4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 13:07

L'homme : Je n'y avais d'abord prêté aucune attention, mais maintenant que vous me l'avez montrée du doigt, elle prend une toute autre coloration.

La chroniqueuse : Donc, vous la voyez comme il faut la voir : aux noces de vilains petits canards, ces joyeux tétards en ribote. Et ces laborieux dauphins remettant de l'huile de coude dans les rouages d'une robote assujettie à ne plus rouler des mécaniques. Et ce loup vu par une loupe. Et ce dragon, tenu par sa dragonne qui ne sont pas à la fête du tout. Tiens, ça, n'est nouveau : et cette mouette rieuse sur un saule pleureur. Et ces grenouilles, dans cette grenouillère, montrant leurs cuisses à en faire rougir un escadron de gourmets carabins. Et là, débordé, cet agent limitateur de participes présents, passés, pressants et pressés. Et cette abeille, piquant la haute tige d'une botte de cuir déjà piqué. Et ces bourdons, ne sonnant rien du tout parce que dans le doute entre Pâques, Noël, La Trinité et la Mi-Carême. Bien...

Le peseur d'eau : Bien. Oui, bien. Mais d'abord, qui êtes-vous, monsieur ?

L'homme : J'étais fabricant de bottes qui dépassent le genou et je vous donne un merle blanc si vous devinez où ça m'a conduit.

Le peseur d'eau : Ca vous a conduit autour de la Terre. Vous étiez fabricant de bottes qui dépassent le genou -et je ne vous arrive pas au talon. Vous en aviez fabriqué sept paires, de bottes qui dépassent le genou, et vous alliez fabriqer la huitième quand vous vous êtes aperçu qu'elles présentaient un défaut de fabrication : elles n'étaient pas à la bonne hauteur des circonstances. Vous vous êtes juré de retrouver les porteuses et les porteurs des bottes concernées qui devaient marcher en sept lieux différents du Monde. Oui, mais où ? Vous avez presque fait le tour de la Terre, puisqu'à ma connaissance vous n'êtes pas parti d'ici, et que moi, j'y suis né et y suis resté, et avant tout-à-l'heure, je ne vous avais jamais vu. Oui, mais la Terre est vaste. Vous saurez sans doute nous dire si vous n'avez pas retrouvé personne.

L'homme (Le fabricant de bottes qui dépassent le genou) : Ah, ben, merle alors !

Le peseur d'eau : Vous n'avez retrouvé personne. Vous auriez pourtant voulu leur dire comme personne à personne : "Ces bottes ne sont pas à la bonne hauteur des circonstances ; elles ne sont pas assez hautes."

Le fabricant de bottes qui dépassent le genou : Merle alors ! Il est donc écrit sur mon front que je suis à la recherche de mon passé ?

Le peseur d'eau : Aussi vrai que je voulais écrire sur la main de madame ce que nous allions pouvoir devenir. Laissez vos bottes au vestiaire et aidez-nous à finir cette phrase : "Tellement naufragés que..." Bien que, pour ce qui est de la recherche de paternité, vous n'ayez pas vraiment fait vos preuves, en ce qui vous concerne.

Le fabricant de bottes qui dépassent le genou : Comment avez-vous su ?

Le peseur d'eau : Ne cherchez pas.

(A suivre.)

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

BIENVENUE

ESPACE LITTERAIRE ET EROTIQUE
Soyez les bienvenus sur cet "égoblog",
petit jardin virtuel.

N'oubliez pas, quand même, d'aller vous aérer.

"Vivre,
c'est passer d'un espace à un autre
en essayant le plus possible
de ne pas se cogner."

Georges PEREC



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Recherche

Liens