L'homme : Monsieur, je vous demande pardon de vous déranger au moment où vous demandiez la main. Je suis marchand de parapluies et je viens vous demander si vous n'en voulez pas ? C'est urgent.
La chroniqueuse : Nous ne nous demandions pas la main.
Le peseur d'eau : Il ne pleut pas.
L'homme (Le marchand de parapluies) : Allez ! On ne me la joue pas aussi facilement, à moi. Je suis né de la dernière pluie : ça fait longtemps. Et je viens vous dire qu'il va enfin pleuvoir d'ici très bientôt. Grande nouvelle, non ?
Le peseur d'eau : Savez-vous à qui vous parlez, monsieur le marchand de parapluies ? Vous parlez présentement à un peseur d'eau. Et vous savez aussi pertinemment que moi que nous allons en manquer, de cette eau qui nous faisait survivre, vous et moi et quelques autres. Nous sommes de la même trempe. A vous non plus on ne vous comprend pas et vous êtes aussi grotesque que moi quand vous vous escrimez à proposer des choses dont personne ne veut.
Le marchand de parapluies : Ventre-Saint-Gris et Ventrebleu !
Le peseur d'eau : J'ai appelé madame, chroniqueuse à "La voix du castrat" devenu "La voix de son maître" pour lui expliquer tout ça, entre autres.
Le marchand de parapluies : Madame... (Après un moment de gêne et de perplexité, se ravisant.) Ventre-Saint-Gris et Ventrebleu ! Et moi, je ne vous
crois pas. Et moi, je ne veux pas vous croire, et je me comprends.
Le peseur d'eau : Vous voyez cette flaque ?
Le marchand de parapluies : Ma foi, oui. Ce cloaque glauque a un visage familier. Mais je préfère le voir sous la pluie. La pluie donne à ce nid de poule mouillée la chair de poule tout aussi
mouillée. Ce qui ne saurait tarder puisqu'il va pleuvoir.
Le peseur d'eau : Ce cloaque glauque ? Vous avez bien dit : "ce cloaque glauque" ? Vous ne voyez pas cette flaque comme nous ?
(A suivre.)