1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 13:09
Le brûleur de cageots : Le vent se lève. Il va parler.

La femme qui fait ça en blanc :
S'il se rassoit, c'est la pluie qui renchérira.

Le brûleur de cageots :
En cas de besoin, nous pourrons toujours nous abriter dans ce refuge que vous voyez là, tout près. (Il désigne un point en coulisses.) Un abri de vigne, près de ce poirier tordu et sans âge. Il a un confort rudimentaire, mais bon... (Il regarde le ciel.) La nuit se penche. Elle va tomber.

La femme qui fait ça en blanc :
C'est pas de vous ?

Le brûleur de cageots : Pardon ?

La femme qui fait ça en blanc :
"La nuit se penche. Elle va tomber." C'est pas de vous ? Vous plagiez quelqu'un ?

Le brûleur de cageots :
Je ne sais pas. J'ai dû lire ça, un jour, quelque part. C'est le genre de phrase que l'on remarque, que l'on retient et que l'on replace...

La femme qui fait ça en blanc :
Un peu comme : "Demain, il fera jour. A chaque jour suffit sa peine. Demain, il fera soleil. Le soleil se lève pour tout le monde..." ?

Le brûleur de cageots : (Il regarde le ciel.) Y'a plus de saison. Avec tout ce qu'ils envoient là-haut. Sans espoir de retour.

La femme qui fait ça en blanc :
Oui, c'est vrai. Aussi vrai que la nuit succède au jour.
(Elle claque dans ses doigts ; rien ne se passe.
Voix plus affirmée et péremptoire :)
Aussi vrai que la nuit succède au jour.
(Elle claque dans ses doigts ; noir total sur le plateau.
Court silence.
Rafales de vent.)

Le brûleur de cageots : J'aime la nuit. J'aime ses senteurs, ses refuges, ses silences.

(Un trait brusque de lumière déchire l'obscurité ;
c'est la femme qui fait ça en blanc qui prend une photo au flash.)

La femme qui fait ça en blanc : Ah ! Qu'est-ce qui se glisse dans mon cou ?

(A suivre.)


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