14 décembre 2007
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DEUX COLONNES DE CUIR
Deux mains à plat sur le plancher, la tête basse,
Front au sol, corps plié comme une lettre recommandée,
En papier vergé, à expédier toutes affaires cessantes,
Au guichet des envois en souffrance
Je voyais briller
Deux colonnes de cuir.
Je sentais sous la pulpe de mes doigts
Deux colonnes de cuir,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Maçonne du plaisir, artiste du construire
le "A' dessiné de ses cuisses laissait luire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans la maison des éléphantasmes,
Le dédale des couloirs, l'enfilade des boudoirs,
Le bois crissant des chambres palatines,
Les fouets brillants de la cire d'abeille
Sont chauds de mains,
Et l'on entend, au bout d'un corridor,
Un alangui qui gémit.
La muraille des jambes rend impossible de fuir.
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans un trou du plancher,
Quelques écus dorment-ils ?
Et le buffet-dressoir, fier de ses ustensiles
Arbore de fières matières de buffet d'hier,
Le pourpre et l'écarlate ; le cramoisi et le rubicond,
Le coquelicot et la cardinalice.
Mon dos-chevalet accueille les zébrures,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Peintre de mon académie, en des formes cubiques.
Lorsque minuit sonne sur un talon-aiguille,
Et qu'il égrenne les secondes, les minutes et les heures,
Et qu'il est, hélas temps de quitter la demeure,
J'emporte dans ma tête, au moment du sortir
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Au paradis, vert latin,
J'y entendrai encore bruire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Joël Fauré
PS : Il n'est pas interdit d'avoir en tête, à la lecture de ces mots la mélodie de mon grand ami Claude Nougaro, que j'ai très bien connu "Quatre boules de cuir"...
------
BILLET D'HUMEUR
Je l'ai appris comme vous, Florent Pagny, (bonne voix ma foi ; belle gueule ; pas en échec) est un admirateur de la première heure de mon grand ami Jacques Brel, que j'ai très bien connu.
Bon.
Ne voilà-t-il pas que notre homme plante des chrysanthèmes avant même que le vieux Brel ait pu connaître ses trente ans de tombeau. Jacques Brel est mort à l'âge de 49 ans le 9 octobre 1978, à quatre heures trente du matin, chambre 305, à l'hôpital franco-musulman de Bobigny.
Il est sans aucun doute légitime de s'y référer.
Pourquoi donc cette hâte à vouloir célébrer le disparu ?
Suis-je jaloux ? Ai-je ourdi quelque commémoration opportune dans mon petit coin ? Suis-je grillé sur l'autel des grands messes auxquelles nous allons assister, dès le prochain automne ?
Que non ! Je pense à Brel tous les jours.
Mais je suis en droit de m'interroger.
Et la digestion de ce que j'ai lu ici ou là me laisse perplexe.
Que Florent Pagny, homme public, chanteur, fasse son métier ne me gêne pas. Ce qui me dérange plus, c'est le retentissement que j'en ai eu.
Je veux bien fermer les yeux, me boucher les oreilles, et me faire ma propre opinion.
Florent Pagny sort un disque avec 11 titres de Grand Jacques.
France 2 lui -leur ?- consacre une soirée demain.
"Ah ! je les vois déjà
Me couvrant de baisers
Et s'arrachant mes mains
Et demandant tout bas
Est-ce que la mort s'en vient
Est-ce que la mort s'en va ?
Est-ce qu'il est encore chaud
Est-ce qu'il est déjà froid ?"
Jacques Brel (Le tango funèbre)
JF
Front au sol, corps plié comme une lettre recommandée,
En papier vergé, à expédier toutes affaires cessantes,
Au guichet des envois en souffrance
Je voyais briller
Deux colonnes de cuir.
Je sentais sous la pulpe de mes doigts
Deux colonnes de cuir,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Maçonne du plaisir, artiste du construire
le "A' dessiné de ses cuisses laissait luire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans la maison des éléphantasmes,
Le dédale des couloirs, l'enfilade des boudoirs,
Le bois crissant des chambres palatines,
Les fouets brillants de la cire d'abeille
Sont chauds de mains,
Et l'on entend, au bout d'un corridor,
Un alangui qui gémit.
La muraille des jambes rend impossible de fuir.
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Dans un trou du plancher,
Quelques écus dorment-ils ?
Et le buffet-dressoir, fier de ses ustensiles
Arbore de fières matières de buffet d'hier,
Le pourpre et l'écarlate ; le cramoisi et le rubicond,
Le coquelicot et la cardinalice.
Mon dos-chevalet accueille les zébrures,
Maîtresse de céans, maîtresse de séance,
Peintre de mon académie, en des formes cubiques.
Lorsque minuit sonne sur un talon-aiguille,
Et qu'il égrenne les secondes, les minutes et les heures,
Et qu'il est, hélas temps de quitter la demeure,
J'emporte dans ma tête, au moment du sortir
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Au paradis, vert latin,
J'y entendrai encore bruire
Deux colonnes de cuir...
Deux colonnes de cuir...
Joël Fauré
PS : Il n'est pas interdit d'avoir en tête, à la lecture de ces mots la mélodie de mon grand ami Claude Nougaro, que j'ai très bien connu "Quatre boules de cuir"...
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BILLET D'HUMEUR
BREL
POURQUOI FLORENT PAGNY DEVANCE-T-IL L'APPEL ?
POURQUOI FLORENT PAGNY DEVANCE-T-IL L'APPEL ?
Je l'ai appris comme vous, Florent Pagny, (bonne voix ma foi ; belle gueule ; pas en échec) est un admirateur de la première heure de mon grand ami Jacques Brel, que j'ai très bien connu.
Bon.
Ne voilà-t-il pas que notre homme plante des chrysanthèmes avant même que le vieux Brel ait pu connaître ses trente ans de tombeau. Jacques Brel est mort à l'âge de 49 ans le 9 octobre 1978, à quatre heures trente du matin, chambre 305, à l'hôpital franco-musulman de Bobigny.
Il est sans aucun doute légitime de s'y référer.
Pourquoi donc cette hâte à vouloir célébrer le disparu ?
Suis-je jaloux ? Ai-je ourdi quelque commémoration opportune dans mon petit coin ? Suis-je grillé sur l'autel des grands messes auxquelles nous allons assister, dès le prochain automne ?
Que non ! Je pense à Brel tous les jours.
Mais je suis en droit de m'interroger.
Et la digestion de ce que j'ai lu ici ou là me laisse perplexe.
Que Florent Pagny, homme public, chanteur, fasse son métier ne me gêne pas. Ce qui me dérange plus, c'est le retentissement que j'en ai eu.
Je veux bien fermer les yeux, me boucher les oreilles, et me faire ma propre opinion.
Florent Pagny sort un disque avec 11 titres de Grand Jacques.
France 2 lui -leur ?- consacre une soirée demain.
"Ah ! je les vois déjà
Me couvrant de baisers
Et s'arrachant mes mains
Et demandant tout bas
Est-ce que la mort s'en vient
Est-ce que la mort s'en va ?
Est-ce qu'il est encore chaud
Est-ce qu'il est déjà froid ?"
Jacques Brel (Le tango funèbre)
JF