24 février 2008
7
24
/02
/février
/2008
13:09
La femme qui fait ça en blanc : La notice ?
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Oui, la notice d'utilisation de la moissonneuse-dateuse. Le genre de chose qu'on lit dans l'urgence. Un peu comme ces lectures imposées de collège. Ces théories qui viennent quand la pratique se détraque et qu'elles ne peuvent pas dépasser. (Il agite la notice.) Il existe des analyses d'oeuvres supérieures aux oeuvres. Pour les lire, et y trouver de l'intérêt, il faut se sentir directement concerné. Depuis que j'ai perdu la raison, je ne comprends pas tout ce que je lis, ce que je fais, ce que je dis et ce qu'on me dit.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Vous n'avez pas perdu la raison. Si vous l'aviez perdue, vous ne le diriez pas. Le premier degré de la folie, c'est de croire qu'on n'est pas fou. Vous êtes un peu trop sensible, c'est tout.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Je souffre. Je souffre d'une souffrance intense et silencieuse. Je voulais avoir l'élégance de ne pas le signaler ; je suis tombé dans l'excès contraire.
La femme qui fait ça en blanc : Il me semble avoir déjà entendu ça quelque part.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Quand on mal, on le dit ; mais souvent, on le dit mal. Si vous saviez à quel point je souffre.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je ne le sais pas encore. Mais ça peut changer.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : ...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je ne vous connaissais pas jusqu'à ce jour. Je suis nouvellement installé. Vous, vous êtes capturé par votre tâche, ce qui explique que j'ai d'abord rencontré notre ami commun brûleur de cageots : il est plus exposé à la vue. Je ne sais pas à quel point vous souffrez, mais je peux le savoir...
Le brûleur de cageots : Oui, il peut le savoir. Cet homme est étonnant. C'est un inventeur. Il a inventé la machine à peser la souffrance. Il était excédé d'entendre : "Machin, lui, au moins, il a des raisons de ses plaindre." Vous montez dans sa machine et un chiffre s'affiche. Plus aucun moyen de douter, de se tromper...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je crois que vous en savez assez. N'y voyez pas là une offre promotionnelle de service. Si je peux simplement vous aider...
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : C'est le facteur-chance qui vous a placé sur ma route. Que faut-il faire ?
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : J'habite à deux pas d'ici. Il n'y a que le premier pas qui coûte et le dernier qui compte. On y va ?
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Allons-y !
(L'inventeur de la machine à peser la souffrance et le conducteur de la moissonneuse-dateuse se retirent.)
La femme qui fait ça en blanc : Attendez !
(Les deux hommes s'arrêtent.
La femme qui fait ça en blanc prend à bout portant une photo du conducteur de la moissonneuse-dateuse.
N'oubliez pas de revenir nous dire ce que disent les compteurs. Nous vous attendrons. Nous ne bougeons pas. Nous avons affaire ici. Quelque chose nous retient.
(Les deux hommes s'en vont.)
(A suivre.)
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Oui, la notice d'utilisation de la moissonneuse-dateuse. Le genre de chose qu'on lit dans l'urgence. Un peu comme ces lectures imposées de collège. Ces théories qui viennent quand la pratique se détraque et qu'elles ne peuvent pas dépasser. (Il agite la notice.) Il existe des analyses d'oeuvres supérieures aux oeuvres. Pour les lire, et y trouver de l'intérêt, il faut se sentir directement concerné. Depuis que j'ai perdu la raison, je ne comprends pas tout ce que je lis, ce que je fais, ce que je dis et ce qu'on me dit.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Vous n'avez pas perdu la raison. Si vous l'aviez perdue, vous ne le diriez pas. Le premier degré de la folie, c'est de croire qu'on n'est pas fou. Vous êtes un peu trop sensible, c'est tout.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Je souffre. Je souffre d'une souffrance intense et silencieuse. Je voulais avoir l'élégance de ne pas le signaler ; je suis tombé dans l'excès contraire.
La femme qui fait ça en blanc : Il me semble avoir déjà entendu ça quelque part.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Quand on mal, on le dit ; mais souvent, on le dit mal. Si vous saviez à quel point je souffre.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je ne le sais pas encore. Mais ça peut changer.
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : ...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je ne vous connaissais pas jusqu'à ce jour. Je suis nouvellement installé. Vous, vous êtes capturé par votre tâche, ce qui explique que j'ai d'abord rencontré notre ami commun brûleur de cageots : il est plus exposé à la vue. Je ne sais pas à quel point vous souffrez, mais je peux le savoir...
Le brûleur de cageots : Oui, il peut le savoir. Cet homme est étonnant. C'est un inventeur. Il a inventé la machine à peser la souffrance. Il était excédé d'entendre : "Machin, lui, au moins, il a des raisons de ses plaindre." Vous montez dans sa machine et un chiffre s'affiche. Plus aucun moyen de douter, de se tromper...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Je crois que vous en savez assez. N'y voyez pas là une offre promotionnelle de service. Si je peux simplement vous aider...
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : C'est le facteur-chance qui vous a placé sur ma route. Que faut-il faire ?
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : J'habite à deux pas d'ici. Il n'y a que le premier pas qui coûte et le dernier qui compte. On y va ?
Le conducteur de la moissonneuse-dateuse : Allons-y !
(L'inventeur de la machine à peser la souffrance et le conducteur de la moissonneuse-dateuse se retirent.)
La femme qui fait ça en blanc : Attendez !
(Les deux hommes s'arrêtent.
La femme qui fait ça en blanc prend à bout portant une photo du conducteur de la moissonneuse-dateuse.
N'oubliez pas de revenir nous dire ce que disent les compteurs. Nous vous attendrons. Nous ne bougeons pas. Nous avons affaire ici. Quelque chose nous retient.
(Les deux hommes s'en vont.)
(A suivre.)