La responsable des fêtes terminées : Où étiez-vous et que faisiez-vous hier soir sur la plage qui va de dix-huit heures
trente cinq à minuit, via le crépuscule et la tombée des ténèbres ?
Le personnage tout rouge : Autant vous l'avouer tout de suite : si j'ai tué quelqu'un, c'est bien seulement le temps. Pour ainsi dire. Et puis, comme ça m'arrive quelquefois. Un
vrai massacre ! Suis allé voir barboter les canards dans un ru que j'aime bien au milieu de cognassiers et de peupliers qui ondulent sous le vent. Ai gagné la prairie. Suis allé caresser la
chevelure des herbes folles. Ai vu monsieur l'automne qui, avec mélancolie met l'ancolie aux pentes des fossés. Gentil, l'automne ! A l'orée des forêts, ai vu les crocs sévères des brabants
mordre la terre à pleines dents. A six reprises, les aiguilles se sont superposées : six occasions d'en vouloir au monde entier. Ai entendu les flonflons et les froufrous d'une fête cachée. A
trop fixer des yeux les cuivres luisants de l'orchestre que je ne voyais pas, me suis brûlé les yeux. Suis rentré éreinté dans ma mansarde. Ai pensé à elle...
La responsable des fêtes terminées : A elle ?
Le personnage tout rouge : Je l'admire et elle m'impressionne.
La responsable des fêtes terminées : Vous êtes tout rouge.
Le personnage tout rouge : Je vous remercie de me le rappeler. Un rien m'émeut.
(A suivre)