8 mars 2008
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14:01
L'homme : Offf... Je ne vais pas vous faire un dessin. Un jour, dans la rue,
je croyais jeter mon mégot dans une flaque d'eau ; c'était une flaque de pétrole. J'étais distrait et subjugué par la vitrine d'une boutique de mon quartier. On m'a raconté qu'elle
avait été confectionnée il y a plus de vingt ans, à l'occasion des fêtes de Noël. Le boutiquier est mort dans la nuit du 31. La vitrine était tellement belle que plus personne, depuis,
n'avait voulu y toucher. "Ca aurait pu porter malheur" disait-on. On a fermé la boutique et voilà. On a brodé cent histoires cousues de fil blanc sur la personnalité mystérieuse du
boutiquier. On lui a prêté plusieurs manières de mourir. Une légende, c'est tenace. Certains même ont songé à l'exploiter. On a édité des cartes postales pour mieux plier boutique dans
l'enveloppe. Quelqu'un a voulu créer un pôle d'attraction payant autour... C'est terrible de n'être même plus propriétaire du seul regard permis. Tous les ans, à pareille
époque, la boutique était à l'heure, au goût du jour : le sapin qui a les boules parce qu'il s'est fait enguirlander, les anges, la crèche, l'étoile du berger. Et moi, Criiiiiiichhhh... J'y
ai mis le feu... J'en suis malade.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Et après ?
L'homme : Offf... Je ne vais pas vous faire un dessin. Je suis devenu tellement superstitieux que je n'ai plus rien fait. Les chèvres, la boutique, le 31 mai, tous les tableaux de travers... La scoumoune. La poisse. J'étais maudit. Je suis un raté, un mal démoulé, un pas cuit, un fini au pipi... Exceptionnel, tu parles... Je ne vais pas vous faire un dessin...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Si, justement, faites-moi un dessin.
(Il entraîne l'homme en coulisses.)
L'homme : (Il continue à parler ; son discours se perd en coulisse.) Une fois, j'aidais ma mère à porter une vieille barrière en bois sur une brouette. Ce jour-là, j'ai eu l'appendicite. C'est à cause de la vieille barrière qui...
(Noir côté cour.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance revient s'asseoir sur le socle de béton avec les autres.)
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Tout bien pesé, il m'a fait un dessin. Il a bien fait. Vous auriez vu le dessin ! Cet homme exceptionnel est devenu le plus grand aquarelliste de notre temps ! Ca vous a plu ?
La femme qui fait ça en blanc : Je n'ai pas vu ce qu'il a dessiné.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Non, mes petites histoires, ça vous a plu ?
(A suivre.)
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Et après ?
L'homme : Offf... Je ne vais pas vous faire un dessin. Je suis devenu tellement superstitieux que je n'ai plus rien fait. Les chèvres, la boutique, le 31 mai, tous les tableaux de travers... La scoumoune. La poisse. J'étais maudit. Je suis un raté, un mal démoulé, un pas cuit, un fini au pipi... Exceptionnel, tu parles... Je ne vais pas vous faire un dessin...
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Si, justement, faites-moi un dessin.
(Il entraîne l'homme en coulisses.)
L'homme : (Il continue à parler ; son discours se perd en coulisse.) Une fois, j'aidais ma mère à porter une vieille barrière en bois sur une brouette. Ce jour-là, j'ai eu l'appendicite. C'est à cause de la vieille barrière qui...
(Noir côté cour.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance revient s'asseoir sur le socle de béton avec les autres.)
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Tout bien pesé, il m'a fait un dessin. Il a bien fait. Vous auriez vu le dessin ! Cet homme exceptionnel est devenu le plus grand aquarelliste de notre temps ! Ca vous a plu ?
La femme qui fait ça en blanc : Je n'ai pas vu ce qu'il a dessiné.
L'inventeur de la machine à peser la souffrance : Non, mes petites histoires, ça vous a plu ?
(A suivre.)