Le peseur d'eau : Je connais un type formidable. Je ne le croise pas tous les matins, car il cache son visage chiffonné de fouine dans les ravines. Je ne le vois que le soir, au sortir de ces mêmes ravines que je dois surveiller. Il a fait baver trente-sept stylos pour écrire un livre, que vous avez peut-être lu : "Comme".
La chroniqueuse : "Côme" comme la ville ?
Le peseur d'eau : "Comme". Comme comme comme. Ne l'empêchez pas d'utiliser sa langue comme il l'entend.
La chroniqueuse : Ca le regarde !
Le peseur d'eau : Ca l'a regardé. Et à certaines heures, ça l'a trouvé attrayant.
La chroniqueuse : Regardez ! Dans l'eau, là. Ce que ni vous ni moi n'avions vu d'abord... (Elle désigne un coin de la flaque. Le peseur d'eau trempe sa main et en ressort le stylo qu'il essore.)
Le peseur d'eau : Un stylo ! Le stylo ! Une pièce à conviction. Un élément que nous pourrons verser quand il sera sec dans le dossier.
La chroniqueuse : De quelle couleur écrit-il ?
Le peseur d'eau : Il est vrai que nous en saurons un peu plus quand nous saurons comment il écrit. N'avez-vous rien sous la main pour l'inviter à jouer aux billes ?
La chroniqueuse : Sous la main, j'ai ma paume. Ca ira ?
Le peseur d'eau : Les temps sont durs.
La chroniqueuse tend sa main ;
le peseur d'eau s'en saisit et y écrit dessus.)
La chroniqueuse : Ah ! Vous me chatouillez.
Un homme arrive.
La chroniqueuse retire vivement sa main.)
(A suivre.)