30 mars 2008
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12:33
ACTE II
Décor inchangé.
L'infirmière, le bleu et le pêcheur de pilchards sont assis à même le sol, effondrés.
Le bleu : La vie, c'est comme une pièce de théâtre. Il y a des gens qui entrent. Il y a des gens qui sortent. Il y en a qui reviennent. D'autres qui restent. Il y a en qu'on...
L'infirmière : Je sais. Vous l'avez déjà dit. Vous devriez renouveler votre répertoire.
Le bleu : C'est l'histoire qui se répète, ce n'est pas moi. (Au pêcheur de pilchards :) Franchement, vous n'avez rien pu faire pour éviter l'accident ?
Le pêcheur de pilchards : J'ai assisté impuissant tout du long à la catastrophe. Je n'y suis pour rien, je vous le jure. Ca s'est passé très vite, si vite... J'avais bien remarqué que l'embarcation avait amorçé une manoeuvre de dégazage. Mais c'est plutôt courant une vidange en pleine mer. Les autorités ferment les yeux. Je me suis dit que les taches d'huile se confondraient avec celles que j'incorpore dans mes conserves. La coque a-t-elle heurté un écueil ? Je ne sais. Le temps était calme : pas de gros grain en vue. Le bateau s'est penché, s'est plié, s'est cassé ; il me faisait penser à ces jouets trop malmenés, sur les gondoles des boutiquiers, trois jours avant Noël. Il a coulé à pic, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ne restait plus en surface qu'une grandissante marée de bile noire qui se répandait...
Voix-off du haut-parleur : Vous écoutez la radio, il est "neuve" heure. Les dernières actualités, par le speaker de permanence.
Le bleu : C'est l'heure des infos-frères. Voyons ce qui se dit...
Voix off du haut-parleur : On vient de l'apprendre : un navire d'une compagnie privée, "Le Taciturne Mélancolique", a fait naufrage au large d'un plan d'eau dont on ignorait jusqu'à ce jour l'existence, non répertorié sur les cartes, mais qui risque fort de devenir tristement célèbre. On igonre encore les causes du drame. Les premiers secours vont se rendre sur place, mais ici, à la rédaction, nous sommes persuadés qu'il n'y a pas de survivants. Le bâtiment était un vraquier mixte, avec un fret de roudoudous et de sucreries. Les risques de marée de bile noire ne sont pas à exclure. Les conséquences sur la faune et la flore des côtes et de la bouche, qui sont sujettes à évolution, ne seront quantifiables, comme en pareil cas, que bien plus tard, en tenant compte de ce qui devra être tenu caché. Nous reviendrons sur les circonstances de cette catastrophe dans nos prochains journaux parlés. Et maintenant, voici nos réclames : "Galeries Barbès. tout doit disparaître aux galeries Barbès. Buffet campagnard gratuit. Galeries Barbès, 55, boulevard Barbès, Paris".
(Une femme et un homme arrivent.
La femme tient un micro dont le fil se perd en coulisses ; elle doit le tendre un peu pour parvenir jusqu'au centre du plateau.
L'homme a une caméra à l'épaule.
Ils se dirigent vers le bleu.)
(A suivre.)
L'infirmière, le bleu et le pêcheur de pilchards sont assis à même le sol, effondrés.
Le bleu : La vie, c'est comme une pièce de théâtre. Il y a des gens qui entrent. Il y a des gens qui sortent. Il y en a qui reviennent. D'autres qui restent. Il y a en qu'on...
L'infirmière : Je sais. Vous l'avez déjà dit. Vous devriez renouveler votre répertoire.
Le bleu : C'est l'histoire qui se répète, ce n'est pas moi. (Au pêcheur de pilchards :) Franchement, vous n'avez rien pu faire pour éviter l'accident ?
Le pêcheur de pilchards : J'ai assisté impuissant tout du long à la catastrophe. Je n'y suis pour rien, je vous le jure. Ca s'est passé très vite, si vite... J'avais bien remarqué que l'embarcation avait amorçé une manoeuvre de dégazage. Mais c'est plutôt courant une vidange en pleine mer. Les autorités ferment les yeux. Je me suis dit que les taches d'huile se confondraient avec celles que j'incorpore dans mes conserves. La coque a-t-elle heurté un écueil ? Je ne sais. Le temps était calme : pas de gros grain en vue. Le bateau s'est penché, s'est plié, s'est cassé ; il me faisait penser à ces jouets trop malmenés, sur les gondoles des boutiquiers, trois jours avant Noël. Il a coulé à pic, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ne restait plus en surface qu'une grandissante marée de bile noire qui se répandait...
Voix-off du haut-parleur : Vous écoutez la radio, il est "neuve" heure. Les dernières actualités, par le speaker de permanence.
Le bleu : C'est l'heure des infos-frères. Voyons ce qui se dit...
Voix off du haut-parleur : On vient de l'apprendre : un navire d'une compagnie privée, "Le Taciturne Mélancolique", a fait naufrage au large d'un plan d'eau dont on ignorait jusqu'à ce jour l'existence, non répertorié sur les cartes, mais qui risque fort de devenir tristement célèbre. On igonre encore les causes du drame. Les premiers secours vont se rendre sur place, mais ici, à la rédaction, nous sommes persuadés qu'il n'y a pas de survivants. Le bâtiment était un vraquier mixte, avec un fret de roudoudous et de sucreries. Les risques de marée de bile noire ne sont pas à exclure. Les conséquences sur la faune et la flore des côtes et de la bouche, qui sont sujettes à évolution, ne seront quantifiables, comme en pareil cas, que bien plus tard, en tenant compte de ce qui devra être tenu caché. Nous reviendrons sur les circonstances de cette catastrophe dans nos prochains journaux parlés. Et maintenant, voici nos réclames : "Galeries Barbès. tout doit disparaître aux galeries Barbès. Buffet campagnard gratuit. Galeries Barbès, 55, boulevard Barbès, Paris".
(Une femme et un homme arrivent.
La femme tient un micro dont le fil se perd en coulisses ; elle doit le tendre un peu pour parvenir jusqu'au centre du plateau.
L'homme a une caméra à l'épaule.
Ils se dirigent vers le bleu.)
(A suivre.)