La chroniqueuse : Ecoutez plutôt : (Elle lit ce qu'elle vient d'écrire sur le magazine.) Il était environ une heure de l'après-midi, hier, mardi de
Pâques -ou peut-être de Noêl-. Un individu, de type européen, peseur d'eau de son état, a fait une étrange découverte dans une flaque située de telle manière qu'habituellement personne n'y prête
grande attention. Cette flaque avait été choisie par un couple de canards de barbarie, désireux d'y célébrer leurs noces. Alors qu'il pratiquait des dosages de liquide, l'homme aperçut,
surnageant sur les flots, une bouteille contenant un message de détresse ainsi libellé : "Tellement naufragés que...", la suite étant illisible. Aussitôt dépêchée sur les lieux, l'une de nos
équipes a recueilli le témoignage du peseur d'eau. En l'espèce, il ressort que ce dernier, enchanté que des journalistes fussent là, en profita pour déclarer qu'il n'était compris de personne et
que cette péripétie, accident de la routine, n'allait rien arranger. En outre, il précisa que la Terre allait manquer d'eau en outre.
Une enquête officieuse fut aussitôt ouverte. On eût tôt fait de retrouver le stylographe ayant servi, selon toute vraisemblance, à rédiger le message. Les démarches effectuées en ce sens pour
confirmation se sont soldées par des échecs. Faute de place, et vu l'abondance des matières, nous ne pouvons détailler les rebondissements et les ricochets de l'affaire qui en jalonnèrent le
cours. C'est alors que survint un second drame dans le drame : les canards et les invités de leurs noces, instruits de la présence d'un petit cours d'eau tout proche, voulurent y terminer leurs
épousailles. Malgré qu'on leur eût dit qu'ils ne devaient quitter la place, considéres à juste titre comme des témoins oculaires importants, les palmipèdes s'insurgèrent et le conflit qui
s'ensuivit, d'où ils sortirent vainqueur, leur permit de s'aller festoyer et poursuivre ribote dans le petit ruisseau convoité.
A l'heure où nous mettons sous presse, bien des questions restent posées. Il va de soit que cette énigme fera l'objet de nos prochaines chroniques.
Le peseur d'eau : Mais c'est formidable !
La chroniqueuse : Vous trouvez ?
Le peseur d'eau : Mais c'est formidable !
La chroniqueuse : Oh !
Le peseur d'eau : Mais c'est formidable !
La chroniqueuse : Oh !
Le peseur d'eau : Mais c'est formidable ! c'est vous qui avez écrit ça ? Avec ça ?