8 février 2008 5 08 /02 /février /2008 13:41

La chroniqueuse : Oui, c'est moi qui ai écrit ça. Avec ça.

Le peseur d'eau : Mais c'est formidable ! Alors, ça marche ! Le stylo, vous voyez bien qu'il marche.

La chroniqueuse (éberluée) : Tiens ! Ah, ça ! Ca !... Dois-je vous dire que je m'en étais pas rendue compte ?

Le peseur d'eau : Ah, ça, si vous êtes sincère, vous pouvez le dire.

La chroniqueuse : Je ne m'en étais pas rendue compte.

Le peseur d'eau : Compte-tenu du fait que vous ne vous en êtes pas rendue compte, pouvez-vous maintenant me confirmer de quelle couleur écrit ce stylo ?

La chroniqueuse : Ce stylo écrit noir.

Le peseur d'eau : Et de quelle couleur était écrit le message de détresse ?

La chroniqueuse : Noir. Nous avançons à grands pas.

Le peseur d'eau : J'allais vous devancer. Vous avez enfilé avant moi les bottes de sept lieues que ne retrouvera jamais le fabricant de bottes qui dépassent le genou puisque nous ne l'avons pas nous-mêmes retrouvés et que nous en avons retrouvé une paire avant lui. Bon, alors ce stylo écrit noir, aussi vrai que ce cognassier est seul dans ce coin.

La chroniqueuse : Vous étiez seul près de ce cognassier ?

Le peseur d'eau : Hélas, oui.

La chroniqueuse : Pourquoi hélas ?

Le peseur d'eau : Tous les gens seuls sont des gens suspects.

La chroniqueuse : Et qu'y faisiez-vous, tout seul, près de ce cognassier ?

Le peseur d'eau : ...

(La chroniqueuse invite le peseur d'eau à la suivre près du cognassier.
On les voit tous deux de dos.
Elle désigne le sol.)

La chroniqueuse : Qu'est-ce que c'est, ça ?

Le peseur d'eau : C'est un point de chute. Qu'est-ce que vous voulez prouver ? Vous faites diversion car vous êtes vexée d'avoir si bien écrit sans savoir avec quoi vous écriviez, et vous voulez me faire porter la casquette. Et moi, je suis amené à vous dire que vous vous dérobez pour n'avoir pas à comprendre. Vite ! Venez par là... (Il la ramène près de la berge du ru.) Vous voyez ce ru ?

La chroniqueuse : Je le vois.

Le peseur d'eau : Et vous le voyez comme moi ?

(A suivre.)

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commentaires

A
Belle question qui nous ramènerait quasiment à St Ex...<br /> Comment peut-on bien voir les choses si on ne les voit pas "avec le coeur" puisque "l'essentiel est invisible pour les yeux"?
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