26 janvier 2008
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12:23
Un belvédère. Une échauguette.
Derrière la balustrade, on peut supposer un panorama.
Il fait bon. L'air est doux.
Il est une heure de l'après-midi.
Nous sommes le mardi de Pâques.
Un homme est accroupi près d'une flaque d'eau croupie où surnage une bouteille.
Une femme arrive.
La femme : (Désignant la bouteille :) Celle-là ?
L'homme : Oui.
La femme : C'était quoi ?
L'homme : Du sirop sans aucun doute. Et le message était là, en caractères devenus maigres sur du papier devenu gras.
La femme : On peut tout lire ?
L'homme : Juste quelques mots : "Tellement naufragés que..."
La femme : C'est très réducteur. Aucun autre indice ? Pas d'autre étiquette collée ailleurs pour que nous ne le soyons pas ?
L'homme : Pas le moins du monde. Vous savez bien qu'il est devenu difficile de coller une étiquette sans prendre le risque de se tromper.
La femme : Oui, c'est vrai. L'enquête s'annonce difficile. Vous n'avez pas une petite idée ?
L'homme : Moi, vous savez, je suis chargé de surveiller l'eau, pas ce qui y flotte dessus.
La femme : pourquoi m'avez-vous convoquée ?
L'homme : Je vous ai convoquée pour trois raisons. Vous êtes bien chroniqueuse au journal "La voix du Castrat" devenu "La voix de son Maître" ?
La femme : Oui.
L'homme : Je vous ai convoquée pour trois raisons. D'abord, je ne peux pas communiquer avec les miens et j'ai besoin de votre intermédiaire pour leur parler. Ensuite, en tant que peseur d'eau, j'ai le devoir de vous signaler que je viens de m'apercevoir que la Terre allait en manquer. D'eau. Ah ! Nous serons propres sans eau. Et enfin, accessoirement, je savais que cette bouteille à la mer ne vous laisserait pas indifférente.
La femme (La chroniqueuse) : Résumons-nous : en clair, ça va pas, vous ?
L'homme (Le peseur d'eau) : J'aurais bien voulu vous y voir à ma place. Je ne voudrais pourtant pas effrayer la chronique. Voyez-vous, ce qui m'inquiète dans la chronique, c'est la chronicité.
La chroniqueuse : Bon, mais moi, j'aime bien plaider les causes désespérées et m'impliquer dans l'insolite. Vous voyez, rien ne m'arrête. Ce n'est pas cette bouteille que je commence à prendre pour sérieuse qui va me rebuter. Pas plus que l'eau qui va manquer pour la remplir. Pas plus d'ailleurs que les choses que vous n'arrivez pas à dire à ceux qui ne veulent pas écouter.
Le peseur d'eau : Vous avez défendu des causes indéfendables. Mais sauriez-vous comme moi voir cette flaque d'eau ?
La chroniqueuse : Je vois cette flaque d'eau.
Le peseur d'eau : Et vous la voyez comme moi ?
(A suivre.)
Derrière la balustrade, on peut supposer un panorama.
Il fait bon. L'air est doux.
Il est une heure de l'après-midi.
Nous sommes le mardi de Pâques.
Un homme est accroupi près d'une flaque d'eau croupie où surnage une bouteille.
Une femme arrive.
La femme : (Désignant la bouteille :) Celle-là ?
L'homme : Oui.
La femme : C'était quoi ?
L'homme : Du sirop sans aucun doute. Et le message était là, en caractères devenus maigres sur du papier devenu gras.
La femme : On peut tout lire ?
L'homme : Juste quelques mots : "Tellement naufragés que..."
La femme : C'est très réducteur. Aucun autre indice ? Pas d'autre étiquette collée ailleurs pour que nous ne le soyons pas ?
L'homme : Pas le moins du monde. Vous savez bien qu'il est devenu difficile de coller une étiquette sans prendre le risque de se tromper.
La femme : Oui, c'est vrai. L'enquête s'annonce difficile. Vous n'avez pas une petite idée ?
L'homme : Moi, vous savez, je suis chargé de surveiller l'eau, pas ce qui y flotte dessus.
La femme : pourquoi m'avez-vous convoquée ?
L'homme : Je vous ai convoquée pour trois raisons. Vous êtes bien chroniqueuse au journal "La voix du Castrat" devenu "La voix de son Maître" ?
La femme : Oui.
L'homme : Je vous ai convoquée pour trois raisons. D'abord, je ne peux pas communiquer avec les miens et j'ai besoin de votre intermédiaire pour leur parler. Ensuite, en tant que peseur d'eau, j'ai le devoir de vous signaler que je viens de m'apercevoir que la Terre allait en manquer. D'eau. Ah ! Nous serons propres sans eau. Et enfin, accessoirement, je savais que cette bouteille à la mer ne vous laisserait pas indifférente.
La femme (La chroniqueuse) : Résumons-nous : en clair, ça va pas, vous ?
L'homme (Le peseur d'eau) : J'aurais bien voulu vous y voir à ma place. Je ne voudrais pourtant pas effrayer la chronique. Voyez-vous, ce qui m'inquiète dans la chronique, c'est la chronicité.
La chroniqueuse : Bon, mais moi, j'aime bien plaider les causes désespérées et m'impliquer dans l'insolite. Vous voyez, rien ne m'arrête. Ce n'est pas cette bouteille que je commence à prendre pour sérieuse qui va me rebuter. Pas plus que l'eau qui va manquer pour la remplir. Pas plus d'ailleurs que les choses que vous n'arrivez pas à dire à ceux qui ne veulent pas écouter.
Le peseur d'eau : Vous avez défendu des causes indéfendables. Mais sauriez-vous comme moi voir cette flaque d'eau ?
La chroniqueuse : Je vois cette flaque d'eau.
Le peseur d'eau : Et vous la voyez comme moi ?
(A suivre.)