21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 20:09

"Jusques en haut des cuisses
Elle est bottée
Et c'est comme un calice
A sa beauté."
Serge Gainsbourg (Initials BB)


PERSONNAGES

L'Employé aux Ecritures
La "Botteresse"
La Permanente de Fonction
Le Fournisseur de pneus des Autocaristes


PREMIER ACTE

Nous pourrions envisager :

Cet endroit semble être un lieu public, un de ces lieux de transit tels un hall de gare, un local administratif, une agence...

Un perroquet, dénué de tout effet vestimentaire.
Une cabine téléphonique.

Une table est encombrée de trois boîtes à chaussures et d'un jeu de cubes.

Un homme est attablé et joue avec ledit jeu.

Il construit un petit mur.

Dehors, c'est Carnaval...


L'homme :  Je ne sais plus quand les choses se sont décalées. Je sais seulement à quel moment elles sont basculé. (A la défaveur d'un faux mouvement, le petit mur s'écroule.
L'homme balaie rageuseusement de la main les cubes qui tombent à terre, en fracas.
Il ouvre une boîte à chaussures, en sort une liasse d'images.)
Autant le dire sans jambages, ma collection me fait abonder. Je suis fétichiste des bottes en cuir qui dépassent le genou. (Il regarde quelques illustrations puis relève la tête.) J'ai passé mon enfance avec une petite fille, à peu près de mon âge. Un jour, en jouant, je suis tombé le nez à terre, la tête entre ses bottes : une sensation forte, agréable, insoupçonnée...

(Un temps.
Silence.

Une femme s'approche en fumant.
Elle porte des bottes qui dépassent le genou.
Elle se dirige vers la cabine téléphonique, y entre, compose un numéro qui n'en finit pas et se pend au combiné.

L'homme regarde la femme.)

Elle vient ici tous les jours à la même heure se mettre en vitrine. Les tarses calés dans des bottes carénées comme des paquebots de croisière. Bottes magnifiques. Charme mystérieux. Fume beaucoup. Boit tout autant les paroles de son mystérieux interlocuteur. Si elle agit comme d'habitude, voici ce qui va se passer : elle va raccrocher, elle va venir ici, juste derrière moi éteindre sa cigarette de la semelle de sa botte et va tourner les talons. Je me lèverai, j'irai sauver la relique, redonner un peu de rondeur à ce pauvre mégot écrasé, à la marbrure ourlée de son rouge à lèvres : il y a là quelque chose de sa bouche...

(La femme raccroche, fait quelques pas jusque derrière l'homme, écrase la cigarette de la semelle de sa botte et tourne les talons.
L'homme se lève, ramasse le mégot, lui redonne de la rondeur, le hume, et revient à sa table.
D'une boîte à chaussures, il retire un flacon déjà à demi rempli de mégots, l'ouvre et, avec respect et minutie, y dépose le dernier rebut de cigarette en date.

Une femme en tablier de nylon bleu, plus tout à fait toute jeune, s'approche, pelle et balai en mains.
En panique, l'homme range le flacon.
La femme balaie les cubes.)

(A suivre.)

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commentaires

A
J'aime bien ce mot "botteresse" qui sonne comme "doctoresse" ou "notairesse", ces noms si rares...<br /> Pourtant, "essa" est l'un des suffixes féminins de profession italiens les plus répandus, contrairement à la France...
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J
Alba, je suis confus et je rage... J'ai malencontreusement effacé votre commentaire. Il disait : "Si j'ai bonne mémoire, cette petite fille était italienne !!!"<br /> ... Et je vous répondais, maladroitement, que puisque nous étions "entre nous" et qu'il y avait "prescription", elle s'appelait Fabiola. Elle est retournée vivre dans "la Botte" où elle est née !!!<br /> Grazie, Alba.
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J
"Si j'ai bonne mémoire, la petite fille était italienne !!!" était votre commentaire exact !!!
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J
Alba, je suis confus et je rage... J'ai malencontreusement effacé votre commentaire. Il disait : "Cette petite fille était d'origine italienne ?"<br /> Et je vous répondais, très maladroitement, que puisque nous étions "entre nous", et qu'il y avait "prescription", elle s'appelait Fabiola. <br /> Elle est retournée vivre dans la "botte" où elle est née.
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J
Je souris, Alba, je souris. Allez, je lâche une confidence, puisque nous sommes "entre nous" et qu'ici je suis transparent : elle s'appelait (et s'appelle toujours sans doute) Fabiola. Je n'en ai pas croisé une seconde sur le chemin de ma vie...<br /> Grazie, Alba.
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