3 décembre 2007
1
03
/12
/décembre
/2007
18:03
"Je porte la maladie
comme une bannière
comme une bannière
Je porte la maladie comme une bannière. Je n'en
finis pas d'analyser. Qui suis-je, au fond ? Je suis plusieurs. J'aime les dés. Ils ont toujours une face cachée quand ils lévitent.
Où commencent les troubles de la personnalité, comme ceux du comportement ? Enfant, je me cachais souvent. Adulte, j'ai peur des gens, à l'état brut. C'est une maladie.
Bon.
C'est "de naissance" ou bien "ça m'est venu par la suite" ?
J'avance péniblement. Tout me coûte. Je force des portes en permanence. Je vis en plain brouillard mais "putain, que les éclaircies sont belles" !
Je repense aux belles choses de ma vie. Comme tous les grands timides, je suis capable (coupable ?) de grandes audaces : faire déplacer un grand spécialiste du SIDA pour une émission de radio ; mobiliser la compagne des îles Marquises de Brel, pour baptiser une salle des fêtes du nom du chanteur ; faire rencontrer encore des proches de Brel, désireux de se rencontrer depuis longtemps mais n'y parvenant pas ; faire en sorte qu'une ancienne artiste de cirque ne soit pas oubliée...
Je suis à la tête d'une ingérable névrose. Je ne suis pas assez fou pour qu'on m'enferme et trop pour vivre normalement. La souffrance est réelle et sous-estimée. On peut peser des fruits et des légumes ; on ne pèse pas la souffrance. Et nous sommes, paraît-il, très inégaux en face d'elle. Telle personne va développer une dépression parce que son canari est mort ; telle autre parce que c'est son conjoint...
La douleur est sèche. Parmi les manifestations physiologiques qui s'annexent à l'angoisse, l'une d'elles est particulièrement pénible : la très grande fatigue qui plombe les semelles, bétonne la tête et leste les bras de lourdes valises.
Encore autre chose qui me vient à l'esprit, si vous me le permettez : l'apparence physique. On sait déjà, si on m'a lu en amont, le peu d'harmonie suscité par mon corps. Voici que, sous l'effet du regain d'intérêt y afferent porté par mes assaillants, il va se donner "corps et âme" à la boulimie. Résultat : j'ai du ventre, des bajoues et un double menton. Et je ne supporte pas du tout cette image...
Mon visage porte le masque de l'angoisse. Je suis un chien sauvage, traqué, apeuré. Je suis un petit enfant qui a toujours peur d'être pris en faute. Où vais-je puiser la force de sourire, d'avoir un bon mot ? Je ne sais pas de quoi sera fait le prochain quart d'heure : voilà pourquoi j'ai du mal à me projeter dans le temps. Je "gère" impulsivement "l'immédiateté". Les obsessions surgissent sans crier gare.
Si mon visage n'est pas félon, mon timbre de voix ne l'est pas non plus. La voix se décline en tessitures "parlantes" : voix de rogomme dès potron-minet ; de fausset devant l'adversité ; chaude et chaleureuse dans les moments de sérénité. Et dans l'obtusion mentale propre aux névroses, elle s'altère et s'efface purement et simplement pour devenir mutisme.
Ce qui m'exaspère le plus, c'est que je ne peux pas donner libre cours à ma nature profonde. Il y a un manque de lien entre la volonté et l'action. "C'est de l'aboulie" disent les manuels foliotés de la folie.
Quelle est donc cette force qui m'empêche d'être moi-même ? Un esprit que ça arrangerait dirait qu'en pareille circonstance, il est envoûté. Ma vie est à portée de main. Qui retient mon bras ?
Où commencent les troubles de la personnalité, comme ceux du comportement ? Enfant, je me cachais souvent. Adulte, j'ai peur des gens, à l'état brut. C'est une maladie.
Bon.
C'est "de naissance" ou bien "ça m'est venu par la suite" ?
J'avance péniblement. Tout me coûte. Je force des portes en permanence. Je vis en plain brouillard mais "putain, que les éclaircies sont belles" !
Je repense aux belles choses de ma vie. Comme tous les grands timides, je suis capable (coupable ?) de grandes audaces : faire déplacer un grand spécialiste du SIDA pour une émission de radio ; mobiliser la compagne des îles Marquises de Brel, pour baptiser une salle des fêtes du nom du chanteur ; faire rencontrer encore des proches de Brel, désireux de se rencontrer depuis longtemps mais n'y parvenant pas ; faire en sorte qu'une ancienne artiste de cirque ne soit pas oubliée...
Je suis à la tête d'une ingérable névrose. Je ne suis pas assez fou pour qu'on m'enferme et trop pour vivre normalement. La souffrance est réelle et sous-estimée. On peut peser des fruits et des légumes ; on ne pèse pas la souffrance. Et nous sommes, paraît-il, très inégaux en face d'elle. Telle personne va développer une dépression parce que son canari est mort ; telle autre parce que c'est son conjoint...
La douleur est sèche. Parmi les manifestations physiologiques qui s'annexent à l'angoisse, l'une d'elles est particulièrement pénible : la très grande fatigue qui plombe les semelles, bétonne la tête et leste les bras de lourdes valises.
Encore autre chose qui me vient à l'esprit, si vous me le permettez : l'apparence physique. On sait déjà, si on m'a lu en amont, le peu d'harmonie suscité par mon corps. Voici que, sous l'effet du regain d'intérêt y afferent porté par mes assaillants, il va se donner "corps et âme" à la boulimie. Résultat : j'ai du ventre, des bajoues et un double menton. Et je ne supporte pas du tout cette image...
Mon visage porte le masque de l'angoisse. Je suis un chien sauvage, traqué, apeuré. Je suis un petit enfant qui a toujours peur d'être pris en faute. Où vais-je puiser la force de sourire, d'avoir un bon mot ? Je ne sais pas de quoi sera fait le prochain quart d'heure : voilà pourquoi j'ai du mal à me projeter dans le temps. Je "gère" impulsivement "l'immédiateté". Les obsessions surgissent sans crier gare.
Si mon visage n'est pas félon, mon timbre de voix ne l'est pas non plus. La voix se décline en tessitures "parlantes" : voix de rogomme dès potron-minet ; de fausset devant l'adversité ; chaude et chaleureuse dans les moments de sérénité. Et dans l'obtusion mentale propre aux névroses, elle s'altère et s'efface purement et simplement pour devenir mutisme.
Ce qui m'exaspère le plus, c'est que je ne peux pas donner libre cours à ma nature profonde. Il y a un manque de lien entre la volonté et l'action. "C'est de l'aboulie" disent les manuels foliotés de la folie.
Quelle est donc cette force qui m'empêche d'être moi-même ? Un esprit que ça arrangerait dirait qu'en pareille circonstance, il est envoûté. Ma vie est à portée de main. Qui retient mon bras ?
Qui retient mon bras ?"