Le brûleur de cageots : Ici ?
La femme qui fait ça en blanc : Pourquoi pas ? L'endroit est charmant. Et hautement symbolique. C'est une enclave ou un bout de servitude ? Ne me répondez pas. Il faut que ce soit un bout de servitude... Je vois là des traces de roues...
Le brûleur de cageots : C'est la moissonneuse-dateuse.
La femme qui fait ça en blanc : La moissonneuse-dateuse ?
Le brûleur de cageots : La moissonneuse-dateuse !
La femme qui fait ça en blanc : Celle que l'on entend ? (Elle se dirige côté jardin.) Magnifique champ de blé ! Merveilleux temps des moissons !
Le brûleur de cageots : Fantastique mièvrerie. D'Epinal... Vivent les marronniers glacés ! Il faut encore que je vous dise : ce champ est à tout bout de lui-même moissonné. Quand le conducteur de la moissonneuse-dateuse croit avoir tout achevé, il lui faut tout recommencer ! Ca repousse sans arrêt. Alors lui, pas fétu pour un grain, il moissonne... Ca commence à durer maintenant. Oui, ça fait une paille qu'il a les végétations.
La femme qui fait ça en blanc : Autre grande curiosité. Ca m'intéresse. Ca m'excite. Il ne se repose jamais ?
Le brûleur de cageots : Je crois qu'il n'est pas tout à fait dupe de ce qu'il fait. Il s'arrête "parfois-souvent". Il lit du Camus en cachette ! (Tout bas.) C'est un Camusard !
La femme qui fait ça en blanc : Vous le connaissez ?
Le brûleur de cageots : Bien sûr, il est du hameau.
La femme qui fait ça en blanc : Il faudrait souhaiter qu'il s'arrête. Qu'il ait une soudaine envie de lecture...
(Elle prend une photo de la moissonneuse-dateuse.)
(A suivre.)
AURORA 21/02/2008 00:43