10 mai 2008
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La fille caramel : Le ciel s'assombrit. Le vieux beau ténébreux se renfrogne. Il va pleuvoir...
Le redevenu vert : Oui, il va pleuvoir... Vous avez cette fois-ci sans doute raison. Dans leur bocal, les grenouilles du bulletin météo sont toutes en haut de l'échelle. Je l'ai entendu tout-à-l'heure à la radio. Il n'y a plus que ça d'intéressant, les batraciens et la couleur du ciel. Si la bêtise n'est pas une science exacte, la météorologie l'est un tout petit peu plus. Et puis, hein, nous n'y pouvons pas grand chose. Contre les éléments, point de maîtrise. Natura rex.
La fille caramel : Voilà, le temps va changer : les hortensias passent du rose au bleu ; les giboulées et les averses font parler d'elles... C'est cabotin, la pluie, vous ne trouvez pas ? Moi, j'aime beaucoup ça. Pas vous ?
Le redevenu vert : Ca me met plutôt de bonne humeur. Ca me détend. Ca fait un joli bruit.
(Un temps.
Une main sort de l'embrasure de la fenêtre, se saisit du récepteur-radio et le rentre.
La fille caramel regarde le redevenu vert qui détourne le regard.)
Ecoutez le chant des rainettes qui acclament l'ondée... Elles ont élu domicile là-bas, dans une flaque, près d'une escargotière où, à l'heure qu'il est, on doit se payer du bon temps et se donner de la joie... Je vais parfois leur rendre une visite de courtoisie. J'emprunte un petit chemin ourlé de brome et de moutardiers sauvages. C'est un vrai plaisir. On y trouve, entre les touffes, des boutons de guêtre, plus connus sous le nom de petits parisiens. Ce sont de petits champignons à lamelles, très parfumés. Autrefois, naguère, jadis, il se pouvait les cueillir sans crainte. Mais maintenant, avec leurs produits pesticides et leurs désherbants, il faut se méfier... C'est comme les haies vives, qu'habitaient des espèces très jolies, très variées et très sympathiques ; où nidifiaient des oiseaux de paradis... Des cailles, des merles, des mésanges, des grives musiciennes... Les haies vives : crouiiiiiiiiiiiiccc ! On les a toutes arrachées. Tout ça me blesse. Mais ne me dévie pas de mon chemin. J'avance d'un bon pas. Je ne hurle pas avec la meute. Je suis du côté du gibier. Et quand j'arrive enfin près de l'escargotière, je n'aurais qu'une seule envie, c'est que les rainettes, les escargots, les canards et les cailles se mettent à parler pour qu'ils me disent ce qu'ils en pensent...
La fille caramel : Ainsi donc, vous n'étiez plus bien à la ville ; vous n'êtes pas bien aux champs... Vous avez des remords... Vous remordez ?
(Un temps.)
Pourquoi avez-vous quitté la radio ?
(A suivre.)
Le redevenu vert : Oui, il va pleuvoir... Vous avez cette fois-ci sans doute raison. Dans leur bocal, les grenouilles du bulletin météo sont toutes en haut de l'échelle. Je l'ai entendu tout-à-l'heure à la radio. Il n'y a plus que ça d'intéressant, les batraciens et la couleur du ciel. Si la bêtise n'est pas une science exacte, la météorologie l'est un tout petit peu plus. Et puis, hein, nous n'y pouvons pas grand chose. Contre les éléments, point de maîtrise. Natura rex.
La fille caramel : Voilà, le temps va changer : les hortensias passent du rose au bleu ; les giboulées et les averses font parler d'elles... C'est cabotin, la pluie, vous ne trouvez pas ? Moi, j'aime beaucoup ça. Pas vous ?
Le redevenu vert : Ca me met plutôt de bonne humeur. Ca me détend. Ca fait un joli bruit.
(Un temps.
Une main sort de l'embrasure de la fenêtre, se saisit du récepteur-radio et le rentre.
La fille caramel regarde le redevenu vert qui détourne le regard.)
Ecoutez le chant des rainettes qui acclament l'ondée... Elles ont élu domicile là-bas, dans une flaque, près d'une escargotière où, à l'heure qu'il est, on doit se payer du bon temps et se donner de la joie... Je vais parfois leur rendre une visite de courtoisie. J'emprunte un petit chemin ourlé de brome et de moutardiers sauvages. C'est un vrai plaisir. On y trouve, entre les touffes, des boutons de guêtre, plus connus sous le nom de petits parisiens. Ce sont de petits champignons à lamelles, très parfumés. Autrefois, naguère, jadis, il se pouvait les cueillir sans crainte. Mais maintenant, avec leurs produits pesticides et leurs désherbants, il faut se méfier... C'est comme les haies vives, qu'habitaient des espèces très jolies, très variées et très sympathiques ; où nidifiaient des oiseaux de paradis... Des cailles, des merles, des mésanges, des grives musiciennes... Les haies vives : crouiiiiiiiiiiiiccc ! On les a toutes arrachées. Tout ça me blesse. Mais ne me dévie pas de mon chemin. J'avance d'un bon pas. Je ne hurle pas avec la meute. Je suis du côté du gibier. Et quand j'arrive enfin près de l'escargotière, je n'aurais qu'une seule envie, c'est que les rainettes, les escargots, les canards et les cailles se mettent à parler pour qu'ils me disent ce qu'ils en pensent...
La fille caramel : Ainsi donc, vous n'étiez plus bien à la ville ; vous n'êtes pas bien aux champs... Vous avez des remords... Vous remordez ?
(Un temps.)
Pourquoi avez-vous quitté la radio ?
(A suivre.)