"Dramatiques
conséquences."
Les troubles obsessionnels-compulsifs génèrent de dramatiques conséquences qui peuvent prêter à rire, après coup, dans les dîners.
Je retiens trois situations que je vous livre, comme d'habitude sans fard.
L'Etat a instauré, pour les véhicules en circulation depuis 5 ans, un contrôle technique obligatoire. Je n'ai rien contre, même si je considère que ça pénalise les "économiquement faibles". Ma
berline prolétaire a atteint la limite d'âge, et il faudrait que je me résolve à la présenter à ce contraignant conseil de révision. Il faudrait. Je ne peux pas. J'ajourne. Je remets. Je
procrastine. C'est pathologique. Pourquoi ? C'est trop bête. C'est plus fort que moi. Je suis malade d'être malade. Mais, une maladie, ça se soigne, me direz-vous...
Bref, un mauvais jour férié, un mauvais sort me fait arrêter par de très mauvais gendarmes. "Le contrôle aurait dû être fait depuis 6 mois." Oui, je sais. Je tente une explication,
à portée de compréhension sur les TOC, la difficulté à prendre une décision, etc...
Les pandores le prennent très mal et pensent que je me paye leurs têtes. Je suis vertement réprimandé et copieusement verbalisé.
Qui dira la solitude, la souffrance, la révolte contenue et l'incompréhension du névrosé obsessionnel en pareil cas ?
La voiture, toujours elle, moteur d'anxiété, sera au centre d'une deuxième mésaventure. On sait les rituels, les vérifications, les contrôles qu'elle impose. Un soir de grand
encombrement urbain, je vais la garer dans un parking un peu isolé, où patrouille régulièrement la police. Du reste, elle fait bien. Je cède "machinalement" aux hautes instances compulsives : ça
nécessite au moins trois tractions du poignet sur chaque portière et trois tours autour du véhicule. Je reconnais que ça peut paraître surprenant à qui n'est pas plus ample informé !
La ronde de police qui me regarde faire ne l'est pas non plus. Et naturellement, elle me prend pour ce que je ne suis pas, c'est-à-dire un type en train d'essayer de "piquer une
bagnole", de "se tirer une caisse", en flagrant délit d'effraction de vehicule !
Qui dira la solitude, la souffrance, la révolte contenue et l'incompréhension du névrosé obsessionnel en pareil cas ?
Ce soir-là, sur le parvis d'un théâtre, j'attends que les portes s'ouvrent pour assister au spectacle. J'ai besoin de soulager ma vessie. Pour éviter les compulsions inhérentes à la démarche
prévues dans les toilettes publiques (J'égoutte l'appareil un nombre malvenu de fois, plus qu'il n'est séant), je m'approche, dans un coin de la place, d'un des conteneurs-récupérateurs de verre.
A distance respectable, une cabine téléphonique... Je procède à l'évacuation du trop-plein de la boisson (oui, je sais, la miction est interdite sur la voie plublique, mais bon, hein... mécessité
fait loi) et sans trop ritualiser (décalottages, recalottages...), je m'éloigne.
Je suis très vite apostrophé par un homme, manifestement plein de rage qui me dit : "Tu as un problème ?" (Un problème ? Pensez-donc si j'en ai !) Je réponds sans convaincre : "Non,
pourquoi ?" "T'as pissé devant ma femme en train de téléphoner." Et brusquement, se jetant sur moi, il me saisit et me plaque contre une voiture stationnée là. Il utilise mon
écharpe qu'il serre autour de mon cou et me frappe avec violence. Je crie au secours. Je me hasarde à donner une explication. On me prend pour un satyre, un pervers, un exhibitionniste... tout ce
que je crains d'être... en pensée !
Qui dira la solitude, la souffrance, la révolte contenue et l'incompréhension du névosé obsessionnel en pareil cas ?