6 décembre 2007
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"Je me souviens
du temps perdu.
du temps perdu.
Je me souviens du temps perdu. Et je vois la
cuisine, la table grise, la télévision, ma mère en face de moi, mon père à ma gauche, trop silencieux ou trop exaspérants. J'entends les longs silences suspendus au dessus des daubes, seulement
précédés des raclements de gorge de mon père qui indiquaient que, s'il fallait se mettre à table, c'était maintenant, là, tout de suite et pas dans huit jours. Et puis rien, des bruits de
mastications et de ruminations ; et surtout pas d'humour, un microclimat totalement dépourvu d'humour, chacun sur son verre -jadis de moutarde- bien distingué par Schtroumpf grognon,
Grand-mère Tartine et Caliméro. Et puis rien.
Ou plutôt si. Beaucoup, beaucoup d'angoisse quand, dans la télévision, aux nouvelles, on parlait d'un homme perdu qui avait tué ses parents ou violé une petite fille.
Cet homme perdu, c'était toujours immanquablement moi.
Il faut apprendre l'amour, le joli, aux enfants.
Tout dialogue est impossible, verrouillé.
J'aimerais pourtant dire que j'aime enfiler des bottes et me faire fouetter. Je voudrais une transparence totale ; pas de double-tiroir, double-porte, double-fond, double-vie.
Les tourments du sexe parasitent tout le champ de la pensée. Je crains, j'évite les situations d'échange et de convivialité.
Pour apporter la clarté et la transparence ; pour la preuve qu'une vie est celle d'un monstre, d'un crétin, d'une crapule ou d'un honnête homme, je propose ma solution : il faudrait s'installer dans un cinéma et visionner un film qui durerait la longueur d'une vie, un film d'une seule prise, sans coupure, en temps réel, un peu comme dans "La corde" d'Alfred Hitchcock. Il faudrait qu'une caméra assidue témoigne. Une caméra qui aurait fimé sans discontinuer, jour et nuit, à notre insu, avec des gros plans pour capter les sens et des champs-contrechamps pour les échanges, sans négliger la bande-son.
Il y aurait quelques longueurs mais nous aurions des surprises...
Ou plutôt si. Beaucoup, beaucoup d'angoisse quand, dans la télévision, aux nouvelles, on parlait d'un homme perdu qui avait tué ses parents ou violé une petite fille.
Cet homme perdu, c'était toujours immanquablement moi.
Il faut apprendre l'amour, le joli, aux enfants.
Tout dialogue est impossible, verrouillé.
J'aimerais pourtant dire que j'aime enfiler des bottes et me faire fouetter. Je voudrais une transparence totale ; pas de double-tiroir, double-porte, double-fond, double-vie.
Les tourments du sexe parasitent tout le champ de la pensée. Je crains, j'évite les situations d'échange et de convivialité.
Pour apporter la clarté et la transparence ; pour la preuve qu'une vie est celle d'un monstre, d'un crétin, d'une crapule ou d'un honnête homme, je propose ma solution : il faudrait s'installer dans un cinéma et visionner un film qui durerait la longueur d'une vie, un film d'une seule prise, sans coupure, en temps réel, un peu comme dans "La corde" d'Alfred Hitchcock. Il faudrait qu'une caméra assidue témoigne. Une caméra qui aurait fimé sans discontinuer, jour et nuit, à notre insu, avec des gros plans pour capter les sens et des champs-contrechamps pour les échanges, sans négliger la bande-son.
Il y aurait quelques longueurs mais nous aurions des surprises...
Un film qui durerait
la longueur d'une vie."
la longueur d'une vie."