Le bleu (Son regard s'enfuit de l'autre côté de la vitre.) : Je vois un petit enfant qui joue avec un
petit bateau en papier avec une cargaison de feuillets pense-bête et de trombones lie-de-vin. Il va jouer près du bac à influençable. "Maman, les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des
hommes ?"
L'infirmière : Je vous ai bien suivi dans vos histoires, mais il y a une chose que je ne saisis pas : c'est votre passion pour les bateaux. Qu'est-ce que ça vient faire là ?
Le bleu : Vous ne comprenez pas ?
L'infirmière : Non.
Le bleu : Rassurez-vous, moi non plus.
(Le bleu s'approche de la caméra ; son image se reflète sur l'écran. Il se frotte le visage et se retourne.
Un temps.
L'infirmière s'approche du bleu ; ce dernier la regarde.)
Le bleu : Moi, je...
L'infirmière : (L'interrompant.) Vous, vous... (Le bleu va parler ; l'infirmière lui applique son index sur ses
lèvres.
Un temps.
L'infirmière retire son index.)
Le bleu : Mot.
L'infirmière : Venez... (Un temps.) Je vais vous montrer mes bleus.
Noir.
Rideau.
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PROCHAINEMENT SUR CET ECRAN
"CALANDRE" de Joël Fauré
Avec "Calandre", j'ai voulu approcher au plus près le cadeau empoisonné qu'est le secret de famille, et en déchirer avec le plus de délicatesse possible le
papier qui l'entoure.
Comment une voiture banalisée peut-elle devenir l'enjeu d'une quête au demeurant sans intérêt ?
Au cours d'un voyage immobile, un homme et une femme,
pourtant entravés dans leur manoeuvre par des êtres concupiscents, vont restituer à petites touches une histoire qui valait vraiment le déplacement.
JF