4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 20:00
"Devant : un profond ravin.
Derrière : un ours en colère.

Juste devant moi, un profond ravin ; juste derrière, un ours en colère que tout porte à croire que je lui ai volé son miel ; de part et d'autre des arquebusiers, toutes flèches tendues.
Je suis cerné.
Cette image illustre l'état de paralysie dans lequel me plonge la névrose. Lorsque cette scène n'est pas "objectivement" vécue, elle est fortement redoutée. C'est l'anticipation de l'angoisse.

Les obsessions et leurs pendants, les compulsions, génèrent l'aboulie. Le schéma est le suivant : je n'entreprends rien parce ce que je vais connaître des compulsions.
Il est important de rappeler que les TOC sont épuisants.

Passé le plus tard possible, je quitte le bureau.
J'ai du mal à marcher. Je suis assiégé de doutes, de fatigue et d'angoisse. J'ai peur du vide. Déstructuré, j'ai du mal à imaginer mon corps inscrit dans l'espace. J'aimerais pouvoir m'écarter de moi-même et me regarder vivre. Les visages des passants semblent m'agresser, me reconnaître, m'en vouloir. TOUS LES GENS SEULS SONT DES GENS SUSPECTS. Je suis tourmenté par mes vieilles frayeurs thématiques. Avec ses accessoires : je suis oppressé, j'ai mal à la tête, j'ai mal au ventre, j'ai envie de vomir, j'ai trop chaud ou j'ai trop froid. Je suis un homme d'excès et de démesure. Je rumine. Je ressasse.

J'ai du mal à me concentrer : mon cerveau ressemble à une centrifugeuse. Et je me disperse. Les angoisses sont abyssales. L'esprit parasité de pensées nocives, de peurs irraisonnées. Sexe. Je "sadomasochise" clandestinement. Je vois des cuissardes et des fouets partout. J'achète une revue spécialisée, pour la jeter immédiatement après.
Aux soirs venus de déroutes et de routes déviées, je consulte une messagerie vocale. Des opinions s'échangent...
Se faire attacher et fouetter et aimer ça, quelle importance ?
Moi, je suis dans un courant alternatif : j'aime ça et ça m'angoisse. Fascination et répulsion.

J'ai longtemps cherché une image qui expliquerait ce qu'est une angoisse à ceux qui n'en ont pas : une bombe qui va exploser sous le cuir chevelu ; un gouffre ; des souris qui grignotent le cerveau...
J'ai longtemps cherché.
Je n'ai pas encore trouvé.

Fascination et répulsion"




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commentaires

J
Lecteur du bureau 004 : Ces "carnets" ont été rédigés en forme de "calmants". Je n'en donne ici qu'une version expurgée... Je les considère comme un "document", reflet d'une époque... <br /> J'ai sans doute un peu forcé le trait, joué la carte de l'histrion, et j'avoue avoir "cultivé" mes névroses et taillé mes névrosiers...<br /> Aujourd'hui, tu le sais, mon but est d'être édité.<br /> Je ne suis pas sorti indemne de cette "saloperie" (il n'y a pas d'autre mot) de TOC (et de ses complications)<br /> Pour ce qui est de Camille, je te donnerais des précisions "hors antenne"...
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L
Très très bon ce dernier bouquin ! le blog est très bon.<br /> J'en profite pour te livrer le fond de ma pensée pour t'avoir côtoyé quelques temps.<br /> Et bien, voilà : je te trouve moins malade que tu ne le dis. Bien sûr, tu m'expliqueras que tu dissimules. Ne serait ce pas simplement une question d'ego ? (oses répondre !)<br /> Par ailleurs, je n'ai pas bien saisi : qui est Camille ?<br /> Bien à toi<br /> Le lecteur biographe
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J
Aurora : J'ai trouvé ! Et lu avac attention. Ce genre de relation est très utile et rassurant pour nous autres, hypersensibles...<br /> Et votre phrase est tellement vraie : "C'est aussi difficile à vivre qu'à raconter parce que, même après, on croit qu'on est le (la) seul(e) au monde à qui ce soit arrivé."<br /> D'où la nécessité de parler pour exorciser...
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J
Aurora : impossible d'accéder à ce texte. Le moteur de recherche me dirige vers une autre adresse.
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A
Longtemps, j'ai fait des attaques paniques d'angoisse. Une horreur.<br /> Puis un beau jour, c'est passé.<br /> Mais c'est aussi difficile à vivre qu'à raconter parce que -même après- on croit qu'on est le (la) seul(e) au monde à qui ce soit arrivé.<br /> Je viens de vous retrouver un lien par un moteur de recherche, c'est un texte sur un blog qui m'avait beaucoup marquée il y a quelques années car je m'y étais entièrement reconnue:<br /> <br /> http://www.kozlika.org/kozeries/index.php/2005/09/27/320-je-n-y-pensais-meme-plus
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