31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 12:14

Avec ces carnets, écrits dans l'urgence et la compulsion, j'ai voulu rebrousser ma route pour en comprendre les cahots.
Ce texte est né d'un premier jet et n'a subi aucune retouche.
Parce qu'il m'a semblé que mon expérience de vie pouvait avoir valeur de témoignage et servir de révélateur à d'autres, j'ai assez vite déblayé le scrupule de paraître narcissique ou exhibitionniste.

JF

"Tous les gestes sont trop chargés."

Laissez-moi passer ! Je veux retourner dans le ventre de ma mère ! C'est bien simple, le soir, après avoir consacré ma journée à l'essentiel -gagner ma vie- je ne peux plus rien toucher. Tous les gestes sont trop chargés. Une amie bretonne, empathique, décrit ainsi cet état : "La tête, pleine de douleurs et de chagrins, n'est plus disponible..." Toujours à propos des TOC, elle m'a écrit un jour : "On m'a conseillé de conscientiser mes actions."
Ecroulé de fatigue, après les divers cérémoniaux, je me réfugie dans mes draps, en position foetale.

Je n'ai pas la prétention de me substituer aux neurologues, mais je voudrais vous faire partager mes réflexions et observations.
Il se trouve que c'est notre tête -la salle des machines- qui nous gouverne. Dans le cerveau, il existe une zone qui est le siège de la pensée.
Très riche, ce bassin fourmille de toutes ces choses que nous avons engrangées depuis que nous sommes. Le cortex visuel associatif saisit les informations qui nous entourent pour les interpréter ensuite. Si, par exemple, vous voyez des petites masses vertes mobiles, vous vous dites : "Ce sont des feuilles". Vous croisez un visage dans la rue et vous dites : "Je le connais" ou "Il me semble avoir déjà vu ce visage quelque part."
Rentre ensuite en "jeu" un neurotransmetteur, que nous pourrions assimiler à un fil conducteur. Ce neurotransmetteur, qui répond au joli nom de sérotonine, est directement impliqué dans le cadre des TOC.

Ce dysfonctionnement, dans certains cas jaillisement, développement, explique que bien des obsessionnels versent dans la création artistique, avec plus ou moins de bonheur il est vrai ; mais la vivacité, la fécondité de leur imagination donnent de surprenants résultats.
La lecture des informations est brouillée par une vision "effet de miroir" ; l'esprit établit des résonances et brûle les étapes des stades de perception.

Depuis que Pierre Janet a parlé, dans sa nosographie, de folie raisonnante, nous, les "néo-névropathes", nous ne voulons plus de la fatalité, du psychiatre considéré comme un sphinx. Et, même si nous sommes demandeurs, du mauvais côté du bureau, nous avons notre mot à dire. Nous sommes capables d'auto-analyses et de finesses de contemplateurs de synapses !

Quant aux médecins, en qui on remet nos neurones, ils font ce qu'ils peuvent. J'en connais de bons. C'est pour tout pareil. Les psychiatres ne se déplacent pas en soucoupe volante et n'ont pas de baguette magique. Ils connaissent les mêmes confrontations à la vie que vous et moi. Tout doit se placer dans la confiance accordée à son thérapeute. Je dis parfois maintenant à qui veut m'entendre : Si vous le pouvez, liez-vous d'amitié avec un psy à la retraite. Vous avez tout à y gagner. Il vous accordera du temps. Sa pratique lui a permis d'entendre suffisamment d'histoires pour que l'une d'elles ressemble à la vôtre."
Ne prenez pas un psy de gauche si vous êtes de droite. N'ayez pas peur d'en changer si la couleur du papier peint de la salle d'attente ou de son cabinet ne vous convient pas.
Mais surtout, n'oubliez pas ces deux axiomes, assez parlants et profonds, je trouve : "Ne parlez pas de votre santé à un médecin : il pourrait vous asservir" et "Le névrosé construit des châteaux en Espagne ; le psychotique y habite, et le psychiatre encaisse le loyer."

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A
Ah! Ce retour, cette moisson de mots, ces carnets, quelle joie, quel plaisir...
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