un grand papier, illustré de ma photo en gros plan, racontait avec des mots choisis et justes le lot commun des "toqués" ;
cette année-là, -c'était sans doute le Moyen-âge des TOC- je "passai" à la télévision dans une grande émission médicale. On m'y voyait dans le feu de l'action, sous la mitraille d'un tir groupé de TOC. Le tournage avait duré quatre heures. Le preneur de vues et le preneur de son avaient un sujet complaisant : les multiples prises, nécessaires à l'élaboration d'un sujet parfait, ne sont-elles pas, en puissance, des compulsions ? Coupez ! On la refait...
Le montage rendit une quintessence de trois minutes crédibles.
On me reconnut déjà dans la bande-annonce de l'émission : un grand dégingandé qui ouvrait et fermait sa boîte aux lettres plus souvent qu'il n'est permis sous le fallacieux prétexte qu'un pli confifentiel pouvait y être à jamais perdu.
On la refait !"