L'homme : Bonjour. On m'a indiqué ici, à peine plus loin, un coin de pêche. Je me suis laissé dire que c'était poissonneux. Ca mord ?
L'infirmière : Ici, en ce moment, ça pince plutôt.
Le bleu : Qui êtes-vous, monsieur ?
L'homme : Pêcheur de pilchards, depuis trois générations.
Le bleu : Vous pouvez aller à la pêche. Mais faites en sorte de ne pas trop faire de vagues. Il y a un bateau en attendance qui ne sait pas trop où il va aller...
L'homme (Le pêcheur de pilchards) (A l'infirmière.) : Il est garde-pêche ou garde-côte ?
L'infirmière : Il attend la télé.
Le pêcheur de pilchards : Il aime bien se faire voir ?
L'infirmière : Oui, mais pas sous son meilleur profil.
(Le bleu, inintéressé par la conversation, s'est placé bien en face de la caméra de surveillance.
Il a sorti un peigne.
Il se peigne outrancièrement, avec tant de métuculosité, tant de compulsion que ça en devient ridicule.
Puis s'adressant au pêcheur de pilchards :)
Le bleu : Si vous voyez Artaud, dites-lui qu'il serre les dents pendant que je croise les doigts pour lui. Un jour, il sera enfin compris, si bien que l'on apprendra ses poèmes par coeur dans les écoles.
(Le pêcheur de pilchards s'en va.
Un temps.)
L'infirmière : Ils tardent à venir, les journaleux. Nous pourrions commencer sans eux. Voulez-vous que je vous entretienne ? J'ai pris quelques cours de journalisme. Je ne sais pas analyser. Par contre je sais synthétiser.
Le bleu : Dites-moi, c'est vrai ce qu'on dit sur vous ?
L'infirmière : Sur moi ?
Le bleu : Sur vous. Enfin, pas sur vous ; sur vous, les infirmières... Que, sous la blouse... (Geste évasif.)
L'infirmière : Ah ! oui ! C'est vrai ! Sous la blouse, il nous arrive parfois d'avoir des bleus... Ca vous met en confiance ?
(A suivre.)